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Modérateur : Modos VCN


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Par levrai-dufaux
#3401658
fred30 a écrit :
04 nov. 2021, 21:09
Ah pas mal !!
Mais non, ce n'est pas ça.
Tu as au moins visé la bonne décennie :wink:
J'avais hésité avec le Paris Roubaix 1949, ce qui m'a fait penser aux Italiens :wink:

Hâte de découvrir ton prochain texte :super:
Par fred30
#3402571
Pour une fois, j’ai décidé de mettre à l’honneur non pas une course palpitante, un feu d’artifice d’attaques, de tactiques audacieuses, de retournements de situation, mais bel et bien une journée en demi-teinte, qui aurait pu (certains diront aurait dû) connaître un aboutissement tout différent, surtout pour un des protagonistes qui connut là sa plus grande désillusion.
Si l’on y ajoute le fait que c’était aussi une dernière pour un grand du peloton, on comprendra aisément que cette course trouve sa place dans ce topic « la mémoire des courses ».

Tour de France 1959
- (1ère partie)

Favoris et outsiders au départ du Tour :

- Le vainqueur de l’an passé, Charly Gaul. Le luxembourgeois vient de remporter son second Giro en retournant la course l’avant-dernier jour, causant la perte de Jacques Anquetil alors porteur du maillot rose. Un duel intense.
- Jacques Anquetil, donc. Sorti très fatigué du Tour d’Italie achevé à la 2ème place, il s’aligne malgré tout sur le Tour de France. Il l’a gagné il y a deux ans pour sa première participation.
- Roger Rivière. Alors détenteur du record de l’heure, c’est son premier tour. Il est sélectionné au sein de l’armada bleue-blanc-rouge.
- Federico Bahamontes. L’aigle de Tolède est seul leader de son équipe nationale. Il est débarrassé de son éternel rival ibérique, Jesus Lorono.
- Ercole Baldini. Redoutable rouleur et auteur d’une saison 1958 remarquable : champion d’Italie, vainqueur du Giro, champion du monde. Il traversera la France avec l’arc-en-ciel autour de la poitrine.
- Vito Favero et Raphael Geminiani. Moins incontournables peut-être, le transalpin et le grand Gem était respectivement 2ème et 3ème l’an dernier.
- Henri Anglade. Sélectionné dans la sélection Centre-Midi, le puncheur lyonnais est devenu champion de France au printemps et a remporté le Dauphiné Libéré.

Image
Deux grimpeurs d'exception qui planent sur ce Tour.


Résumé du début de Tour de France.

Dès les deux premières étapes, à la surprise générale, c’est Bahamontès qui prend les devants. L’espagnol s’adjuge une avance intéressante sur les autres favoris lors de la première étape. 1’30 à son profit.

Lors du premier chrono du côté de Nantes, Roger Rivière confirme qu’il est LE rouleur à même de contrer Jacques Anquetil. Il s’impose pour 21 secondes devant Baldini, et presque 1 minute devant Anquetil. On observe la bonne opération de Gaul, qui ne perd que 1’36. De bon augure avant la montagne ?

Dans l’étape qui mène les coureurs de Nantes à la Rochelle, c’est Anglade qui en profite pour se replacer. Il s’échappe en compagnie d’une dizaine de coureurs et prend 4’48 à tous les grands favoris !

Arrivés dans les Pyrénées et notamment dans le Tourmalet, les duettistes des cimes Bahamontès et Gaul s’échappent. Premier aperçu de leur incontestable supériorité quand la route s’élève. Sans forcer outre mesure, ils reprennent 3’24 à l’armada française à l’exception de Geminiani qui en perd le double.

Dans l’étape d’Aurillac, qui mériterait un article à elle seule, Baldini, Anquetil, Bahamontes, Anglade s’échappent. Rivière est piégé, il termine à 4 minutes. Quant à Gaul, touché par la chaleur qu’il exècre, il enregistre un débours de 20 minutes sur cette seule étape. L’ange de la montagne est éliminé de la course au maillot jaune.
A l’arrivée, Anglade bat Anquetil au sprint et empoche une minute de bonification. Il apparaît comme un candidat crédible à la victoire finale. Alors 2ème du général, il a 3’15 d’avance sur Baldini, 3’19 sur Bahamontes et 3’42 sur Anquetil.

