17ème étape
LOURDES – PAU,
150 km,
Mercredi 18 juillet 1990.
Température douce et grisaille.
Tracé vraiment
Le sommet de l’Aubisque se situe à 110 km de l’arrivée (rien que ça), et celui de Marie-Blanque à plus de 70 ; 3 petites côtes égayent la fin du parcours.
Regardez-moi ce beau profil, si ce n’est pas beau :
Pas trop de bataille pour l’échappée aujourd’hui, le bon coup part d’entrée avec 17 coureurs :
Brun et Colotti (RMO), Bauer (7-Eleven), Da Silva et Maechler (Carrera), Duclos- Lassalle (qui est chez lui) et Kvalsvoll (Z), Ekimov (Panasonic), De Clercq et Bruyneel (Lotto), Mauri (Once), P. Simon (Castorama), Van der Poel et Robeet (Weinmann), Vargas (Postobon), Biondi (Histor) et Konyshev (Alapha-Lum).
On retrouve des noms de coureurs qui prennent souvent les échappées ces derniers temps.
Cassani (Ariostea), Alonso et Dominique Arnaud(Banesto), Hodge (Once), Le Clerc (Toshiba) et Montoya (Postobon) forment un contre et rentrent sur la tête de course dès le bas de l’Aubisque.
23 coureurs en tête, le peloton laisse faire.
En tête de la course, dès les premières pentes de l'Aubisque, le colombien Vargas attaque, personne ne peut ou ne veut le suivre et l’échappée se coupe en plusieurs morceaux; c’est Van der Poel qui souffre le plus et qui va être vite repris par le peloton.
Vargas passe au sommet seul en tête avec 1'07" d'avance sur Montoya son coéquipier qui a contré, 1'24"sur la première partie de l'échappée avec Konyshev bien en forme, Colotti, Bruyneel, P.Simon, Kvalsvoll, Bauer, Robeet, Arnaud, Alonso et Biondi et 6'55"sur le peloton qui a monté l’Aubisque à un tempo très lent (même les sprinteurs dont Ludwig sont encore là), bel escamotage, mais pas très surprenant si loin de l’arrivée
Vargas est rejoint dans la descente. Regroupement en tête de course, il manque en plus de Van der Poel, Frédéric Brun qui a été lâché.
À Laruns, Dominique Arnaud le landais, coéquipier de Delgado et d’Indurain, part seul, il aborde le col de Marie-Blanque dans cette position.
Il ne manque pas de courage mais est repris à mi-col par 4 coureurs qui se sont extraits du groupe ; Bruyneel, P.Simon, Montoya et Bauer.
Arnaud passera tout de même en tête au GPM.
Derrière, le peloton monte Marie-Blanque à un rythme un peu plus soutenu ; mais il n’y a pas d’attaques. La journée est morose en ce qui concerne la lutte pour le général.
Les leaders attendent le dernier chrono vraisemblablement.
Le grupetto se forme toutefois avec principalement les routiers-sprinteurs, mais aussi Roche, Rooks, Mottet et Pensec qui n’en peuvent plus.
Au sommet du col, abordé par son côté le plus facile, les Banesto puis Delgado accélèrent sans trop y croire. Chiappucci, Lemond, Lejarreta, Criquiélion suivent facilement ; la pente n’est pas très sévère. L’espagnol n’insiste pas ; les coéquipiers de Chiappucci, qu’on n’a jamais vu aussi présents, veillent au grain.
Et c’est là que se produit
l’évènement de cette journée un peu tristoune (la grisaille aidant à cette impression) ;
Greg Lemond crève dans le dernier km d’ascension alors que la course s’emballait très légèrement. Très mauvais moment car en raison du peloton qui a explosé, les voitures des DS sont loins.
Il est finalement dépanné mais passe le sommet avec une minute de retard sur le groupe des favoris.
Il se lance alors dans une descente à tombeau ouvert aidé par J.Simon, Cornillet et Boyer ses coéquipiers (qui ont du mal à le suivre, en réalité
).
Car devant, les Carrera et les Banesto roulent, ils n’ont pas attendu. Ils ne sont pas non plus au maximum, mais ça envoie bien tout de même.
C’est alors que Roger Legeay le DS de Z, décide de faire relever Duclos-Lassalle et Kvalsvoll, échappés devant depuis le début d’étape, qui étaient en train de revenir sur la tête de course.
Ce qui nous donne droit à une image insolite ; les 2 coureurs arrêtés sur le bas-côté et Duclos qui fait des petits aller-retours pour patienter.
