FLANDRIA - MARS 71
Modérateur : Modos VCN
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JOHAN DEMUYNK
ERIC DE VLAEMINCK
ROGER
MARC DEMEYER
IN T VEN WILLY
ERIC LEMAN
JEAN PIERRE MONSERE
WILLY VAN ESTE
JOOP ZOETEMELK
quelle equipe.
Dommage la mort de Monsere, qui entrainera le depart de de Vlaeminck non ???
il y avait Freddy Maertens-demeyer-pollentier
MICHEL POLLENTIER arrivera en 1973
Sinon WALTER GODEFROOT en deux etapes 67-69 et 73-75.
- levrai-dufaux
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Belle photo, merci GATO
Il fallait bien autant de talents réunis pour essayer de lutter contre Merckx ces années-là !
De façon plus ancienne, Van Looy avait aussi porté les couleur de la Flandria (d'où sa "garde rouge", alors que la Belgique avait longtemps eu un maillot à dominante noire sur le Tour).
Il fallait bien autant de talents réunis pour essayer de lutter contre Merckx ces années-là !
De façon plus ancienne, Van Looy avait aussi porté les couleur de la Flandria (d'où sa "garde rouge", alors que la Belgique avait longtemps eu un maillot à dominante noire sur le Tour).
Flandria, c’est une épopée avec des périodes glorieuses et d’autres – beaucoup d’autres, il faut bien l’avouer – peu reluisantes mais une épopée qui a marqué l’histoire du cyclisme professionnel belge (et même l’histoire du vélo en tant que simple moyen de locomotion, si je puis dire). La firme a été fondée en 1896 par Louis Claeys, à Zedelgem, en Flandre occidentale (la province de la côte) sous le nom de « Westvlaamsche Leeuw ». Zedelgem se situe entre Bruges et Torhout (je crois qu’on dit Thourout, en français, ville aujourd’hui célèbre pour son festival rock n roll Torhout-Werchter). Après la Guerre de 1914, la demande de vélos augmentent et les fils de Louis, Alidor, Jerome, Remi en Aimé firent de Westvlaamsche Leeuw une fabrique de cycle de renom. Ils produisaient également du matériel agricole, des vélomoteurs à partir de 1933 et des cyclomoteurs à partir de 1951. C’est en 1940 qu’Aimé changea le nom « Westvlaamsche Leeuw » en « Flandria ». En 1956, seuls Aimé et Remi se partageaient encore l’héritage de Louis Claeys mais ils étaient des frères ennemis. La firme de Zedelgem se scindait alors en deux, l’aile gauche en direction de Bruges revenait à Remi qui la rebaptisait Superia et l’aile droite en direction de Thourout revenait à Aimé qui conservait le nom de Flandria. En 1959, Pol Claeys, le fils d’Aimé, engagea Flandria dans le cyclisme professionnel. L’équipe s’appelait Mann-Flandria avec des leaders comme Leon Van Daele tenant du titre à Paris-Roubaix et Marcel Janssens, qui fera 3 à Paris-Roubaix, cette année-là. À l’époque, Flandria représentait pour beaucoup le cyclisme ouest-flamand (même si des Est-Flamands comme les De Vlaeminck ou Godefroot allaient rouler pour l’équipe) et Wiels Groene Leeuw représentait le cyclisme est-flamand. De tout temps, il y a eu des tensions entre les deux provinces. À quarante ans, Brik Schotte bouclait, en 1959, sa vingtième et dernière saison comme coureur chez Mann-Flandria. L’année suivante, il devint directeur sportif. Directement, il engagea un crack en la personne de Jozef Planckaert même si les deux saisons de Planckaert aux ordres de Schotte furent décevantes. En 1962, Claeys entrevit la possibilité d’embaucher Rik Van Looy grâce à une fusion avec Faema. L’offre ne se refuse pas. Avec la fusion, c’est Guillaume dit Lomme Driessens, qui devint directeur sportif n°1, reléguant Schotte, pour la première fois, au rôle de simple assistant. La fameuse garde rouge autour de Van Looy avait précédé la fusion Faema-Flandria, elle avait été montée par Driessens dès 1958 au sein de Faema-Guerra. Driessens est connu comme le directeur sportif belge qui a travaillé avec le plus de champions. Il avait déjà conseillé Coppi, Bahamontes et Gaul avant de travailler avec Van Looy. Il avait été coureur professionnel en 1932 mais après son service militaire, il