Ok avec Loloherrera.
Sans son départ calamiteux, je suis persuadé que Delgado gagnait le Tour. Fignon était fort, mais ce n'était pas celui de 84
. Il a connu des mauvaises journées. Dans la grande étape Pyrénéenne, il était trés limite, et la passivité de Lemond l'a servi. Guimard disait aprés la course que si ça avait bagarré dans Aspin et Peyresourde, il passait par la fenêtre. Il était également limite dans le col de Vars, légèrement distancé par le groupe Lemond-Delgado, mais là encore, ça n'a pas bougé. L'américain expliquera qu'il ne pouvait pas bouger sans équipier à ses côtés..Le chrono d'Orcières Merlette n'était pas top non plus pour le parisien.
Fignon a fini les Alpes comme un tambour, certes, mais sans pouvoir réaliser le break définitif sur Lemond. Delgado, qui s'était bien ressaisi lors du chrono de Rennes (profitant aussi de bonnes conditions météo) était le plus solide et le plus stable en montagne, mais il a laissé beaucoup de jus, mentalement et physiquement, dans son opération "remontada". Perico était avant tout un trés grand finisseur de la montagne, un spécialiste de la dernière ascension. Lorsqu'il attaque dans les faux-plats d'Aspin et se lance à la poursuite du duo Mottet-Millar, il ne fait pas du Delgado. Il se lance dans l'opération parce qu'il est obligé de la faire, avec ses 7' dans le museau, mais ce n'est pas son registre. En courant simplement comme en 1988 ( je fais de bons chronos et je fume tout le monde dans les derniers km des ascensions finales), je suis sûr qu'il gagnait ce Tour. Mais Delgado n'était pas un grimpeur endurant, c'était avant tout un grimpeur explosif, même si sa victoire à Luz-Ardiden s'est dessinée dans le Tourmalet, en 1985.
Dans les Pyrénées, c Fignon qui roule derrière Delgado vers Cambasque, c'est ce même Fignon qui fait le rythme dans Superbagnères (derrière Delgado et Mottet) aprés sa défaillance dans Peyresourde,. Et dans l'étape de Villard, c'est Delgado qui fait derniers km de Saint Nizier derrière Fignon. En gros, Lemond a bien profité du travail des 2 favoris ..
Il n'avait pas d'équipiers en montagne, certes, mais il aurait quand même pu engager un peu le combat lorsque Fignon montrait des signes de faiblesse, dans Peyresourde ou Vars. Mais c'était pas le genre. Un Fignon dans la même situation, c'était pas la même limonade, équipier ou pas. 2 tempéraments trés différents.
Perso, j'ai eu un peu de mal avec les 3 victoires de Lemond. Même en 90, il peut dire merci à Chiappucci, qui a fait à peu prés n'importe quoi alors qu'il avait vraiment la gagne pratiquement assurée.