A mon tour, évidemment, CR proportionnel au temps passé sur la route
, le #vraicyclisme, c’est ici et je m’excuse d’avance pour le pavé...
The day i die, voila le morceau d’Island que j’écoute en boucle durant les 50 mn de trajet qui me séparent du départ de l’Ariégeoise 2018 : J’aime bien avoir un air dans la tête quand je pédale, ca m’aide à déconnecter…
Sauf que j’imaginais pas ce titre aussi prémonitoire…
Déjà, je gère moyennement mon arrivée sur le site : bizarrement, je trouve de la place à la cultissime
_Nevada tout près du retrait des dossards. 3/4 d’heure avant le départ, je vois passer au loin les collègues locaux (Mancebo et Thejul) déjà en chauffe alors que je suis toujours en civil Je n’ai absolument pas étudié les conditions pour me rendre au départ.
7h45, je quitte la voiture...sauf que le départ est loin d’être à proximité de la base administrative de l’épreuve...1er coup de sang : je suis inlassablement les panneaux « Départ de l’Ariégeoise » sans tomber dessus. Pire : j’arrive au départ de la Montagnole
... Je suis simplement en train de faire le tour de la ville pour m’y rendre...7h57, l’organisation est magnifiquement huilée : j’arrive dernier sur la ligne, je n’aperçois même pas la banderole de départ...
J’ai pas encore mis un coup de pédale que la galère
_allobrogienne est déjà en marche...Bon, je gruge discrètement les cyclos du fond de la classe. J’entends que le départ est donné mais tel un Svein Tuft sur une grille de départ luchonnaise de F1, je ne passe la ligne que 2-3‘ après.
Bref, sur les 4 bornes de plat, je mets la braquasse pour remonter ce peloton fourni de près de 1000 coureurs. C’est déjà moins facile dans les premières douces pentes du fameux Pas de Souloumbrié, les coureurs utilisant l’entièreté de la route -laissant même parfois de la place à droite-
J’arrête les frais quand l’élastique commence à se tendre sur les pourcentages les plus importants : mes jambes me rappellent qu’il vaut mieux en rester là pour ce qui concerne la remontée : je bascule dans un groupe d’une vingtaine de gars avec du vieux sage qui va loin (dont un vieil écossais impressionnant...), du coursier qui vient s’affûter (message aux fous furieux en manchettes/chaussettes de compression) voire de quelques cyclos en sur-régime et de collègues de club de thejul a priori expérimentés…
Je me rappelle que mon rôle était de lancer mon leader au pied du Pradel mais je me dis qu’avec tous les gars qui portent un maillot l’Ariégeoise (très réussi d’ailleurs cette année), il y a de fortes chances que cette équipe domine la situation à l’avant…
Je suis plutôt à l’aise dans mon groupe (malgré un 1er saut de chaine) : je tente de me sustenter d’une de ces horribles barres énergétiques achetée pour l’occasion mais c’est impossible de l’avaler ; je recrache l’ensemble…
Je prends plaisir dans la descente suivant des coursiers de Balma et je confirme qu’une grande majorité de coureurs est très prudente bien que certains se positionnent au milieu voire à gauche de la voie.
Je squeeze le 1er ravito solide (erreur…) vu qu’il me reste un grand bidon et de la bouffe plein les poches et j’aborde le Chioula/Pradel (en déraillant une 2nde fois au passage...), j’comprends pas comment les 2 cols s’articulent. Je suis plutôt pas mal sur la 1ère partie ; du coup, je ré-essaie de manger quelque chose : une barre chocolatée que je recrache directement... En fait, je comprends que je ne peux ingérer que des gels ; donc je me décide à boire beaucoup dans ce long col souvent dégagé. Les parties raides sont difficiles pour moi, je suis déjà tout à gauche...Il fait chaud et soudainement, je passe en mode « survie » voyant désormais une majorité de coureur me dépasser.
Les 3 derniers km sont un enfer pour moi, je garde le moral en m’autoflagellant : c’est là que j’avais initialement prévu de produire mon effort.
Dans mon état, c’est même pas envisageable, j’suis collé et je commence à ressentir les effets de la chaleur sur moi : les pieds me brûlent, les taons m’attaquent, mon bidon se vide en un rien de temps...ca y est, je bascule dans le part sombre de la défaillance…
Et je constate qu’avec à peine 60 bornes de réalisées, je n’ai même pas couvert la moitié de l’épreuve. Le moral en prend un sacré coup....Et jolie surprise en arrivant : plus d’eau au ravito
...Je suis colère
; on nous dit qu’il y a une fontaine dans le 1er village en bas ; du coup, je braque un fond de bouteille d’eau d’une motarde qui me dit : « c’est nos bouteilles perso...» sauf que j’ai pas besoin de lui faire un dessin, elle doit voir dans mon regard qu’elle peut finir dans le ravin si elle partage pas…
J’attaque la descente : sur la base de l’avis des copains lors de leurs reco, je l’ai étudié sur google street.
