[Dumoulox]

Bonjour à tous,
Voilà un moment que je n'ai pas posté ici ...
Je m'intéresse beaucoup en ce moment à l'histoire de notre sport et, étant né au début des années 90's, je me suis aperçu que je connaissais très mal l'état du cyclisme à la fin des années 80. J'ai donc visionné des résumés des Tours de cette époque et j'ai été émerveillé notamment par une étape, celle de Luz Ardiden en 1990 et ce final entre Greg LeMond et Miguel Indurain.

Je trouve que cette étape est le reflet du passage de témoin entre une figure des années 80 et une qui va dominer la première partie des années 90. Dans un autre style, il y a un autre passage de témoin qui me vient à l'esprit, c'est Ullrich et Indurain à Hautacam en 1996 (pour la photo) et le clm de St Emilion.

Je sais que bon nombre d'entre-vous ont une connaissance très précise de l'historie du cyclisme, avez-vous d'autres exemples en tête ?

Cordialement.

[Xav_38]

Hinault-Lemond en 1986, bon c'était en réalité plus tendu comme passage de témoin que ce qu'en laisse penser ces images

[Xav_38]

Thévenet-Merckx en 1975. Il est souvent dit que cette photo est prise sur la montée de Pra-Loup lorsque le Thévenet rattrape Merckx et le dépasse :

[levrai-dufaux]

Dans les passages de témoin récents, je pense à l'étape du Ventoux du Tour 2013 et la fameuse attaque de Froome assis sur la selle qui décramponne Contador lui enlevant là ses derniers espoirs de renverser la situation. Jamais Contador ne se retrouvera ensuite en position de prétendre à la victoire tandis que Froome enchaîne 4 succès.

Pour remonter plus loin que les excellents exemples de Xav, on peut évoquer la 16e étape du Tour 1949. Ce n'est pas un passage de témoin à proprement parler puisque Bartali et Coppi étaient bien sûr des rivaux établis. Mais, à l'échelle du Tour, il s'agit bien d'un passage de témoin. Sur le TDF, le patron c'était Gino à ce moment-là. Il est tenant du titre, vient de remporter l'épreuve à 10 ans d'intervalle (fait unique) et court pour égaler le record de Thys à l'époque (3 victoires). Coppi dispute son premier Tour. Il vient de nettement dominer Gino lors du Giro, le repoussant à plus de 20 minutes au général et a fait pression dans la foulée pour l'exclure de l'équipe italienne. Finalement, ils sont tous les deux au départ mais ce Tour commence mal pour Coppi, il perd beaucoup de temps en début d'épreuve et songe même à abandonner lors de l'étape arrivant à Saint Malo (il compte alors 36 minutes de retard au général).
Dans les Alpes, les deux Italiens s'affirment les meilleurs et se retrouvent en tête dans l'Izoard. On est le 18 juillet, jour des 35 ans de Bartali. Dans la descente vers Briançon, Bartali crève et on pense que Coppi va aller gagner l'étape et prendre le maillot jaune. Finalement, il n'en est rien : il laisse la victoire et le maillot à Gino. Différentes versions circulent dans ce que j'ai pu lire. Certains disent que Gino, légèrement moins fort dans l'Izoard, aurait demandé à Coppi de l'attendre en lui disant : "aujourd'hui, c'est mon anniversaire, demain tu gagneras le Tour". D'autres affirment qu'à l'image d'Armstrong avec Pantani au Ventoux, Coppi a fait cela pour humilier son rival, sachant qu'il restait un très long chrono sur lequel il n'aurait aucun mal à reprendre les 1'20 de retard qu'il comptait.
Quoi qu'il en soit, Coppi remporte le Tour cette année-là, profitant notamment d'une crevaison de Gino dans la dernière étape alpestre le lendemain. Bartali est 2e à 10 minutes, soit l'écart qu'il a perdu son son rival sur les deux chrono de ce Tour approximativement. Coppi est le premier à réaliser le doublé Giro-Tour et prend définitivement l'ascendant sur Gino : le premier atteint sa plénitude en 1949, forme qu'il confirmera l'année suivante en remportant de manière magistrale Paris Roubaix et la Flèche Wallonne avant de se blesser gravement, tandis que le second entame un inexorable déclin alors qu'il avait tenu la dragée haute à Coppi jusque là.

