J'y vais de mon petit CR alors, même si -très honnêtement- je suis déçu de ma perf et je n'ai donc vraiment pas envie de m'y attarder.
Enfin, je vais faire un effort.
Comme chaque année, c'est mon objectif annuel (avec les 24h vélo fin Août). Pendant un an, à chaque fois que je monte sur le vélo, c'est forcément en ayant une petite arrière-pensée pour l'EDT. Si tous les chemins mènent à Romme, comme le veut le bénévole rencontré par marcogino, toutes mes sorties mènent à l'EDT.
Alors forcément, quand début du mois de Juin mon petit refile une rhino, je n'en mène pas large. Le truc, c'est que ce rhume ne va pas se barrer comme prévu. J'insiste pour faire l'Ardéchoise sous anti-bio, et ce n'était peut-être pas l'idée du siècle. Les anti-bio eux-mêmes me refilent plus ou moins toutes les complications possibles, bref, c'est un mois de juin à chier !
Dernière semaine avant l'EDT, je me concentre sur les basiques, qu'on oublie finalement trop souvent avec l'habitude. Sommeil, recharge des stocks de glycogènes, hydratation avec de l'eau minérale et étirements. À défaut d'arriver en pleine possession de mes moyens, j'aurai au moins soigné le reste. Mieux ! Je ne bois pas une goutte d'alcool les 2 semaines précédents l'EDT (et Dieu sait qu'il fait chaud maintenant en Drôme, du coup la petite binouze de l'apéro attendra).
Les deux dernières semaines, je n'ai fait que des séances de seuil (finie l'endurance, que je sais de toute manière soignée). Le mercredi, malgré la chaleur, j'ai de bonnes sensations dans mon col de référence à l'entraînement (sachant que j'ai 50 temps répertoriés, et que le compteur m'indique 33°C de moyenne sur une sortie qui a débutée après 18h, le temps en lui-même n'est pas forcément révélateur). Ça fait du bien à la tête, est-ce que je vais finalement arriver dans de bonnes conditions sur l'EDT ?
Le jeudi je me sens fatigué et j'ai mal à la gorge. Super.
La semaine en elle-même a également été stressante. Ce sont nos premières vacances avec le petit, et en plus de ne rien oublier de tout le matos habituel lié au vélo, il ne faut rien oublier pour lui non plus, et préparer tout ça en laps de temps court.
Vous l'aurez compris, je n'arrive pas vraiment reposé mentalement, et physiquement c'est moyen aussi.
Ceci étant dit, j'essaie de me tranquilliser l'esprit, en me disant que je vais appliquer la technique Mancebo82. À savoir, gérer mon début de course pour mieux finir. Je veux aussi voir si mes coups de bambou réguliers viennent de là. Vu la difficulté du parcours et de l'enchaînement Romme-Colombière, je suis assez serein sur cette façon de procéder.
Le matin même, une moitié de Gatosport saveur "gâteau au yaourt" (pas exceptionnelle celle-ci), un thé et vers 5h30 je suis prêt à partir. Je suis sur la rive ouest du lac, et il y a une superbe piste cyclable bien détachée de la route (et propre !) qui longe le lac jusqu'à Annecy. C'est top, et inutile de dire qu'il y a pleins d'autres cyclos qui rejoignent leurs sas !
Un mec arrive à sucer ma roue même ici, je me dis que ça commence bien et j'espère que ça n'a rien de prémonitoire.
Je retrouve mon frère tout début du sas 1 et j'enjambe la barrière pour le rejoindre (l'avantage d'avoir un frangin qui a des objectifs ^^). Bon en vrai, vue ma tactique de course, je serais parti fond de sas, ça ne m'aurait pas gêné.
Un peu avant le départ, légère gêne gastrique, je vais peut-être en profiter pour aller aux toilettes. Et là, miracle, il y a trois cabines pour plus ou moins les sas 0, 1 et 2 ... Et -bien évidemment !- il y a la queue.