avait pris 25 kg ce qui empêchait tout retour dans les pelotons. Driessens avait surtout compris que le cyclisme était de plus en plus en train de devenir un sport d’équipe dans lequel les gregarii travailleraient pour un campionissimo alors que Brik Schotte aura toujours tendance à donner carte blanche à n’importe quel coureur de talent. Ce sera son drame. La fusion Faema-Flandria ne dure qu'un an. En 1962 mais remporte un grand nombre de succès grâce à Van Looy et dans une moindre mesure Planckaert. Van Looy quitta Flandria avec Driessens pour fonder la GBC en 1963. Brik Schotte redevint D.S. n°1. En 1964, les rapports entre Driessens et Van Looy étaient tendus. L’empereur d’Herentals se lança alors dans l’aventure Solo-Superia avec son beau-frère Hugo Marien comme D.S. et le controversé Jean Van Buggenhout comme manager. Superia, c’était donc la rivale de Flandria. Pour Pol Claeys, c’était inacceptable. Il fallait tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de cette nouvelle équipe et pour ce faire, il rappela Driessens et relégua une deuxième fois Schotte au rôle d’assistant. Le conflit fratricide entre les deux firmes se manifesta sur le Tour de France de 1965. Lors de l’étape de transition vers Montpellier, Rik Van Looy et Guido Reybrouck sont en tête. Guido roule pour Flandria. Il avait ordre de Driessens de ne pas collaborer. Chaque fois qu’il semblait désireux de le faire, il était sermonné par Driessens : « Guido dans la roue ! ». Bien sûr, Reybrouck coiffa Van Looy au sprint. Plus tard, au Championnat du monde de 1965, la fédération belge décida de ne sélectionner aucun coureur des deux équipes. Les deux firmes se retirèrent du peloton en 1966 mais Pol Claeys relança Flandria en 1967 alors que Superia n’allait revenir dans les pelotons qu’en 1976 comme co-sponsor de l’équipe Miko De Gribaldy (avec Georges Pintens et Michel Laurent qui remporta Paris-Nice).
En 1967, Claeys rappela Brik Schotte comme directeur sportif avec Walter Godefroot comme leader. Ce fut l’âge d’or de la Flandria. Schotte était un découvreur de talents. C’est lui qui lança la carrière d’Eric Leman, de Marc Demeyer, de Michel Pollentier et de Johan De Muynck (il n’y avait pas de mérite à repérer Roger De Vlaeminck ou Jean-Pierre Monseré dont les talents étaient déjà connus de tous). En même temps, cet âge d’or qui était aussi celui du cyclisme belge tenait en lui-même les signes avant-coureurs de son futur déclin. La Flandria n’était pas à la pointe du progrès au niveau matériel loin s’en faut, Brik Schotte ne voulait pas entendre parler de nouveautés au niveau des méthodes d’entrainement et de la diététique et sa stratégie d’équipe laissait toujours à désirer (voir le Paris-Roubaix 1970). Roger De Vlaeminck est souvent taxé de nostalgique de nos jours mais dans les rangs amateurs déjà, il était en avance sur son temps avec un entrainement bien varié (puissance, intervalles, endurance, etc.), préparé par le Dr Georges Debbaut (qui suivait également son frère). C’était également le cas de Jean-Pierre Monseré qui travaillait l’entrainement par intervalles avec le Dr Jan Derluyn et l’ostéopathe malvoyant Jacques Delva (les deux allaient ensuite travailler avec Freddy Maertens, Delva avait collaboré dans le passé avec Roger Decock et le fils Delva, Michiel également ostéopathe, a travaillé entre autres avec Stijn Devolder et Jens Debusschere). Monseré et les De Vlaeminck se moquaient souvent de Brik Schotte et de ses discours d’anciens combattants. Enfin, la Belgique n’était plus compétitive en terme de salaire et entre 1970 et 1972, un grand nombre de ses meilleurs coureurs partait vers l’Italie (Godefroot et Houbrechts chez Salvarani, De Vlaeminck et Sercu chez Dreher, devenu Brooklyn ensuite) ou alors vers la France (Rosiers et Leman chez Bic, Teirlinck et Van Impe chez Sonolor-Lejeune, De Witte chez Peugeot). Le départ de De Vlaeminck était sans lien avec le décès de Monseré. Il