Lemond, et son groupe (une vingtaine d'hommes), les rejoints au bout de quelques minutes.
Et après une vingtaine de km de poursuite intense sur des routes globalement en faux-plat descendant, le groupe Z rejoint le groupe maillot jaune. 50 coureurs environ dans ce peloton maintenant.
L’américain sera bien fâché à l’arrivée, contre Chiappucci surtout
Devant, 13 coureurs se regroupent à 44 km du but : Konyshev, Hodge, Bauer, Arnaud, Montoya, Bruyneel, Cassani, De Clercq, P. Simon, J.C Colotti, Le Clerc, Alonso et Biondi.
Les autres ont été repris, outre les 2 Z, soit dans Marie-Blanque soit dans la descente.
Le peloton est à 5' et coupe son effort, la gagne se jouera devant.
Bruyneel attaque dans la côte de Soust, à 23 km du but. Il est rejoint par un impressionnant Konyshev. Le groupe éclate derrière (Alonso et Leclerc sont repris par le peloton).
Le belge et le soviétique collaborent très bien et roulent fort, mais l’écart avec leur anciens compagnons d’échappée reste assez faible. Il sont 6, encore, en poursuite : Colotti, Bauer, P.Simon, Montoya, Cassani et Arnaud.
Bauer revenu très en forme, ayant apparemment bien récupéré de son intense début de Tour, se lance seul à la poursuite du duo de tête et revient à une poignée de secondes dans le dernier kilomètre.
Il va échouer de peu, et c’est Bruyneel et Konyshev qui se dispute le sprint pour la victoire.
Le russe, bien meilleur dans cet exercice bat largement le belge.
Première victoire pour un soviétique dans le Tour. C’est historique.
Et on est bien content pour Dimitri Konyshev, qui affiche une santé éclatante et est extrêmement actif depuis le début du Tour, et ce presque tous les jours.
On rappelle qu’il est le dauphin de Lemond sur les derniers championnats du Monde.
Lemond, bien énervé, voudra faire le sprint du peloton, mais il sera devancé par Indurain et Chiappucci.
CLASSEMENTS :
ETAPE :
1. Dimitri Konyshev (Urs) en 4h08'25" (moy : 36.229 km/h)
2. Johan Bruyneel (Bel) à 1"
3. Steve Bauer (Can) à 11"
4. Jean-Claude Colotti (Fra) à 32"
5. Davide Cassani (Ita)
6. Reynel Montoya (Col)
7. Pascal Simon (Fra) à 34"
8. Dominique Arnaud (Fra) à 53"
9. Laurent Biondi (Fra) à 2'59"
10. Peter De Clercq (Bel) à 3'38"
11. Stephen Hodge (Aus) à 3'39"
12. Miguel Indurain (Esp) à 5'31"
13. Claudio Chiappucci (Ita)
14. Pello Ruiz-Cabestany (Esp)
15. Greg LeMond (Usa)
16. Sean Kelly (Irl)
17. Massimo Ghirotto (Ita)
18. Claude Criquielion (Bel)
19. Gilbert Duclos-Lassalle (Fra)
20. Alessandro Gianelli (Ita)
GENERAL :
1. Claudio Chiappucci (Ita) en 73h41'46"
2. Greg LeMond (Usa) à 5"
3. Pedro Delgado (Esp) à 3'42"
4. Erik Breukink (Hol) à 3'49"
5. Marino Lejarreta (Esp) à 5'29"
6. Gianni Bugno (Ita) à 7'48"
7. Eduardo Chozas (Esp) à 7'49"
8. Claude Criquielion (Bel) à 8'40"
9. Andrew Hampsten (Usa) à 9'34"
10. Fabio Parra (Col) à 11'30"
11. Raul Alcala (Mex) à 11'48"
12. Miguel Indurain (Esp) à 13'09"
13. Fabrice Philipot (Fra) à 13'33"
14. Gilles Delion (Fra) à 14'58"
15. Pello Ruiz-Cabestany (Esp) à 16'24"
16. William Palacio (Col) à 17'03"
17. Thierry Claveyrolat (Fra) à 17'26"
18. Johan Bruyneel (Bel) à 17'35"
19. Roberto Conti (Ita) à 18'12"
20. Eric Boyer (Fra) à 18'46"
POINTS :
Olaf Ludwig (Rda)
MONTAGNE:
Thierry Claveyrolat (Fra)