[GATO]

Thévenet-Merckx en 1975. Il est souvent dit que cette photo est prise sur la montée de Pra-Loup lorsque le Thévenet rattrape Merckx et le dépasse :

Plus que un passage de temoin ...
C est la fin de Merckx.
Il force trop sur ce Tour 75.
Le coup au foie, le medicament du medecin du Tour, la chute et fracture de la machoire, et le fait de pedaler pratiquement avec une jambe voir ses problemes recurrent.
Parle meme pas de l absence de Bruyere.
Trop c est trop.
En fin il lui restera un exploit Milán san remo 76.
Perso, thevenet un grand coureur et une grande personne. Pas assez estimee en France on dirait ...

[didierk]

Pour avoir vécu l'apogée d'Eddy (bon anniversaire champion) et bien qu'ayant apprécié par chauvinisme les performances de Bernard Thévenet, je reste persuadé que s'il n'y avait pas eu cette chute dans la descente du col de Mente ... un passage de témoin Merckx-??? aurait pu se produire bien avant 1975.
Je pense que Luis Ocaña était le seul et unique coureur qui avait les moyens physique de perturber le mental et contrarier le destin d'Eddy .

[nostradamus--dans--le--bus]

Le contre la montre de saint émilion était vraiment un passage de témoin, la majorité des observateurs l' avaient ressenti ce jour là, un grand partait et un autre s' affirmait dans cette épreuve de vérité, le dernier chrono en fin de Tour.

[El_Pistolero_07]

Et on s'aperçut que le grand n'était qu'en fait un gros...


PS ; désolé, trop facile, pas pu retenir mes doigts qui ont tapés ça en roue libre.

[nostradamus--dans--le--bus]

ça n' a jamais collé entre toi et Janou c' est pas demain que ça changera.

La dernière fois que je l' ai vu il m' a parlé de votre première rencontre il m' a dit textuellement " dès que j' ai vu le pistolero j' ai su que c' était la plus grosse crapule du forum".

J' ai voulu modérer son propos puis je me suis rendu compte que personne t' arrivait à la cheville sur ce forum en terme de coups tordus, je devais bien admettre qu' il avait raison

[fred30]

Dans les passages de témoin récents, je pense à l'étape du Ventoux du Tour 2013 et la fameuse attaque de Froome assis sur la selle qui décramponne Contador lui enlevant là ses derniers espoirs de renverser la situation. Jamais Contador ne se retrouvera ensuite en position de prétendre à la victoire tandis que Froome enchaîne 4 succès.

Pour remonter plus loin que les excellents exemples de Xav, on peut évoquer la 16e étape du Tour 1949. Ce n'est pas un passage de témoin à proprement parler puisque Bartali et Coppi étaient bien sûr des rivaux établis. Mais, à l'échelle du Tour, il s'agit bien d'un passage de témoin. Sur le TDF, le patron c'était Gino à ce moment-là. Il est tenant du titre, vient de remporter l'épreuve à 10 ans d'intervalle (fait unique) et court pour égaler le record de Thys à l'époque (3 victoires). Coppi dispute son premier Tour. Il vient de nettement dominer Gino lors du Giro, le repoussant à plus de 20 minutes au général et a fait pression dans la foulée pour l'exclure de l'équipe italienne. Finalement, ils sont tous les deux au départ mais ce Tour commence mal pour Coppi, il perd beaucoup de temps en début d'épreuve et songe même à abandonner lors de l'étape arrivant à Saint Malo (il compte alors 36 minutes de retard au général).
Dans les Alpes, les deux Italiens s'affirment les meilleurs et se retrouvent en tête dans l'Izoard. On est le 18 juillet, jour des 35 ans de Bartali. Dans la descente vers Briançon, Bartali crève et on pense que Coppi va aller gagner l'étape et prendre le maillot jaune. Finalement, il n'en est rien : il laisse la victoire et le maillot à Gino. Différentes versions circulent dans ce que j'ai pu lire. Certains disent que Gino, légèrement moins fort dans l'Izoard, aurait demandé à Coppi de l'attendre en lui disant : "aujourd'hui, c'est mon anniversaire, demain tu gagneras le Tour". D'autres affirment qu'à l'image d'Armstrong avec Pantani au Ventoux, Coppi a fait cela pour humilier son rival, sachant qu'il restait un très long chrono sur lequel il n'aurait aucun mal à reprendre les 1'20 de retard qu'il comptait.
Quoi qu'il en soit, Coppi remporte le Tour cette année-là, profitant notamment d'une crevaison de Gino dans la dernière étape alpestre le lendemain. Bartali est 2e à 10 minutes, soit l'écart qu'il a perdu son son rival sur les deux chrono de ce Tour approximativement. Coppi est le premier à réaliser le doublé Giro-Tour et prend définitivement l'ascendant sur Gino : le premier atteint sa plénitude en 1949, forme qu'il confirmera l'année suivante en remportant de manière magistrale Paris Roubaix et la Flèche Wallonne avant de se blesser gravement, tandis que le second entame un inexorable déclin alors qu'il avait tenu la dragée haute à Coppi jusque là.

levrai-dufaux : toujours au top !