Le mec derrière moi est du sas 0 et voyant l'heure tourner il commence à s'affoler. Il compte les gars dans la file devant lui. Je lui demande quelle est l'heure de passage estimée afin de plaisanter un peu. On enchaîne ensuite sur le temps moyen passé aux toilettes que l'on divise par le nombre de guitounes. Il en vient à la conclusion qu'à moins de 5 minutes, ça devrait passer si "tout le monde est efficace".
Sa nana est venue l'encourager et pendant qu'elle discuter avec lui, elle remarque qu'une fille dans la file d'attente est entrain de passer alors qu'elle a un dossard 8000 et quelques ... C'est abusé, il doit y avoir des dizaines de guitounes (enfin non, 3 pour 3 autres sas plus probablement) plus loin, pourquoi venir squatter là sérieux ?!
Grosse organisation dans la file d'attente, quand tu rentres dans le money-time, les mecs enlèvent déjà le maillot qu'ils poseront à l'entrée juste avant de fermer la porte. Ceux qui sortent ont le droit à des applaudissements de ceux qui attentent. Grosse ambiance.
Finalement, je passe et je vais rejoindre mon sas. J'étais assez large, une petite dizaine de minutes.
Le sas 0 part, et je vois un gus dans la file qui attend, attend, attend ... "il va finir par avancer à bloc quand tout le monde sera parti je suppose ?". Ah bah, non, il reste à attendre le départ de notre sas, bizarre.
Finalement, c'est parti pour nous aussi. Avec ce temps devant les toilettes, ça ne m'a jamais paru aussi court.
Et là, petite surprise ... ça roule pépère. On est à 37/38km/h, pépère, sur les bords du lac. Si bien que je suis OKLM dans les 10 premiers. J'hésite à aller rouler histoire de dire que j'avais presque rempli l'objectif (rentrer dans les 1000) au moins une fois, puis je me ravise.
Sur tous les bords du lac, ça roulera de manière un peu décousue. Parfois une grosse accélération, parfois des freinages de guignols qui n'anticipent rien. Et surtout, on s'aperçoit qu'on remonte BEAUCOUP de dossards +10k. Ils avaient complètement grillagés le sas 0 cette année, donc impossible qu'ils étaient dedans. Je pense que ce sont des gars qui voulaient partir tôt malgré tout, et qui se foutaient de déclencher le chrono. Ils se sont donc élancés depuis leur location ou leur hôtel.
Petit message à ces gens : vous êtes des blaireaux. Voilà, comme ça c'est dit.
Non, plus sérieusement, c'est super dangereux. Les gars se rangent à peine, et il y a de belles différences de vitesse. Donc quand tu arrives dans un peloton lancé à vive allure avec vision limitée ...
Je ne suis pas mécontent d'arriver dans la côte de Talloire, première difficulté non-répertoriée du jour. Là je la monte à mon rythme, tranquille. Idem dans la suivante, la cote de Bluffy. Je ne m'enflamme pas, mais force est de constater qu'on me double quand même beaucoup. Tant pis, j'attends la Croix Fry, ça devrait se tasser.
Reste quelques kilomètres de plat pour arriver dans la Croix Fry, et je suis dans un groupe qui roule honnêtement. Ça va faire bientôt une heure que l'on est parti (le tour du lac est long mine de rien), et je m'alimente avant de rentrer dans le vif du sujet.
Début du premier col. Encore une fois, tout en souplesse. Et encore une fois, ça remonte beaucoup sur les côtés. Plus trop serein sur la tactique finalement ... Je repense immanquablement au CR de Mancebo, allez, ça va le faire.
J'ai d'ailleurs l'occasion de constater ces dizaines d'abrutis avec des dossards 3k, 5k, 8k ... qui montent à la même allure que moi. Eux, n'ont pas respecté les règles non plus, et ils se sont élancés d'un sas qui n'était pas le leur ...
Toute la montée, je suis deux - trois gus que j'entendais dire au pied "qu'ils voulaient gérer". Ça me rassure (un peu).
