kelmeur a écrit : ↑15 mai 2019, 08:37
Le truc c'est que tout dépend de ce que l'on juge.
Doit-on prendre en compte les années de guerre perdues, le fait qu'il y avait moins de courses à une époque, les déclassements, le dopage...
C'est malheureux mais c'est vite le bordel.
Je passe de temps en temps sur cette partie du forum que j'adore et je voulais revenir sur ce point que je trouve passionnant.
Il y a tellement de critères qui rendent même une comparaison pourtant statistique et factuelle de palmarès totalement subjective.
Les courses sont tellement différentes entre un Tour, Giro, Paris - Roubaix, Liège, MSR, CDM. Comment les classifier? Est-ce que Froome a vraiment un plus beau palmarès que Gilbert? C'est subjectif.
Pour ma part, je privilégie souvent la variété des grandes victoires aux records sur un type d'épreuves car j'estime que le vélo c'est justement la variété et ce qui me plait entre autre dans ce sport et le rend si intéressant.
Dans le foot, il y a principalement 2 compétitions au dessus du reste: la coupe du monde et la ligue des champions. En athlé, natation et beaucoup de sports olympiques, il y a les CDM et les JO qui se déroulent dans le même environnement et la même durée/distance. En rugby, j'ai l'impression qu'à l'instar du vélo (en partie), c'est plus axé sur le romantisme que le palmarès. Les sports US sont des shows très locaux au final même s'ils ont une résonance mondiale (principalement le basket).
Le tennis est surement le sport qui se rapproche le plus du cyclisme à ce niveau avec 4 grand chelems assez différents.
C'est pourquoi, sur le palmarès pur, je place Nibali devant Froome, Contador ou Valverde et un Gilbert pas nécessairement derrière ceux la. C'est aussi pourquoi, sur le palmarès pur, Merckx, Coppi et Hinault me paraissent devant tous les autres. Derrière, selon ce critère de diversité, on trouverait sûrement des Gimondi ou Bobet devant Anquetil ou Bartali. Et c'est à partir de la que j'essaie de placer mon curseur d'importance entre diversité et quantité/domination.
Ensuite, il faut prendre en compte l'évolution du cyclisme et la spécialisation. Nibali ne gagnera jamais Roubaix (même un spécialiste des classiques comme Bartoli ne l'a pas fait). Mais on peut penser que ce même Nibali y aurait surement au moins joué la gagne s'il avait couru dans les années 50.
Enfin, il y a l'importance des épreuves à telle ou telle période. La Vuelta n'a commencé à avoir de la valeur que très récemment même si Merckx ou Anquetil l'ont quand même au palmarès. Même Indurain, pourtant espagnol s'en fichait...
Pendant, la première période de domination italienne, les italiens sortaient très rarement de chez eux, aillant bon nombre des plus grandes courses sur leur territoire. Hormis les CDM et Bottecchia sur le Tour, leurs saisons s'articulaient sur le calendrier italien.
Plus tard, pour Coppi et Bartali, il n'avaient pas l'air de se soucier des classiques belges, et le Tour ou Roubaix semblaient être tout de même secondaires par rapport à leurs épreuves nationales.
Bref, tout ça pour dire qu'il est très difficile de faire un classement historique, et que le palmarès pur, qui peut sembler objectif ne l'est pas tant que ça. Ceci constitue dans un sens un bémol à mon paragraphe précédent.
[En écrivant ces paragraphes j'ai l'impression que les génération allant d'Anquetil à Hinault sont privilégiées, aillant couru à une époque ou les calendriers ressemblaient à ceux d'aujourd'hui, c'est à dire qu'un coureur était incité/avait largement l'occasion de participer à toutes les grandes courses durant sa carrière mais qu'il n'était pas contraint par l'hyper-spécialisation qui est arrivée dans les années 90.]
Dernier point propre aux sentiments de chacun et qui fait la beauté de ce sport, l'aspect romantique: la personnalité du coureur, l'adversité, ce que le coureur a apporté au cyclisme, son histoire personnelle, le panache, le contexte etc...
D'un point de vue adversité, de mes humbles connaissances, je mettrais 3 périodes au dessus des autres:
- les années 20-35
-les années 45-55
-les années 65-75
En faisant la synthèse de tout ça, mon podium est au final le même que celui qu'on trouve le plus souvent: Merckx, Coppi, Hinault. Sauf que je mets Merckx et Coppi quasiment au même niveau et qu'Hinault se retrouve devant d'autres principalement par la diversité de son palmarès.
Pour finir, petite digression sur les carrières de Coppi et Bartali et leur place dans un tel classement.
Pour Bartali, beaucoup a déjà été dit. Je serais simplement curieux qu'on prenne le top 10 - 15 du classement et qu'on déduise leur palmarès entre 26 et 31 ans. Bien évidemment, cela n'aurait aucun sens, si ce n'est de réévaluer le palmarès de Bartali. Cela me semble déjà plus honnête que d'attribuer d'éventuelles victoires à Gino sur la période où il n'a pas couru.
Pour Coppi, plus que la guerre, 2 éléments empêchent son palmarès de se rapprocher de celui de Merckx. D'abord, comme évoqué plus haut, le désintérêt pour bon nombres d'épreuves dû à leur manque d'importance à l'époque (ce qui est aussi un argument pour les coureurs l'aillant précédé à commencer par Bartali et Binda).
Ensuite, sa vie chaotique en seconde partie de carrière entre blessures à répétition, la perte de son frère et les problèmes dans sa vie privée.
Voila, comme d'habitude, je parle principalement de cyclisme italien mais c'est celui que je connais le mieux et qui a dominé entres les années 20 et 55. Et désolé si c'est décousu.