Ce n'était pas sur le Tour de France, mais je pense aussi au Paris-Nice 1969.
Merckx est déjà un cador, il a gagné le Giro, Milan-San Remo, Paris-Roubaix et a déjà un titre mondial dans son escarcelle. C'est la dernière saison d'Anquetil, et même s'il a failli gagner le Tour d'Italie en 1967, sa dernière saison éclatante remonte à 1965. Il est au crépuscule de sa carrière. Il gagnera encore le Tour du Pays Basque au printemps et puis s'éclipsera.

Sur Paris-Nice, Merckx met tout le monde d'accord et s'impose devant Poulidor, 2ème, et Anquetil, 3ème.
Mais le symbole d'un astre qui s'éteint et qui ne brille plus même dans son domaine de prédilection, c'est Merckx qui rejoint et dépasse Anquetil sur le CLM du Col d'Eze. Le Normand avait déjà été battu sur certains chronos (Rivière, et aussi Gaul sur un chrono en côte notamment), mais n'avait jamais été rejoint sur un parcours. Et Anquetil de déclarer : "ça y est, nous sommes dans l'ère Merckx."
Au final je trouve le classement de ce Paris-Nice très symbolique.
Anquetil court détendu en 1969, comme si les résultats n'importaient plus vraiment. Il est sur le podium, Merckx sur la place qui sera la sienne pour toujours ou presque, et Poulidor au milieu qui fera le lien entre les deux super-champions. Comme un poil à gratter valeureux qui n'abdique pas vraiment.
Je n'ai pas trouvé de photo de Merckx dépassant Anquetil, mais la suivante illustre bien mes propos, je crois.

[JohanMusée]

Pour moi, une des plus belles courses de l'histoire, mais aussi un des plus beaux passages de témoins : Paris-Roubaix 2002.
Sur le coup de l'immense déception du Ronde de la semaine précédente, le vieux Lion hésite à prendre sa retraite brusquement. A la suite d'un souper, Lefevere le convainc de pousser au moins jusque Roubaix le dimanche suivant.

Ce 14 avril 2002, la météo est dantesque : pluie, froid et vent. Les favoris sont Tafi, Van Petegem, Hincapie, Knaven, Wesemann et, bien sûr, Museeuw.
Comme à son habitude, une échappée a pris ses aises sur la première partie asphaltée du parcours. Ils sont 16, parmi lesquels Mattan, Gouvenou, Cassani, Van Heeswijk, Bodrogi, De Clercq, Hunter, Sivakov, Hondo,... Et un jeune belge de l'US Postal, Tom Boonen. Quand la télé prend l'antenne, les visages sont déjà aussi marqués qu'ils sont maculés de boue. Arenberg est terrible, les coureurs semblent à l'agonie sur les pavés noyés dans une boue grasse et abondante. L'avance des échappés se réduit au fur-et-à-mesure que le groupe lui-même perd des plumes. Alors qu'un groupe de cadors avec notamment Wesemann, Hincapie, Museeuw et Knaven fond sur eux, ils sont encore 9. Dont Tom Boonen. Excellente pioche pour Hincapie, pense-t-on alors.
Lorsque la jonction s'opère, à Orchies, le jeune belge se met tout de suite à la planche pour son leader. Alors qu'il était déjà peu avare d'efforts dans l'échappée, le voilà qui donne, croit-on, ses dernières forces pour l'Américain. Le jeune coureur a de grosses références chez les espoirs et on l'annonce déjà comme un grand talent, il confirme très vite au-delà des espérances. Sur le poste télé, les commentaires commencent à se faire admiratifs du gamin. Mais très vite, dans le secteur de Mérignies, Museeuw place une terrible accélération. Personne n'est en mesure de prendre sa roue et une terrible poursuite s'engage. Boonen, encore lui, prend l'essentiel des relais. Alors qu'il est encore appelé "Tim Boonen, le jeune américain" sur France TV, les commentateurs belges parlent presque autant de son numéro que de celui de Museeuw, qui ne cesse de créer l'écart à l'avant. D'autant plus qu'en poursuite, ils ne sont plus que deux : Boonen et Hincapie. "Il en fait trop! Il va trop loin!" s'exclame De Vlaeminck, moitié inquiet, moitié subjugué, sur Sporza. Il confirme dans un premier temps ses propos, parce qu'un US Postal est tombé de fatigue dans le fossé. Logiquement, ce ne peut être que le jeune néo-pro. Mais "Ce n'est pas Boonen, c'est Hincapie!" s'exclament les commentateurs, complétement ébahis.
Devant, le Lion des Flandres creuse des écarts d'un autre temps. C'est avec 3 minutes et 4 secondes d'avance qu'il remporte sa 10ème classique de la défunte Coupe du Monde. Boonen, rejoint par Wesemann, n'a plus vraiment eu la force de sprinter pour la seconde place dans le vélodrome. Sur le podium, les journalistes annoncent la passation de pouvoir en direct.
Ce jour-là, Museeuw est resté le roi, mais il a déjà fait la place au suivant. En Belgique, les familles ont éteint la télé doublement heureuses. Celui qu'elles attendaient tous a remporté la course, mais la crainte du vide que provoquerait sa retraite a disparu.