Avant la partie dure de la Croix Fry, je reviens sur une fat bottom girl avec vélo Canyon et sans dossard. Je la dépasse au début du raidard ... pour finalement la voir me redépasser après le raidard. Wow, j'ai rien contre elle, mais là tous les indicateurs sont au rouge, c'est quand même pas une super nouvelle !
Je continue sur ma lancée, gestion, gestion, gestion.
On est dépassé par quelques fous furieux du sas 2. Dedans, il y aura notamment le vainqueur (Lafay) et quelques types très bien placés (Bescond).
Arrivé au sommet, mini-arrêt histoire de re-remplir un bidon et je me jette dans la descente. L'occasion de constater si mon "déblocage" est réel ou factice. Et ... hé bien ça va vite ! J'engueule au passage un type qui est debout sur les freins sur la voie de gauche. Pas manque de lui avoir gueulé 2 fois de se ranger ...
Belle descente, ultra-rapide, pas bien technique. On dirait bien que le déblocage est réel et ça fait plaisir.
Malgré mon arrêt, je retrouve un groupe avec ... notamment la fat bottom girl, peu avant le pied des Glières (mais également d'autres maillots aperçus dans la montée). Ça fait zizir !
C'est parti pour le hors d’œuvres du jour. 6km à 11%, mais un premier kilomètre plutôt autour de 8%, et 500m de replat à 1,5km de la ligne. Autant dire que le reste du temps c'est entre 12 et 15% tout le long.
Encore une fois, je ne m'affole pas. Et déjà, ça me dépasse moins, et moins vite, mais ça me dépasse toujours. Le cardio passe quand même régulièrement autour de 165, difficile de gérer dans des passages à 15%, n'est pas Poels qui veut.
Après le premier kilomètre un jeune avec un maillot "les cyclos du crochu 37" me dépasse en disant "putain mais on a fait que 1km là-dedans ?!". Bah ouai, et c'était le plus facile !
Ça ne manque pas, je le reprends quelques centaines de mètres plus loin, il est à l'agonie entrain de râler contre la pente.
Ça doit aussi être par là que je vois un dossard 2k, maillot Sky, marcher comme une merde à côté de son vélo. Tout ça pour ça ...
Hop, passage au sommet des Glières, je sais que j'ai géré, la fraîcheur est là malgré la pente des Glières (honnêtement, un 34 derrière m'aurait évité une séance de force).
Quand on débute le passage gravel, je vois un type qui marche à côté de son vélo, il a le dérailleur arrière arraché (petite pensée à Demosys pour "sa spéciale"
).
RAS sur ce passage, si ce n'est effectivement que ça a été largement ratissé.
Re-mini arrêt au sommet pour pipi/bidon. Un p'tit vieux est tout seul devant les stands avec de l'eau, du coup, arrêt ultra-rapide. Tellement rapide que j'oublie de remettre de la poudre comme un boloss.
Je m'engage dans la descente, que je sais beaucoup plus technique, et parfois légèrement piégeuse. Dans les premiers lacets, je suis au coude à coude avec un mec du TAC cyclo (69). Je me fais pas la peau, j'ai l'impression qu'on va aussi vite. Puis en fait non, il se traîne. Je le passe. Ce couillon tente de faire l'intérieur dans le lacet suivant pour la seconde fois de suite :
Je le lâche irrémédiablement, et je m'envole dans cette descente. Tellement à l'attaque qu'une pédale touche le bitume dans un lacet. Plus de peur que de mal, je continue à bloc. Strava le confirmera, j'ai fait une descente tout à fait honnête.
Je rentre sur un groupe et je fais le choix d'attendre le haut des Fleuries pour faire un arrêt éclair afin de verser mon précieux (i.e. la poudre dans le bidon).
Le groupe roule bien, notamment emmené par un type qui disait au pied être "complètement crampé".
À un moment, souhaitant me préserver pour la suite, je suis presque à deux doigts de me laisser décrocher. Puis le vent de face vient calmer les types devant, donc je recolle.