serait parti tôt ou tard. Monseré lui-même avait reçu une offre de la Salvarani. Godefroot l’avait soutenu. Il a refusé car il venait d’avoir un fils, Giovanni. Il serait peut-être toujours en vie s’il avait accepté l’offre car il aurait disputé Tirreno Adriatico au lieu de la kermesse de Retie. Lorsqu’il est passé professionnel en septembre 1969, Monseré touchait un salaire mensuel net de 15 000 francs belges (soit 2 291,94€ en 2022, tenant compte de l’inflation). C’était un bon salaire pour un néo-pro à l’époque, en rapport avec son talent. Pourtant, pendant toute la saison 1970, Schotte n’aura eu de cesse de clamer que Monseré ne valait pas son salaire, jusqu’à ce titre de champion du monde qui le rassura. En 1971, Johan De Muynck est passé pro avec un salaire moitié moindre que celui de Monseré, un an et demi plus tôt : 7 500 BEF (soit 1 094€ en 2022). De Muynck est passé pro comme un smicard. Trois ans plus tard chez Brooklyn, De Muynck touchait l’équivalent de 35 000 BEF (soit 4 340€ en 2022). La différence était colossale (même si il allait se faire avoir par la dévaluation de la lire). D’ailleurs, Claeys l’avait compris. Pour garder ses talents, il fallait s’adapter au marché italien. Pour Schotte, ça a créé une génération de fainéants, celle qui allait suivre celle de Merckx (il ne cite pas de noms mais c’est dans la biographie que lui consacre Rik Van Walleghem) et entamé le déclin du cyclisme belge. Donc, à la fin de l’année 1972, Freddy Maertens est passé professionnel avec un salaire de 40 000 BEF par mois (soit 4 975€ en 2022). En 1975, son salaire passait à 90 000 BEF (9 184 € en 2022). Schotte devenait fou mais dément s’être opposé aux décisions de son patron (n’en déplaise aux accusations de Maertens). En 1975, la Flandria avait fier allure. On a une photo dans le livre de Van Walleghem consacré à Schotte avec : Ronald De Witte, Michel Pollentier, Marc Demeyer, Freddy Maertens, Cyrille Guimard, Brik Schotte lui-même, Herman Van Springel et Walter Godefroot. Pourtant, cette équipe n’avait remporté que des classiques de second rang : Gand-Wevelgem et Paris-Tours avec Maertens et Bordeaux-Paris avec Van Springel. Driessens avait alors contacté Freddy Maertens et Pol Claeys pour convaincre ce dernier de le rappeler dans le staff de l’équipe et une nouvelle fois former un bloc soudé autour d’un leader unique qui serait Freddy. Schotte était donc pour la troisième fois relégué au rang d’assistant de Driessens. Godefroot claque la porte et rejoint IJsboerke. Godefroot et Schotte en ont longtemps voulu à Maertens. Je ne sais pas si Maertens a eu le temps de se réconcilier avec Schotte avant le décès de ce dernier. Peu de temps avant son décès, il est allé rendre visite au Musée du vélo à Roulers dont Maertens était le conservateur. Peut-être se sont-ils réconciliés ? Dans tous les cas, en 1976 et 1977, Maertens accomplit deux saisons tonitruantes (victoires à Paris-Nice, au GP des Nations, au Championnat du monde, au Tour d’Espagne, à la Flèche wallonne bien que déclassé pour dopage) avec Driessens mais suite à une mauvaise chute au Tour d’Italie, Driessens le délaisse et travaille avec Pollentier. Une fois de plus, Driessens a eu des mots avec son coureur vedette (comme avec Van Looy et Merckx précédemment). Claeys mit Driessens à la lourde et engagea Fred De Bruyne à sa place mais Schotte ne s’entendait pas plus avec De Bruyne qu’avec Driessens. Pour lui, De Bruyne était un « showman », ancien commentateur pour la télévision. En 1979, Claeys engagea Jozef Huysmans en lieu et place de De Bruyne. Là par contre, entre Schotte et Huysmans, le courant passait mais Flandria n’était plus que l’ombre de la grande équipe qu’elle fut jadis et l’entreprise était en grande difficulté financière. Les coureurs n’étaient plus payés (Joseph Bruyère attend toujours ses derniers salaires). L’équipe se retire à la fin de la saison 1979 et la firme ferme ses portes en 1981.