[gradouble]

Très bien le texte.

Et merci d'ailleurs pour l'ensemble de tes messages et ta culture cycliste vue de la Belgique.
C'est toujours bien intéressant

[JohanMusée]

Très bien le texte.

Et merci d'ailleurs pour l'ensemble de tes messages et ta culture cycliste vue de la Belgique.
C'est toujours bien intéressant

Merci
Pour revenir sur Paris-Roubaix 2002, c'est certainement une de mes deux ou trois plus belles après-midi cycliste, mais avec le recul, il y a quand-même un petit arrière-goût amer.
Le moment aurait été parfait pour que Museeuw prenne sa retraite. Il a d'ailleurs hésité. Mais le sentiment de force du jour, l’appât d'une victoire en Coupe du Monde, et l'attrait d'un CdM à domicile en fin de saison l'en ont dissuadé, je pense. Je ne suis pas du tout naïf et j'imagine bien que les pratiques borderline (pour être gentil) de mon idole de jeunesse n'ont pas commencé en 2003/2004 avec l'affaire Landuyt, mais cette dernière rajoute au sentiment étrange que ce jour-là, il a manqué l'opportunité d'une sortie exceptionnelle.

[Calisto631]

[Bradounet_]

Le contre la montre de saint émilion était vraiment un passage de témoin, la majorité des observateurs l' avaient ressenti ce jour là, un grand partait et un autre s' affirmait dans cette épreuve de vérité, le dernier chrono en fin de Tour.

Ce n'était pas vraiment le sentiment que j'avais à l'époque.
Ullrich, c'était pour moi le jeune inconnu qu'on avait vu apparaitre dans le top10 du classement après les premières étapes de montagne (il n'était pas si inconnu que ça en fait mais à l'époque, peu avaient accès aux résultats amateurs et aux images de courses non diffusées sur FTV, le Tour de Suisse je ne sais même pas si c'était diffusé sur Eurosport ou Canal). Et c'est après les résultats de ce chrono qu'on a commencé à se dire qu'il aurait peut-être pu en fait remporter le TdF s'il n'avait pas larbiné quelques fois pour Riis, mais le passage de témoin avec Indurain était loin d'être évident quand même.

Pour moi, s'il doit y avoir passage de témoin concernant Ullrich, c'est la montée d'Arcalis.
Tout le monde s'attendait à voir enfin Ullrich faire sa propre course indépendamment de Riis, et c'était l'éclosion du champion. Riis ne gagnerait pas le TdF et les rôles s'inversaient, il devenait à son tour équipier d'Ullrich.

[tiblanc]

Superbe récit JohanMusée

[dolipr4ne]

Très bien le texte.