L’espagnol sait qu’il a une carte à abattre : le contre-la-montre en côte au Puy-de-Dôme. En 12,5 km seulement, il creuse des écarts monstrueux. 1’26 sur Gaul, 3’ sur Anglade, 3’37 sur Rivière, 3’41 sur Anquetil. L’espagnol s’affirme comme le grand favori. Il est à 4 secondes de Hoevenaars, paré de jaune suite à une échappée dans les Pyrénées.

Dans l’étape arrivant à Grenoble, c’est l’estocade. C’est le retour des duettistes. Gaul et Bahamontes s’échappent et ne sont pas revus. A Gaul l’étape, à Bahamontes le jaune. 3’42 d’avance plus 30 secondes de bonifications pour sa 2ème place, et il se retrouve leader avec 4’51 d’avance sur Anglade, et 9’16 sur Anquetil. Baldini et Rivière sont au-delà des 11 minutes.

C'est alors qu'arrive la 18ème étape...
Dernière édition par fred30 le 08 nov. 2021, 11:56, édité 1 fois.
Par fred30
#3402574
(2ème partie)

Tour 1959 - 18ème étape
Col du Lautaret - Saint Vincent d'Aoste


Départ à plus de 2000 m d’altitude, et ascension des derniers kilomètres du Galibier à froid. Descente, puis le Télégraphe, puis ce sera l’Iseran et son interminable ascension. Après être descendu dans la vallée, il faudra se hisser à nouveau, au sommet du Petit Saint Bernard, avant d’atteindre l’arrivée en terre italienne.

Parmi les premiers lâchés, Louison Bobet. Le breton n’est pas à son aise sur ce Tour. Il a remporté Bordeaux-Paris au printemps, mais la forme n’est plus celle qui le faisait briller sur l’Izoard quelques années plus tôt. Il se bat, revient sur le groupe des favoris après le diptyque Galibier-Télégraphe et tente de se refaire une santé dans la vallée de la Maurienne.

Dans la descente du Télégraphe, Henri Anglade chute. Il revient à l’avant mais Bahamontes connaît des ennuis mécaniques. Distancé, il est à craindre que ses adversaires se liguent contre lui. Mais Rivière, Anquetil et l’équipe de France n’en profitent pas. L’allure modérée permet un premier retour de l’espagnol. Charly Gaul n’avait pas été aussi verni sur le Giro 57, quand Bobet et Nencini avaient profité d’un arrêt pipi pour attaquer franchement...

A l’avant deux hommes ont anticipé : l’italien Gismondi et l’Autrichien Christian. Ils évoluent en marge du classement général et se constituent une avance intéressante de 5’30 au sommet de l’Iseran. L’Iseran, ce géant des Alpes, capable d’élever vers les cieux les plus grands grimpeurs. Mais c’est bel et bien un crépuscule auquel on assiste. Celui de Louison Bobet. A nouveau lâché, Bobet ne peut plus suivre. Il met un point d’honneur à franchir le sommet mais il met pied à terre au début de la descente. Ce sont les derniers instants d’un géant de ce sport sur la plus grande course du monde. Trois victoires sur le Tour de France, consécutives de surcroît, constitue alors le record dans l’épreuve.
Deux jours plus tard, ce sera le tour d’un autre vainqueur, un autre breton, de dire adieu au Tour. Jean Robic terminera courageusement une étape devant la voiture-balai, mais sans éviter le hors-délai. Sale temps pour les légendes.

Image

2ème en partant de la gauche. Gino Bartali, qui couvrait l'événement pour la radio italienne, tient le vélo de Bobet. La fin d'un grand champion sous le regard d'un autre, ancien rival.

Puisque la course continue, on attend du col du Petit Saint Bernard qu’il donne lieu à une passe d’armes. On ignore que sa nature est sur le point de surprendre. Le col est monté au tempo et c’est dans la descente que les choses prennent une drôle de tournure. En mauvais état et sous la pluie, ou du moins sur une chaussée mouillée, Bahamontès est lâché. Il est vrai qu’il n’a jamais été à l’aise en descente, et les conditions climatiques accentuent encore ses lacunes. A l’avant, du mouvement, enfin ! Baldini passe à l’attaque. Il est suivi de Charly Gaul, Henri Anglade et Gerard Saint. Anglade est 2ème du général et passe ses relais avec tout l’espoir que les circonstances font naître.