Il est aussi à noter que le co-sponsor de 1971 Mars était représenté par un certain Hein Verbrugghen qui en était le directeur commercial à 28 ans. D’après Mark Van Hamme, le biographe de Jean-Pierre Monseré, Verbrugghen a malgré tout contribué au développement du cyclisme néerlandais et a imposé quelques coureurs néerlandais dans l’équipe dont le jeune Joop Zoetemelk. Mart Smeets, l’ancien commentateur vedette de la télévision néerlandaise, avait une autre théorie. Zoetemelk a couru en amateur pour Amstel Bier, l’équipe de Herman Krott, le créateur de l’Amstel Gold Race en 1966. Krott et Schotte étaient amis, d’après Smeets. Zoetemelk dit avoir choisi lui-même Flandria-Mars pour des raisons linguistiques. Quoiqu’il en soit, Mars, par la voix de Verbrugghen, s’est retiré du cyclisme après 1971 à cause de la chute fatale de Jempi Monseré, craignant la publicité négative que provoqueraient les procédures juridiques qui accompagnent généralement de tels accidents. Par contre, le drame a eu un effet « bénéfique » (si l’on peut dire). Il a entre autre permis l’arrivée de l’équipementier japonais Shimano dans les pelotons qui allait devenir n°1 au XXIe alors que Campagnolo détenait alors une sorte de monopole, d’où la théorie de complot de Maertens au Championnat du monde de 1973. Le directeur commercial de Flandria Marcel Verschelden avait apporté un dossier avec de nombreuses coupures de journaux sur l’accident et les funérailles de Jempi (Mark Van Hamme parlait de 35 000 personnes présentes mais l’estimation est incertaine) pour négocier le partenariat avec le représentant japonais et montrer à quel point le cyclisme était populaire en Belgique.
Enfin, Jean De Gribaldy avait rejoint le staff de Flandria en 1977 – donc passé à l’ennemi puisque son équipe de 1976 était co-sponsorisé par Superia. C’est pourquoi plusieurs coureurs français avaient rejoint les rangs de Flandria tels René Bittinger ou Marcel Tinazzi. Mais c’est aussi le Vicomte qui a offert son premier contrat à Sean Kelly et l’a emmené vers la Belgique. Le futur champion irlandais a donc commencé chez Flandria et s’est alors installé à Vilvorde dans la périphérie bruxelloise, puis à Merchtem dans la périphérie anversoise. C’est également De Gribaldy qui a attiré Joaquim Agostinho dans l’équipe Flandria en 1978-1979, lui qui l’avait découvert dix ans plus tôt sur des courses brésiliennes. C’est le Vicomte qui dirigea Agostinho vers ses deux places de troisième au Tour de France de 1978 et 1979 pour Flandria.