Hop, arrêt éclair en haut des Fleuries pour verser ma poudre. Ça dure quoi ? Une minute toute au plus, je vois trois groupes passer. Descente solo à tombeau ouvert, je vais reprendre 2 groupes. Petit droit dans le dernier rond-point de la descente mais RAS. Je fais les premières petites cotes à bloc pour rentrer sur le groupe que je laissais partir au sommet, et ça rentre bien.
Ce groupe va grossir jusqu'à arriver au pied de Romme. On ne peut pas dire que ça roule violemment, pourtant des neuneus en fond de groupe ne font pas l'effort de tenir les roues en sortie de virage alors que ce sont des non-relances. NON MAIS OH, t'es sas 1 ou tu l'es pas.
Idem, devant, on retrouve des kakous pour attaquer et tenter de sortir en solo sur le plat ...
Au final, on a regroupé tout ce petit monde juste en entrant dans Cluses, petite pensée aux attaquants du jour.
Là, arrêt un tout petit peu plus long (le fameux 3-4 minutes à la gradouble !). Je m'asperge d'eau car il commence à faire chaud. Et je repars. Normalement, c'est maintenant qu'il faut embrayer.
Je vois mon père, venu nous encourager mon frère et moi, au pied de Romme.
Ça démarre pas trop mal, mais je suis loin de voltiger. C'est pas la grosse réussite du pari.
Sur les bas côtés, ça commence à être l'hécatombe. Les gars qui s'arrêtent d'un coup en soufflant comme de boeufs, ceux qui font la sieste, les autres qui cherchent de l'ombre. Romme est terrible et ne pardonne pas grand chose, spécialement placé comme il l'est en fin d'étape.
Je passe au sommet, pas super frais mais toujours en vie. Petite descente rapide sur le Reposoir (la descente a été balayée entre temps, car c'est ce qui la rendait plus dangereuse que le reste).
Là, je fais un arrêt pas prévu. Je recharge un bidon avec juste de la flotte, histoire de m'arroser si nécessaire. Et re un arrête de 3-4 minutes à la gradouble. Ça me fait chier.
Franchement, je suis loin d'être serein face à la Colombière dans ce sens. Oui c'est 7km, mais les 2,5 derniers sont terribles. Et puis au final, bah là ça monte pas mal du tout.
Encore une fois, ma vitesse n'est pas ahurissante, mais je reprends des types à la pelle (petite pensée pour le gars qui éclate sa chambre à air à mi-col). Dans la tête, ça fait beaucoup de bien et ça me motive à continuer ainsi. Dans le dernier kilomètre, c'est vraiment dur, c'est une fournaise. Pas un pet de vent et le soleil tape sur la roche. Bien content de pouvoir m'asperger, mais ça ne suffit pas !
Au sommet, je vois un panneau avec chrono barré, le même qu'au début de la section gravel. Merde, ils ont banalisé la descente ? Bon je la fais quand même, pas complètement à bloc, mais un peu.
Au final, j'aurais du, ça ne voulait pas dire que la descente n'était pas chronométrée mais que c'était la fin de section de chronométrage de la Colombière ... merci pour cette signalétique foireuse les gars !
Voilà, étape terminée en 7h15 avec 16' d'arrêt. J'aurais du m'arrêter moins.
Je viens de regarder mon classement, je suis tout juste dans le top 2000 pour pas grand chose (chaque jour je perds des places !
). Même pas dans le top 2000 pour le challenge grimpeur.
Très intéressant, les classements dans chaque col : ~3500 dans Croix Fry et Glières (quand je vous disais que j'admirais le paysage), top 2000 dans Romme (mouai), et ~1300 dans la Colombière. Malheureusement, le temps repris ici ne suffit évidemment pas !
Seule satisfaction : mes descentes, sans quoi j'aurais pris encore plus cher au classement.
Conclusion : La prochaine fois, j'arrête mes conneries et je pars à bloc comme d'hab, et on verra bien ce qui se passe ensuite.
I AM THE LAW. (Chris Froome)
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