Où sont Anquetil et Rivière ? Ils ont crevé sur les cailloux de la descente. Ils sont retardés. Et voilà que Bahamontès retombe sur eux. Alors, c’est la décision. Pour la première fois de ce Tour de France, les deux rouleurs d’exception que sont Anquetil et Rivière travaillent en équipe. Mais c’est pour mener une chasse tambour battant dans la vallée et combler l’écart qui les sépare d’Anglade ! Des français roulent sur d’autres français ! Ils ne sont certes pas de la même équipe – Anglade court sous les couleurs du Centre-Midi et pas pour la sélection nationale – mais cela reste un français. Il semblerait que voir un régional s’imposer à Paris était trop dur pour l’ego des leaders français. Bahamontes n’en demandait pas tant et avec le concours des deux locomotives tricolores, limite l’écart.

A l’avant, Anglade ne peut contenir la force de Baldini qui s’impose devant Gaul et Saint. Il a entrevu son rêve l’espace de quelques dizaines de kilomètres, mais le temps de descendre de vélo et de regarder derrière lui, il a vu ses compatriotes flanqués de Bahamontes franchir la ligne. 47 petites secondes seulement après lui.


Image

Les deux prodiges sous le maillot tricolore.


Bien sûr 4’47 représentait un sacré écart à combler, et rien ne dit qu’avec des choix différents de la part d’Anquetil et Rivière, Anglade aurait renversé le Tour. Il restait d’ailleurs une étape de montagne le lendemain, dans laquelle Bahamontes s’est encore montré le plus fort, reprenant 1 minute aux français et même 1’36 à Anglade qui creva dans le final. Bahamontes était clairement le plus fort sur les trois semaines, souverain dans les cols et même à l’attaque dans le nord de la France lors des premiers jours. Pas du tout largué dans les chronos. Il mérite sa victoire.
Mais Anglade pourra regretter ces circonstances. Le sport est fait de moments où l’on connaît la forme de sa vie, où l’on peut rêver des plus grandes victoires sans être le plus fort intrinsèquement. C’est, je crois, ce qu’il a connu lors de cette 3ème semaine du Tour 1959. Rageant de voir tous les efforts qu’il a faits lors de ce Tour pour terminer 2ème après ce qui rappelle la controverse de 1958. Geminiani avait alors qualifié ses adversaires de "Judas". Rageant au moment du bilan de fin de carrière, pour un coureur de classe qui n’aura gagné « que » le Dauphiné Libéré et deux championnats de France parmi les courses majeures
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Par loloherrera
#3402619
Merci pour ce récit :super:
J'imagine le forum devant cette étape...smiley vomi en pagaille :green:
Mais bon, Fédérico méritait bien au moins un Tour, lui le fabuleux grimpeur.

J'adore la photo de Bartali tenant le vélo de Louison. Autre époque...

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Par levrai-dufaux
#3402677
Une nouvelle fois merci fred de nous faire revivre ces grandes courses et ces grands coureurs du passé à travers tes récits ! :super:

Bahamontes est bien sûr un très beau vainqueur du Tour de France, mais je ne partage pas forcément ton analyse sur ce Tour de France 1959. Je considère que, sans les magouilles de l'équipe de France, Anglade l'aurait largement emporté. Il était le coureur le plus complet de ce Tour de France et les faiblesses en descente de Bahamontes aurait du lui coûter la victoire si la logique sportive avait été respectée.
Je suis même enclin à penser que, si l'équipe de France avait été unie autour de Rivière (c'est un grand SI vu le contexte), le Stéphanois aurait pu l'emporter. Il était le plus costaud contre-la-montre et, avec un Anquetil a son service, il y avait la place pour s'imposer.

La dernière semaine est totalement faussée par la volonté des Tricolores de faire perdre Anglade. Cela tient à plusieurs raisons qui, à mon sens, dépassent le simple fait qu'un régional était en mesure de devancer les leaders de l'équipe de France. Déjà, il y a la personnalité d'Anglade, dont le tempérament autoritaire semble lui avoir attiré quelques ennemis dans le peloton (le surnom de "Napoléon" dont il était affublé n'est pas très flatteur :hehe: ). Ensuite, il se trouve qu'Anglade avait pour agent Roger Piel, lequel se livrait alors à une guerre sans merci contre Daniel Dousset, l'agent de... Rivière et Anquetil ! Les deux hommes avaient la main basse sur les critériums d'après-Tour qui étaient alors une source de revenus conséquente pour les coureurs, qui étaient loin de toucher les rémunérations actuelles. L'enjeu était donc de taille.