En 1967, Claeys rappela Brik Schotte comme directeur sportif avec Walter Godefroot comme leader. Ce fut l’âge d’or de la Flandria. Schotte était un découvreur de talents. C’est lui qui lança la carrière d’Eric Leman, de Marc Demeyer, de Michel Pollentier et de Johan De Muynck (il n’y avait pas de mérite à repérer Roger De Vlaeminck ou Jean-Pierre Monseré dont les talents étaient déjà connus de tous). En même temps, cet âge d’or qui était aussi celui du cyclisme belge tenait en lui-même les signes avant-coureurs de son futur déclin. La Flandria n’était pas à la pointe du progrès au niveau matériel loin s’en faut, Brik Schotte ne voulait pas entendre parler de nouveautés au niveau des méthodes d’entrainement et de la diététique et sa stratégie d’équipe laissait toujours à désirer (voir le Paris-Roubaix 1970). Roger De Vlaeminck est souvent taxé de nostalgique de nos jours mais dans les rangs amateurs déjà, il était en avance sur son temps avec un entrainement bien varié (puissance, intervalles, endurance, etc.), préparé par le Dr Georges Debbaut (qui suivait également son frère). C’était également le cas de Jean-Pierre Monseré qui travaillait l’entrainement par intervalles avec le Dr Jan Derluyn et l’ostéopathe malvoyant Jacques Delva (les deux allaient ensuite travailler avec Freddy Maertens, Delva avait collaboré dans le passé avec Roger Decock et le fils Delva, Michiel également ostéopathe, a travaillé entre autres avec Stijn Devolder et Jens Debusschere). Monseré et les De Vlaeminck se moquaient souvent de Brik Schotte et de ses discours d’anciens combattants. Enfin, la Belgique n’était plus compétitive en terme de salaire et entre 1970 et 1972, un grand nombre de ses meilleurs coureurs partait vers l’Italie (Godefroot et Houbrechts chez Salvarani, De Vlaeminck et Sercu chez Dreher, devenu Brooklyn ensuite) ou alors vers la France (Rosiers et Leman chez Bic, Teirlinck et Van Impe chez Sonolor-Lejeune, De Witte chez Peugeot). Le départ de De Vlaeminck était sans lien avec le décès de Monseré. Il serait parti tôt ou tard. Monseré lui-même avait reçu une offre de la Salvarani. Godefroot l’avait soutenu. Il a refusé car il venait d’avoir un fils, Giovanni. Il serait peut-être toujours en vie s’il avait accepté l’offre car il aurait disputé Tirreno Adriatico au lieu de la kermesse de Retie. Lorsqu’il est passé professionnel en septembre 1969, Monseré touchait un salaire mensuel net de 15 000 francs belges (soit 2 291,94€ en 2022, tenant compte de l’inflation). C’était un bon salaire pour un néo-pro à l’époque, en rapport avec son talent. Pourtant, pendant toute la saison 1970, Schotte n’aura eu de cesse de clamer que Monseré ne valait pas son salaire, jusqu’à ce titre de champion du monde qui le rassura. En 1971, Johan De Muynck est passé pro avec un salaire moitié moindre que celui de Monseré, un an et demi plus tôt : 7 500 BEF (soit 1 094€ en 2022). De Muynck est passé pro comme un smicard. Trois ans plus tard chez Brooklyn, De Muynck touchait l’équivalent de 35 000 BEF (soit 4 340€ en 2022). La différence était colossale (même si il allait se faire avoir par la dévaluation de la lire). D’ailleurs, Claeys l’avait compris. Pour garder ses talents, il fallait s’adapter au marché italien. Pour Schotte, ça a créé une génération de fainéants, celle qui allait suivre celle de Merckx (il ne cite pas de noms mais c’est dans la biographie que lui consacre Rik Van Walleghem) et entamé le déclin du cyclisme belge. Donc, à la fin de l’année 1972, Freddy Maertens est passé professionnel avec un salaire de 40 000 BEF par mois (soit 4 975€ en 2022). En 1975, son salaire passait à 90 000 BEF (9 184 € en 2022). Schotte devenait fou mais dément s’être opposé aux décisions de son patron (n’en déplaise aux accusations de Maertens). En 1975, la Flandria avait fier allure. On a une photo dans le livre de Van Walleghem consacré à Schotte avec : Ronald De Witte, Michel Pollentier, Marc Demeyer, Freddy Maertens, Cyrille Guimard, Brik Schotte lui-même, Herman Van Springel et Walter Godefroot. Pourtant, cette équipe n’avait remporté que des classiques de second rang : Gand-Wevelgem et Paris-Tours avec Maertens et Bordeaux-Paris avec Van Springel. Driessens avait alors contacté Freddy Maertens et Pol Claeys pour convaincre ce dernier de le rappeler dans le staff de l’équipe et une nouvelle fois former un bloc soudé autour d’un leader unique qui serait Freddy. Schotte était donc pour la troisième fois relégué au rang d’assistant de Driessens. Godefroot claque la porte et rejoint IJsboerke. Godefroot et Schotte en ont longtemps voulu à Maertens. Je ne sais pas si Maertens a eu le temps de se réconcilier avec Schotte avant le décès de ce dernier. Peu de temps avant son décès, il est allé rendre visite au Musée du vélo à Roulers dont Maertens était le conservateur. Peut-être se sont-ils réconciliés ? Dans tous les cas, en 1976 et 1977, Maertens accomplit deux saisons tonitruantes (victoires à Paris-Nice, au GP des Nations, au Championnat du monde, au Tour d’Espagne, à la Flèche wallonne bien que déclassé pour dopage) avec Driessens mais suite à une mauvaise chute au Tour d’Italie, Driessens le délaisse et travaille avec Pollentier. Une fois de plus, Driessens a eu des mots avec son coureur vedette (comme avec Van Looy et Merckx précédemment). Claeys mit Driessens à la lourde et engagea Fred De Bruyne à sa place mais Schotte ne s’entendait pas plus avec De Bruyne qu’avec Driessens. Pour lui, De Bruyne était un « showman », ancien commentateur pour la télévision. En 1979, Claeys engagea Jozef Huysmans en lieu et place de De Bruyne. Là par contre, entre Schotte et Huysmans, le courant passait mais Flandria n’était plus que l’ombre de la grande équipe qu’elle fut jadis et l’entreprise était en grande difficulté financière. Les coureurs n’étaient plus payés (Joseph Bruyère attend toujours ses derniers salaires). L’équipe se retire à la fin de la saison 1979 et la firme ferme ses portes en 1981.
