Merci jicébé, je vais essayer de faire le plus clair possible.
Courses retenues
Pour constituer un classement général des champions à travers le temps, le plus pertinent me semble de retenir uniquement les plus grandes courses qui ont fait l'histoire du cyclisme. J'avais retenu 30 courses que je considère comme les plus importantes. Certaines exclusions peuvent paraître arbitraires mais j'ai veillé à ce qu'un pays ne soit pas sur-représenté dans l'organisation des courses même si, logiquement, la Belgique, la France et l'Italie occupent une place centrale en raison de leur importance historique.
Grands Tours = Tour de France, Giro, Vuelta (3)
Courses en ligne = MSR, Flandres, Roubaix, LBL, Flèche Wallonne, Amstel Gold Race, Gand-Wevelgem, Bordeaux-Paris, Lombardie, Paris-Brest-Paris, GP des Nations, Tour du Milanais/GP Baracchi, Classica San Sebastian, Paris-Tours, Paris-Bruxelles, Championnats du monde, Jeux Olympiques (17)
Tour par étapes : Paris Nice, Dauphiné, Midi-Libre, Tour de Suisse, Pays Basque, Catalogne, Romandie, Suisse, Tirreno, Tour de Belgique (10)
A noter que les Jeux Olympiques constituent la seule compétition amateur retenue dans mon barème. Cela joue marginalement, mais je n'ai pas comptabilisé les éditions amateurs de certaines courses (par exemple, les premiers LBL).
Barèmes
Pour les Grands Tours, du premier au dixième au général (les victoires d'étape ne rapportent pas de points) :
TDF = 700 – 290 – 210 – 155 – 135 – 120 – 105 – 90 – 75 – 60
Giro (1919-2019) = 600 – 250 – 180 – 135 – 115 – 100 – 85 – 70 – 55 – 40
Vuelta (1955-2019) = 550 – 230 – 165 – 125 – 105 – 90 – 75 – 60 – 45 – 30 (1995-2019)
Vuelta(1955-1994)/Giro (1909-1914) = 500 – 210 – 150 – 115 – 95 – 80 – 65 – 50 – 35 – 20
Les GT me paraissent être les courses les plus stables en termes d'importance relative à travers le temps.
J'ai appliqué un seul barème au Tour car, même si ces premières éditions avaient un caractère plutôt national, la "Grande randonnée" s'est immédiatement imposée comme la plus grande course sur route au monde.
Pour le Giro, la question est déjà plus délicate. Les premières éditions furent disputées presque exclusivement entre italiens, même si Trousselier ou Petit-Breton tentèrent leur chance, et ne se montrèrent pas au-dessus des meilleurs Italiens de l'époque, ce qui atteste d'une qualité certaine du plateau. Ganna, le premier vainqueur du Giro, a d'ailleurs fini 5e du Tour en 1908. J'ai donc appliqué une légère décote pour ces éditions, mais pas excessive. Là où la question est épineuse est la période de l'entre-deux-guerres où le Giro n'avait pas de dimension internationale mais a été remportée par des champions (Girardengo, Binda, Bartali) qui ont su montrer leur domination à cette échelle. J'ai été tenté d'appliquer une décote, et je crois que j'aurais dû pour la période 1919-1940.
Pour la Vuelta, le découpage a été assez facile à faire : je ne le comptabilise comme GT qu'à partir de 1955 où l'épreuve devient annuelle puis je la revalorise une fois positionné en septembre dans le calendrier. Les premières éditions sont comptabilisés dans la catégorie "Tour par étapes".
Pour les courses en ligne, du premier au cinquième :
C1 = 300 – 210 – 160 – 120 – 90
C2 = 150 – 105 – 80 – 60 – 45
C3 = 100 – 70 – 55 – 40 – 30
La catégorie "C1" regroupe les courses en ligne internationale de premier plan. La catégorie "C2" regroupe les courses internationales de second plan. La catégorie "C3" regroupe les courses nationales de premier plan.
Le problème de mon barème saute tout de suite aux yeux. En voulant suivre une idée de kelmeur de réduire les écarts de points attribués entre vainqueur et places d'honneurs sur les courses en ligne par rapport aux courses par étapes, je me suis retrouvé à valoriser beaucoup trop ces places d'honneur, notamment par rapport aux GT. Par exemple, le 2e d'une C1 gagne autant de points que le 3e du Tour. Les proportions sont à revoir.
Enfin, les courses par étapes, du premier au cinquième :
T1 = 160 – 80 – 50 – 30 – 20
T2 = 100 – 50 – 30
Là encore, la catégorie T1 regroupe les plus prestigieuses épreuves par étapes et la catégorie T2 celles de second rang.