Lors de la 17e étape de ce Tour 59, qui voit Gaul s'imposer et Bahamontes prendre le maillot jaune, l'équipe de France ne cherche pas à mener la poursuite. Au bas de la descente du col de Romeyère, il restait pourtant 56 km jusqu'à Grenoble et l'écart aurait largement pu être comblé. Seul le Belge Pauwels s'active pour sauver son maillot jaune. Ce jour-là, l'équipe de France a, ni plus ni moins, fait cadeau de 4 minutes à Bahamontes. Que se serait-il passé si elle avait roulé pour Rivière ?

Anglade peut donc avoir un triple regret :
- que l'équipe de France ait fait cadeau de 4 minutes à Bahamontes lors de la 17e étape (soit l'écart final entre les deux hommes au général)
- que l'équipe de France n'ait pas roulé pour distancer Bahamontes lors de la 18e étape alors que celui-ci se trouvait à 5 minutes de la tête !
- que l'équipe de France décide de rouler pour Bahamontes dans le final de la 18e étape réduisant de plusieurs minutes l'écart avec Anglade et Baldini.

Si l'équipe de France avait agi normalement, c'est-à-dire dans l'intérêt de ses leaders, Bahamontes n'aurait même pas fini sur le podium de ce Tour de France. D'ailleurs, le public ne s'y est pas trompé, accueillant les Tricolores sous les sifflets au Parc de Princes... ce qui inspira Anquetil, qui baptisa dans la foulée son nouveau hors-bord "Sifflets 59" :genance:
Par fred30
#3402795
@ Loloherrera
Bien sûr que Bahamontes le méritait bien. C'était un formidable escaladeur et voir pour la 2ème année consécutive, un pur grimpeur ramener le maillot jaune, ça me plaît bien. :smile:
Mais force est de constater qu'il a bénéficié du concours de l'équipe de France qui a fait n'importe quoi.

@levrai-dufaux
Comme je l'ai souligné dans la 1ère partie de mon post (que j'ai scindé en deux, car trop long sans ça), Anglade était en effet dans la forme de sa vie. Il est champion de France et vainqueur du Dauphiné quelques semaines auparavant.
Sur le fait qu'il devait gagner, je ne sais pas. Il a quand même été en difficulté à chaque fois que Bahamontes attaquait. Sur les contre-la-montre, il était devant l'espagnol mais sans lui mettre un carton non plus.
En revanche, c'est clairement celui qui aura été le plus régulier, étant parmi les meilleurs des cadors en chrono, attaquant dans une étape de plaine (La Rochelle) et prenant 4'50 d'avance à cette occasion.

C'est difficile d'analyser sans l'avoir vécu, mais après tout c'est comme quand un français d'une équipe A roule sur un français d'une équipe B qui est en passe de s'imposer, quitte à favoriser un étranger. Ce n'était pas un championnat du monde non plus.
En revanche, les français ont fait n'importe quoi du début à la fin. Dès le premier jour, Darrigade qui faisait pourtant toujours chambre commune avec Anquetil, ne lui adresse plus la parole. Quand le landais s'est échappé, Anquetil a fait rouler ses équipiers, avant de se raviser. Quand Bahamontes part, là le normand ne bouge pas. Ca commençait bien ! :scratch:

Sur la possibilité pour Rivière de s'imposer, peut-être. Mais je ne mettrai pas mes sous là-dessus, car sa traversée du massif central aura été très compliquée. Sur l'étape d'Aurillac, où Anglade-Anquetil-Bahamontes terminent aux trois premières places, Rivière a craqué physiquement. 4 minutes ce jour-là, qui se cumulent avec le débours du chrono en côte où il prend 3'20 environ. Alors oui, si dès le départ les français avaient désigné un leader, le scénario aurait peut-être été tout différent.
Mais je n'ai pas souvenir d'Anquetil faisait l'équipier pour qui que ce soit. Peut-être pour Aimar en 66, et encore. C'était surtout pour faire perdre Poulidor :elephant:

Ce que tu dis sur les managers respectifs d'Anglade et des autres français est très juste. C'est d'ailleurs la première explication que donne Anglade quand il parle de ce Tour what the fuck :wink:
Avatar de l’utilisateur
Par levrai-dufaux
#3404925
fred30 a écrit :
08 nov. 2021, 17:57

@levrai-dufaux
Comme je l'ai souligné dans la 1ère partie de mon post (que j'ai scindé en deux, car trop long sans ça), Anglade était en effet dans la forme de sa vie. Il est champion de France et vainqueur du Dauphiné quelques semaines auparavant.
Sur le fait qu'il devait gagner, je ne sais pas. Il a quand même été en difficulté à chaque fois que Bahamontes attaquait. Sur les contre-la-montre, il était devant l'espagnol mais sans lui mettre un carton non plus.
En revanche, c'est clairement celui qui aura été le plus régulier, étant parmi les meilleurs des cadors en chrono, attaquant dans une étape de plaine (La Rochelle) et prenant 4'50 d'avance à cette occasion.

C'est difficile d'analyser sans l'avoir vécu, mais après tout c'est comme quand un français d'une équipe A roule sur un français d'une équipe B qui est en passe de s'imposer, quitte à favoriser un étranger. Ce n'était pas un championnat du monde non plus.
En revanche, les français ont fait n'importe quoi du début à la fin. Dès le premier jour, Darrigade qui faisait pourtant toujours chambre commune avec Anquetil, ne lui adresse plus la parole. Quand le landais s'est échappé, Anquetil a fait rouler ses équipiers, avant de se raviser. Quand Bahamontes part, là le normand ne bouge pas. Ca commençait bien ! :scratch:
C'est toujours difficile de se faire une idée précise d'un Tour de France sans l'avoir vécu et peut-être qu'angels pourra nous éclairer de ses lumières au sujet de ce Tour 1959 :wink:

Je partage globalement ce que tu écris. Là où je diverge légèrement, c'est qu'à mes yeux, l'équipe de France n'a pas simplement "fait n'importe quoi". Oui, elle a couru à l'envers dès le départ en raison de la division entre ses leaders. Mais, en fin d'épreuve, elle a fait plus que cela : Anquetil et Rivière se sont délibérément mis au service de Bahamontès pour faire perdre Anglade (on peut même suspecter un arrangement financier). C'est pourquoi Anglade m'apparaît comme le "vainqueur moral" de cette édition : sans les interventions de l'équipe de France évoquées plus haut, l'Espagnol ne termine même pas sur le podium de cette édition. Bien sûr, il était le plus fort en montagne et sa performance au Puy-de-Dôme est l'un des grands exploits de la décennie. Mais Bahamontès n'était pas assez complet pour gagner les Tours de ces années-là : plus qu'en chrono, ce sont ses lacunes en descente qui le pénalisaient à une époque où les tracés du Tour comportaient peu de montagne et encore moins d'arrivées au sommet. Bahamontès aurait fait un malheur dans les années 2010 mais au tournant des années 60, il peut s'estimer très heureux d'avoir remporté un Tour.

Quant à ce que je disais sur Rivière, on est là dans la science-fiction la plus totale mais, je voulais simplement souligner qu'il avait les capacités physiques de s'imposer cette année-là. Il aurait bien sûr fallu qu'Anquetil soit à son service, ce qui relève du fantasme. Dans la fameuse étape d'Aurillac où Rivière perd plus de 3 minutes, le Stéphanois est longtemps bloqué par le jeu d'équipe car il était au marquage de Gaul derrière le groupe Anquetil. Dans la fin d'étape, une fois qu'il a pu se débarrasser du Luxembourgeois qui explose complètement par la suite, Rivière refait une partie de son retard, revenant à 3 minutes après avoir pointé à plus de 5, ce qui montre sa grande condition physique. S'il avait été leader unique de l'équipe de France, je crois qu'il aurait été dur à battre.
Par fred30
#3405460
Ah tiens, merci pour ce complément d'information concernant l'étape d'Aurillac.

Je ne savais pas que Rivière avait marqué Gaul pour le compte de l'équipe de France. Je pensais qu'il avait eu du mal avec la chaleur et n'avait pas pu prendre le bon wagon, sans exploser totalement toutefois.

C'est sûr qu'Anglade peut s'estimer lésé. Sans aller jusqu'à le mettre dans le topic des coureurs oubliés, il méritait bien qu'on s'attarde sur ses mésaventures de juillet 59 :super:

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