Il est aussi à noter que le co-sponsor de 1971 Mars était représenté par un certain Hein Verbrugghen qui en était le directeur commercial à 28 ans. D’après Mark Van Hamme, le biographe de Jean-Pierre Monseré, Verbrugghen a malgré tout contribué au développement du cyclisme néerlandais et a imposé quelques coureurs néerlandais dans l’équipe dont le jeune Joop Zoetemelk. Mart Smeets, l’ancien commentateur vedette de la télévision néerlandaise, avait une autre théorie. Zoetemelk a couru en amateur pour Amstel Bier, l’équipe de Herman Krott, le créateur de l’Amstel Gold Race en 1966. Krott et Schotte étaient amis, d’après Smeets. Zoetemelk dit avoir choisi lui-même Flandria-Mars pour des raisons linguistiques. Quoiqu’il en soit, Mars, par la voix de Verbrugghen, s’est retiré du cyclisme après 1971 à cause de la chute fatale de Jempi Monseré, craignant la publicité négative que provoqueraient les procédures juridiques qui accompagnent généralement de tels accidents. Par contre, le drame a eu un effet « bénéfique » (si l’on peut dire). Il a entre autre permis l’arrivée de l’équipementier japonais Shimano dans les pelotons qui allait devenir n°1 au XXIe alors que Campagnolo détenait alors une sorte de monopole, d’où la théorie de complot de Maertens au Championnat du monde de 1973. Le directeur commercial de Flandria Marcel Verschelden avait apporté un dossier avec de nombreuses coupures de journaux sur l’accident et les funérailles de Jempi (Mark Van Hamme parlait de 35 000 personnes présentes mais l’estimation est incertaine) pour négocier le partenariat avec le représentant japonais et montrer à quel point le cyclisme était populaire en Belgique.
Enfin, Jean De Gribaldy avait rejoint le staff de Flandria en 1977 – donc passé à l’ennemi puisque son équipe de 1976 était co-sponsorisé par Superia. C’est pourquoi plusieurs coureurs français avaient rejoint les rangs de Flandria tels René Bittinger ou Marcel Tinazzi. Mais c’est aussi le Vicomte qui a offert son premier contrat à Sean Kelly et l’a emmené vers la Belgique. Le futur champion irlandais a donc commencé chez Flandria et s’est alors installé à Vilvorde dans la périphérie bruxelloise, puis à Merchtem dans la périphérie anversoise. C’est également De Gribaldy qui a attiré Joaquim Agostinho dans l’équipe Flandria en 1978-1979, lui qui l’avait découvert dix ans plus tôt sur des courses brésiliennes. C’est le Vicomte qui dirigea Agostinho vers ses deux places de troisième au Tour de France de 1978 et 1979 pour Flandria.
Dernière modification par Crabtree le 21 mars 2022, 01:27, modifié 1 fois.
- levrai-dufaux
- Equipier de luxe
- Messages : 6822
- Inscription : 09 oct. 2014, 10:43
Merci Crabtree pour cette vue d'ensemble et ces détails passionnants