Et merci d'ailleurs pour l'ensemble de tes messages et ta culture cycliste vue de la Belgique.
C'est toujours bien intéressant

Merci
Pour revenir sur Paris-Roubaix 2002, c'est certainement une de mes deux ou trois plus belles après-midi cycliste, mais avec le recul, il y a quand-même un petit arrière-goût amer.
Le moment aurait été parfait pour que Museeuw prenne sa retraite. Il a d'ailleurs hésité. Mais le sentiment de force du jour, l’appât d'une victoire en Coupe du Monde, et l'attrait d'un CdM à domicile en fin de saison l'en ont dissuadé, je pense. Je ne suis pas du tout naïf et j'imagine bien que les pratiques borderline (pour être gentil) de mon idole de jeunesse n'ont pas commencé en 2003/2004 avec l'affaire Landuyt, mais cette dernière rajoute au sentiment étrange que ce jour-là, il a manqué l'opportunité d'une sortie exceptionnelle.

Un grand merci à Fred pour m’avoir fait decouvrir ce topic, et donc un grand merci à toi pour ce tres beau récit de PR 2002, tu écris vraiment tres bien. J’ai à la fois bien rigolé et bien eu honte d’etre Français en lisant ton « Tim Boonen le jeune Américain »…..c’est tellement FTVesque (encore que je pense que ça s’est bien amélioré depuis cette epoque où beaucoup trop de types etaient en roue libre complet).

Deux petites questions supplémentaires car je me suis étonné de découvrir que Boonen etait passé par l’us postal. Comment expliquer que ce soit la formation americaine qui ait jeté son dévolu sur cette pépite? Bon, apres, on ne pouvait sans doute pas se douter de la qualité de ladite pépite.

Et, puisque tu les evoques, quelles sont donc ces fameuses deux autres plus belles apres-midis cyclistes, stp?

[JohanMusée]

Un grand merci à Fred pour m’avoir fait decouvrir ce topic, et donc un grand merci à toi pour ce tres beau récit de PR 2002, tu écris vraiment tres bien. J’ai à la fois bien rigolé et bien eu honte d’etre Français en lisant ton « Tim Boonen le jeune Américain »…..c’est tellement FTVesque (encore que je pense que ça s’est bien amélioré depuis cette epoque où beaucoup trop de types etaient en roue libre complet).

Deux petites questions supplémentaires car je me suis étonné de découvrir que Boonen etait passé par l’us postal. Comment expliquer que ce soit la formation americaine qui ait jeté son dévolu sur cette pépite? Bon, apres, on ne pouvait sans doute pas se douter de la qualité de ladite pépite.

Et, puisque tu les evoques, quelles sont donc ces fameuses deux autres plus belles apres-midis cyclistes, stp?

Merci pour le compliment
Oui, j'ai pas pu m'empêcher la pique à FTV. J'ai découvert la chose sur Youtube, mais j'étais quand-même halluciné. Il faut vraiment attendre les ultimes kilomètres pour qu'ils se corrigent... Sans s'excuser un seul instant d'avoir fait l'erreur pendant toute la diffusion . Franchement, je vous plains souvent. Même si côté francophone en Belgique, derrière Benkens, la relève se fait attendre.
L'erreur de FTV reste grotesque parce que Bonnen sort quand-même d'une dernière année espoir où il a remporté Paris-Tours, le Championnat de Belgique, fait 4e de Paris-Roubaix espoir après avoir fait 3e sa première année... Il a même reçu le vélo de crystal du meilleur espoir belge, récompense très médiatisée... On parle donc d'un des plus gros "prospect" de sa génération. Son potentiel était donc bien visible, même si évidemment personne ne s'attendait à le voir exploser aussi vite.

Boonen a été chez US Postal parce que Dirk Demol y était. Hors c'est Dirk Demol qui l'avait repéré à ses 15/16 ans et qui l'avait attiré dans l'équipe de jeunes qu'il dirigeait à l'époque à Courtrai.

Les deux autres plus belles après-midi, je dirais qu'il y en a un peu plus que j'ai du mal à classer Mais la plus belle reste à coup sûr la victoire de Museeuw à Lugano alors qu'il avait, là aussi, déclaré vouloir arrêter le vélo (une sacrée pleureuse en fait, ce Johan ). A voir le superbe reportage de Sporza sur ces Championnats "Mijn laatste wedstrijd" (ma dernière course), c'est en Flamand mais même sans le comprendre on peut ressentir les émotions (https://www.youtube.com/watch?v=OhJeXeA3BSg&t=49s). Pour le reste, il y a certainement la victoire de ce même Museeuw à Roubaix en 2000, et la démonstration de VDB à Liège en 1999.