Je débranche donc le cerveau et me lance à corps perdu...Je reprends beaucoup de monde, traverse les villages à toute berzingue...sauf qu’à 55 à l’heure, je tombe nez à nez avec les mecs en train de remplir leur bidon à la sortie d’une courbe, arrêtés en plein milieu d’une route de 3 m de large...et là, c’est le dram
….NON, finalement, je saganise la situation mal embarquée,je pile de toutes mes forces, j’aperçois quasiment ma roue arrière me passer devant...(vous avez l’image là?
), vois ma vie défiler mais me récupère sans trop comprendre comment…
Du coup, c’est débranchage total après cette montée d'adrénaline, je reprends groupe sur groupe dans la descente. J’aborde la montée du plateau de Sault dans un groupe d’une 10aine de coureurs et je retrouve quelques forces pour l’accrocher.
Après avoir rechargé les batteries au 3è ravito de la mi course, je redémarre avec 3 gars avec qui je discute 5’. On s’entend super bien et on se met à tourner dans le faux plat descendant. Je retrouve un peu de plaisir à bourriner à plus de 40 à l’heure après qu’un triathlète toulousain nous ait repris jusqu’à la 1ère sensation de crampe dans un léger faux plat sur lequel je passe le relais…Ca pique...
C’est frustrant car j’ai de meilleures jambes…
Plus frustrant encore : on se fait reprendre par un gros peloton à 5 bornes du pied de Monségur.
Je me cale derrière et essaie d’ingérer quelque chose : toujours impossible, ca m’inquiète pour la suite, je crains surtout la fringale. Je tente en vain de me faire vomir au fond du peloton...
Monségur débute : je dois m’arrêter 3 fois pour m’étirer alors que je suivais les 1ers du groupe qui explosait, dommage encore...La fin du col est horrible, j’ai toutefois l’impression de ne plus avancer. La chaleur est étouffante ; je m’arrose toutes les minutes. J’arrive au sommet difficilement ; du coup je me mets à discuter avec un voisin bigourdan : on ne se quittera pratiquement plus, une histoire est en train de naître
…Pardon je divague…
Je me ravitaille à base d’eau salée : tiens, ce ravito est plutôt intelligent du coup ; je peux dire que je suis capable d’avaler du sel sans eau tant mon organisme doit en demander...Je me lance dans la descente avec mon collègue pour les 25 km en faux plat descendant. Comme je ne suis plus à un paradoxe près, je comprends très vite qu’il va falloir commencer à gérer…
Donc, logiquement je laisse faire mais ca roule pas dans le groupe qui se constitue : ca revient de l’arrière, notamment un groupe de basques jusqu’à un faux plat de 500 m qui fait exploser le groupe et pour lequel je me retrouve... en chasse patate
; je rentre seul progressivement mais j’arrive pas à boucher les 50 derniers mètres : les mecs ont embrayé juste au sommet...Du coup, c’est le cercle vicieux de la connerie en barre
: tu te dis que t’as pas fait autant d’effort pour rien, donc t’en remets pour tenter de revenir...puis un gars te rattrape, te dis « allez, on rentre... »
...Bon, du coup, tu le crois, le mec, donc t’en remets une avec lui...mais en fait, non, tu rentres pas, t’es toujours à 50 m...tu prends ton relai, tu te retournes et le mec a sauté...VDM !!!
Donc voila, je suis tout seul, vent dans le pif à 32 à l’heure mais j’ai bien entamé mon faible capital énergie dans cette manœuvre ridicule…
Cerise sur le gâteau quand tu t’arrêtes au dernier ravito et que tu vois les basques en train de rigoler en bouffant du saucisson et un peloton de 50 gars débarquer 30 sec. derrière toi…
La dernière ascension (re-Pas de Souloumbrié) est un vrai calvaire dans cette chaleur : je vais de plus en plus loin dans la souffrance, je dois m’arrêter 3-4 fois pour profiter d’un peu d’ombre (y compris à 300m du sommet), j’avance plus : là où je passe en 32’ le matin, il me faut 53’ sur le final...
Je descends tranquillement, je suis plus que tout seul, je passe la ligne dans un état second et craquouille
même quelques secondes au ravito…
Résultat : 7h30, 523è/900, beaucoup d’abandons apparemment
J’ai fini, c’est mon seul motif de satisfaction
Je finirai ma soirée sur un anniversaire familial au cours duquel je commence à retrouver l’appétit...(peut être grâce aux 2-3 bières enquillées)
Mais croyez moi, heureusement que je n'ai pas croisé de chèvre sur ma route...