Les comparaisons à travers les époques
Le problème évident que pose un classement à travers les époques est le fait que chaque période ne distribue pas le même nombre de points, en particulier parce que les courses étaient moins nombreuses dans les temps les plus anciens.
J'avais prévu de faire plusieurs classements :
- un classement sans correctif, c'est-à-dire en tenant compte uniquement des résultats bruts. Un tel classement a l'avantage de ne tenir compte que des résultats existants mais il est défavorable aux coureurs du passé.
- un classement avec correctif en retenant la règle suivante : je compare la valeur moyenne du nombre de points du top 20 pour chaque décennie et j'applique une correction en fonction de l'écart à la moyenne. Par exemple, pour la période 1891-1920, la moyenne du top 20 donne 2425,75 points. Pour la période 1920-1940, j'obtiens une moyenne de 2887 points. Pour rééquilibrer les époques, je multiplie par 1,15 le nombre de points gagnés dans la période 1891-1920.
La période 1891-1900 :
Pour me simplifier la vie, et bien que cela soit arbitraire, j'ai décidé de diviser en décennies l'évolution de mon barème. Ainsi, une première phase comme à la fin du 19e siècle avec très peu de courses organisées :
C1 = Paris-Brest-Paris, Bordeaux-Paris
C2 = Paris-Roubaix
C3 = Liège-Bastogne-Liège
Paris-Bruxelles en 1893 et Paris-Tours en 1896 sont ignorées car il ne s'agit pas de courses ouvertes aux professionnels (idem pour l'édition 1891 de Bordeaux-Paris et les LBL 1893 et 1894).
La période 1901-1910 :
TDF
Giro = barème 1909-1914
C1 = Bordeaux-Paris, Paris-Brest-Paris
C2 = Paris-Roubaix, Tour de Lombardie, Paris-Tours, Paris-Bruxelles, Milan-San-Remo
C3 = Liège-Bastogne-Liège
T1 = Tour de Belgique
Les deux courses italiennes deviennent immédiatement des rendez-vous internationaux. Je manque un peu de temps pour terminer ce message, je vais m'abstenir de commentaires par la suite sur mes choix mais je pourrai revenir dessus s'ils suscitent des questions.
La période 1911-1920 :
TDF
Giro = barème "faible" jusqu'en 1914 puis "fort" ensuite
C1 = Bordeaux-Paris, Paris-Brest, Paris Roubaix, MSR, Paris-Bruxelles, Lombardie
C2 = Tour des Flandres, Paris-Tours
C3 = Liège-Bastogne-Liège, Jeux Olympiques
T1 = Tour de Belgique
T2 = Tour de Catalogne
La période 1921-1930
TDF – Giro
C1 = Paris-Roubaix, Paris-Brest, Bordeaux-Paris, MSR
C2 = Lombardie, Paris-Tours, Paris-Bruxelles, CDM
C3 = Liège-Bastogne-Liège, JO, Tour des Flandres, Tour du Milanais
T1 = Tour du Pays Basque
T2 = Tour de Catalogne, Tour de Belgique
La période 1931-1940 :
TDF – Giro
C1 = Paris-Roubaix, MSR, Paris-Brest, CDM, Lombardie
C2 = Paris-Bruxelles, Paris-Tours, Bordeaux-Paris, GP Nations
C3 = Tour des Flandres, JO, LBL, Tour du Milanais, GW, FW
T1 = Paris-Nice, Tour de Catalogne, Vuelta
T2 = Tour de Suisse, Tour de Belgique, Tour du Pays Basque
Voici mon classement pour l'avant-guerre :
1) A. Binda
2) C. Girardengo
3) G. Bartali
4) G. Brunero
5) G. Garrigou
6) H. Pélissier
7) G. Belloni
8) N. Frantz
9) A. Magne
10) L. Guerra
11) F. Faber
12) P. Thys
13) L. Trousselier
14) L. Mottiat
15) C. Van Hauwaert
16) E. Christophe
17) O. Lapize
18) G. Ronsse
19) A. Leducq
20) L. Petit-Breton
21) E. Georget
22) M. De Waele
23) M. Garin
24) F. Sellier
25) S. Maes
26) D. Piemontesi
27) J. Alavoine
28) C. Galetti
29) G. Rebry
30) O. Bottecchia
Mon classement est un peu trop favorable aux italiens, ce qui conforte mon idée qu'une décote du Giro pour la période 1919-1940 serait justifiée (idem pour MSR et le Tour de Lombardie qui ont un caractère plus national qu'international ces années-là, le contexte politique n'aidait pas).