loloherrera a écrit : ↑10 juil. 2021, 18:29
Alors, on y revient ?
On peut bien évidemment pas refaire l'Histoire, mais lançons le débat...
Certes, Delgado a "bénéficié" de son retard du prologue en partant sous de meilleures conditions climatiques lors du CLM de Rennes...mais tout de même, je vois pas comment l'espagnol aurait pu être battu à la régulière sur ce Tour.
Capable de plus que limiter en chrono, c'était le plus fort en montagne. Et il n'aurait pas eu à se dévoiler aussi tôt lors de la grande étape pyrénéennes, où il a peut-être laissé des forces pour les Alpes.
Bref, pour moi, il était largement en course pour la gagne.
Attention, je ne dis pas que Delgado n'aurait pas été dans la course à la victoire sans sa boulette du prologue. Compte tenu de sa position finale (3e) et de son retard sur Lemond (3'34) malgré les 2'40 qu'il a laissé en route le jour du prologue, il n'y a pas de débat sur le fait qu'il aurait été un client pour la gagne.
Là où il y a débat en revanche au sujet de ce Tour 1989, c'est sur la question de savoir qui était le plus fort entre Lemond, Fignon et Delgado. J'ai souvent lu que Delgado aurait gagné ce Tour de France sans son faux-départ. C'est avec cette affirmation que je ne suis pas d'accord.
A mes yeux, Delgado n'a justifié son statut de meilleur grimpeur du monde ni dans les Pyrénées, ni dans les Alpes. Dans les Pyrénées, son retard l'a obligé à courir contre-nature en lançant une offensive lointaine dans l'étape de Superbagnères. Dans ce registre, il est battu pour l'étape par Millar qui s'était pourtant lancé à l'attaque avant lui. Quant aux Alpes, Delgado est clairement dominé par Fignon. Le Français a une mauvaise journée dans l'étape de l'Izoard, mais ce jour-là, on oublie que Delgado est incapable de distancer Lemond. Le lendemain, il s'accroche très difficilement à Fignon dans l'Alpe avant d'être nettement devancé dans l'étape arrivant à Villard-de-Lans.
Globalement, il me semble donc que le Delgado du Tour 1989 était moins fort en montagne que celui des éditions 1987 et 1988, ce qu'incarne sa performance relativement moyenne sur le chrono d'Orcières où il était favori. Fignon et Lemond étaient certes limites dans les Pyrénées mais, si Delgado n'avait pas accumulé autant de retard, je pense qu'il se serait contenté d'une attaque dans le final de l'étape et n'aurait pas fait de grosses différences. Avec les chronos et la forme de Fignon dans les Alpes, il me semble que le Français aurait pu battre l'Espagnol.
Car par moi, celui qui a perdu ce Tour de France alors qu'il avait tout pour le gagner, c'est Fignon. S'il a connu de mauvaises journées et était moins fort sur l'ensemble de l'épreuve qu'en 1984, il a aussi sorti des performances de tout premier plan. Sa victoire à Villard-de-Lans est le plus bel exploit de cette édition. Son panache avec Mottet sur la route de Marseille témoigne aussi de sa grande condition physique au milieu d'une année 1989 exceptionnelle pour lui.
Puisqu'on s'amuse à refaire l'histoire, je pense que sans sa blessure à la selle dans les derniers jours, il gagnait sans problème ce Tour de France et que la question "Delgado aurait-il gagné sans sa boulette du prologue ?" ne se serait même pas posé !
Quoi qu'il en soit, ce qui est certain, c'est que l'erreur de Delgado aura eu une très grande influence sur le déroulement de ce Tour et qu'il est bien difficile d'imaginer à quoi il aurait ressemblé avec un Perico plus proche de ses 2 rivaux au général.