En remontant les pages à la recherche d'un concours, je suis retombé sur ce sujet.
Il me semble que tuco n'est plus très présent sur le forum mais peut-être nous lit-il à l'occasion ou bien que d'autres seront intéressés par les précisions suivantes au sujet du duel entre Trousselier et Van Hauwaert sur ce Bordeaux-Paris 1907.
L'épisode relaté plus haut est évoqué en termes plus classiques dans un ouvrage de Chany. Voici ce qui est écrit sur Trousselier :
"Son duel avec Van Hauwaert, vainqueur en 1907, fut mémorable. Sur la route, ils ne se firent aucun cadeau bien que ressortissants tous deux de l'équipe Alcyon ; et la polémique dura longtemps après la victoire du Français. Au reste, les deux hommes, Trousselier ayant distancé Van Hauwaert à Blois, ne donneront jamais la même version de l’événement".
Voici, celle de Trousselier pour commencer :
"La maison Alcyon avait mis à notre disposition à Van Hauwaert et à moi, dès le départ de Bordeaux, un lot d'entraîneurs formidable. La consigne était naturellement de partir à fond pour lâcher rapidement nos adversaires. Comme départ, ce fut plutôt rapide. Songez que nous atteignîmes Cohé-Vérac à plus de 36 de moyenne ! Déjà, la plupart des concurrents étaient lâchés. Seul, Émile Georget tenait bon et ce ne fut guère que dans la traversée de Tours qu'avec Van Hauwaert, nous pûmes avoir raison de l'énergie bien connue d'Emile. Et, nous voici, Van Hauwaert et moi, arrivant au contrôle de Blois. Nous avions décidé, tous deux, de nous y ravitailler et de nous attendre pour repartir tous deux ensemble. Je descends le premier, je me ravitaille en vitesse et j'attends Van Hauwaert qui, moins expéditif que moi, éprouvait le besoin de se faire masser les jambes. C'est alors que mon frère Marius qui suivait la course en voiture, me dit : "Tu devrais remonter à vélo et partir doucement ; Van Hauwaert te rattrapera bien". Me voilà parti, en effet, tout doucement, me retournant de temps en temps pour voir si mon camarade d'écurie arrivait J'abordai ainsi, à petite allure, la côte à la sortie de Blois, et j'étais à peine à moitié de cette côte que Maris arrivait en automobile et me disait : "Georget est arrivé au contrôle avant que Van Hauwaert soit reparti ; les voilà tous les deux qui arrivent, ce n'est pas le moment d'attendre, il faut foncer ! [...]
Notez en passant que l'histoire du contrôle de Blois, que je viens de vous narrer, est la seule vraie, et qui doit détruire la légende selon laquelle Van Hauwaert avait été enfermé au contrôle dans cette ville."
Et maintenant une version plus objective visiblement :
"Pour ce qui le concernait, Van Hauwaert n'accusait pas Trousselier de l'avoir faire enfermer dans un cabanon, tout de même pas ! Mais il s'estimait bel et bien la victime d'un "coup tordu", d'une "entourloupette", à tout le moins. L'autre version des faits, la voici donc, relatée par des témoins non assujettis :
"Avant Tours, Van Hauwaert et Trousselier, ayant lâché Georget, conclurent un pacte : "Roulons ensemble jusqu'à Ablis, on se fera la guerre dans la vallée de la Chevreuse". Au contrôle de Blois, Trousselier fait inspecter son vélo, tandis que Van Hauwaert pénètre dans un café. Le Français reprend la route le premier, sans forcer l'allure et gravit lentement la côte située après la ville. Il se retourne, attend le Belge, qui tarde à rejoindre. Parmi les entraîneurs de Trousselier, le jeune Eugène Christophe s'impatiente :
- On ne va tout de même pas l'attedre jusqu'à la Saint-Glinglin ton "Ventr'Ouvert" !
- J'ai donné ma parole.
- Eh bien, tu la reprends ! Ton "Ventr'Ouvert", il est cuit. On le reverra aux vestiaires".
Très vite, Trousselier se laissa convaincre. Il accéléra dans la seconde, alors que Van Hauwaert et Georget s'étaient rapprochés à moins de quatre cents mètres. Quoi qu'il en fût, Trousselier démontra d'abondance, entre Blois et Paris, qu'il était bien le meilleur, cette année-là."
Trousselier gagne cette édition avec 26 minutes d'avance et, l'histoire se termine bien puisqu'il devint grand copain avec Van Hauwaert par la suite