Les souvenirs d'enfance restent les plus marquant. On a pas de point de comparaison et on ressent tout comme quelque chose d'inédit. A jamais les premières fois. Les grandes victoires de Boonen étaient magiques aussi, mais la naïveté de l'enfance mettra toujours les victoires de son époque un cran au-dessus en termes d'émotions. Seule une victoire belge au Tour de France pourrait peut-être faire mieux, j'espère... A ce titre, il est amusant de me souvenir comme j'avais trouvé passionnant les étapes de montagnes du Tour 1993 pour la bonne et simple raison que c'était les premières que je comprenais un minimum. Alors qu'elles ont été objectivement mortelles pour l'époque.
Par contre, d'un point de vue supporter du vélo et non de coureurs, je pense que les deux gros déclics ont été Roubaix 1994 et l'inégalable Chambéry-Les Arcs de 1996.

[dolipr4ne]

Merci pour tout ça, Johan!

Et vu que tu as réussi à me faire regarder les 100 dernieres bornes de ce PR 2002 (en français ), je pense que je vais enchainer sur ce doc que tu me conseilles sur le Mondial de Museeuw. D’autant que les Mondiaux et Roubaix sont mes deux courses préférées (de tres loin).

PS: à travers ce que tu dis, je me rends compte une nouvelle fois à quel point le chauvinisme (à ne pas prendre dans le sens péjoratif du terme) est présent chez les fans de sport. Presque naturel.
Alors qu’il est presque inexistant chez moi. Au point que ça m’interroge souvent, tellement je me sens extra-terrestre sur ce sujet. Combien de fois on m’a dit « Alors, t’as vu la victoire de PFP?!!!  »…..mouais…… « Wow, t’as vu Alaf?!!! » ……..mouais….. « Hey, on est champions du monde de foot encore!!! »…..mouais……et?….
C’est vraiment étrange de voir à quel point je me sens isolé dans ce sentiment, alors que je suis pourtant assez convaincu que je ne suis pourtant pas (totalement) fou.

[JohanMusée]

Merci pour tout ça, Johan!

Et vu que tu as réussi à me faire regarder les 100 dernieres bornes de ce PR 2002 (en français ), je pense que je vais enchainer sur ce doc que tu me conseilles sur le Mondial de Museeuw. D’autant que les Mondiaux et Roubaix sont mes deux courses préférées (de tres loin).

PS: à travers ce que tu dis, je me rends compte une nouvelle fois à quel point le chauvinisme (à ne pas prendre dans le sens péjoratif du terme) est présent chez les fans de sport. Presque naturel.
Alors qu’il est presque inexistant chez moi. Au point que ça m’interroge souvent, tellement je me sens extra-terrestre sur ce sujet. Combien de fois on m’a dit « Alors, t’as vu la victoire de PFP?!!!  »…..mouais…… « Wow, t’as vu Alaf?!!! » ……..mouais….. « Hey, on est champions du monde de foot encore!!! »…..mouais……et?….
C’est vraiment étrange de voir à quel point je me sens isolé dans ce sentiment, alors que je suis pourtant assez convaincu que je ne suis pourtant pas (totalement) fou.

Si tu apprécies ce genre de docu, Sporza, via Belga Sport, en a produit un paquet. La Flandre, c'est réellement un autre monde pour le vélo...

Oui, il y a toujours une part de chauvinisme. L'important est d'être suffisamment objectif pour également apprécier les exploits de ceux qu'on espérait moins. Par exemple, à Leuven cette année, il est évident que j'aurais préféré assister à une victoire d'un Belge suite à une course moyenne qu'à celle d'Alaphilippe, malgré une course magnifique. Mais je me suis quand-même senti privilégié d'assister à une telle victoire. J'avais conscience de vivre un grand moment de vélo et j'ai applaudi à tout rompre quand il est passé devant moi et quand il a levé les bras. Et, franchement, même si on crachait aussi beaucoup sur Vanthourenhout avec mes amis, on a multiplié les tournées en célébrant sincèrement le vélo.

Je pense que je pourrais rester un grand fan de vélo tout en ayant pas spécialement de favoris. Je regarde d'ailleurs beaucoup de courses où je ne supporte personne en particulier au départ. Mais les plus beaux moments restent associés au supportérisme. Quand ton idole remporte une course sur laquelle il a failli perdre une jambe 2 ans plus tôt, ou quand il remporte un Championnat du Monde alors qu'il a annoncé que c'était sa dernière course, tu emmagasines des souvenirs et des émotions indélébiles que tu n'aurais pas sans ça