Bon allez, ça fait un bail, donc je vais vous conter un peu ma cyclo de la veille, la cyclo des 3 Cols (du côté de Lyon).
Pour une fois, je ne suis pas trop insatisfait du résultat, donc on va en profiter.
Fidèle à la préparation prônée par le grand préparateur physique et cyclosportif émérite, un certain
Fab1 Alloquelquechose, la veille au soir je vais m'enfiler un burger frites + coulant au chocolat chez
Joe à les crocs (ouai, ça ne s'invente pas).
C'est donc sans pression pour moi (enfin si, avec pression pendant le repas, mais pas lendemain). J'ai fait 100 bornes dimanche, rebelote (ou presque) mardi, je n'ai pas compté mes efforts et je me suis fait plaisir, c'est donc totalement pour le plaisir que je m'y présente.
La météo était -un temps- annoncée au déluge, au final on n'aura pas eu une seule goutte d'eau.
Je devais me faire le grand parcours, et les contraintes familiales ayant bougées avec les grèves de trains, je ne m'alignerai finalement que sur le petit pour être rentré pas trop tard. 3 ans que je la fait, ces dernières années plutôt en mode randonneur avec des amis "en reprise de saison" (ouai ouai un 10 mai
, non mes amis ne sont pas tous du clan des allobroges re-
).
À noter que le petit parcours fait "déjà" 100 bornes. C'est assez marrant d'ailleurs, car sur le site c'est indiqué 105, sur les panneaux en course c'est 95 ... et au final c'est pile au milieu (dédicace à Bayrou).
Le matin, je suis prêt à l'heure et à 5 minutes près je décolle à l'heure que je m'étais fixée. Ça roule bien (un 10 mai autour de Valence, même à 6h du mat', c'est pas toujours évident). Je me suis prévu d'être vers 7h30 sur place. Pour un départ à 9h, ça fait tôt, mais je veux être bien placé.
Une fois passé Lyon, avec tous les travaux pour l'A89, j'arrive à louper la sortie.
Et je vois le GPS qui indique +25 minutes de trajet !!
Je fais de la merde, je ne prends pas la sortie suivante (celle vers l'A89) qui m'y aurait sans doute amené plus rapidement mais "comme le GPS ne le dit pas", je considère qu'il sait mieux que moi. Sauf que, évidemment, vu que c'est tout nouveau il n'est même pas au courant que ça existe. Et re-
J'arrête les frais et je prends la sortie d'après même s'il ne le dit pas. Et merde ! +5 minutes par rapport au temps déjà perdu.
Bon là, je fais vraiment de la merde et j'appuie champignon pour réduire ce p*tain de retard. Toutes ces heures à conduire avec respect des limites de vitesse pour tout gâcher parce que je vais être en retard sur ma cyclo.
Il manquerait plus que je me fasse flasher, ça serait le pompon (on verra dans quelques jours si j'ai le droit à cette "surprise" ...).
Juste avant "la Tour de Salvagny", j'arrive à rater encore une sortie (forcément, le GPS est complètement à l'ouest, le bled n'est même pas indiqué à l'avance, les routes n'existaient pas il y a encore quelques mois, quel foutoir !!). Bon cette fois, c'est sans dommage, je prends celle d'après et ça revient au même.
À peine 8h sur place, je voulais être à 8h15 sur la ligne, j'ai pas encore récupéré mon dossard ... Bref, ça va être préparation en speed. Tout est prêt, je me pointe aux dossards vers 8h15 justement. J'hésite à abandonner leur vieux sacs remplis de prospectus (dans la salle) pour ne pas avoir à repasser à la bagnole, puis finalement je ne le fais pas. Je me presse, et à 8h25 je suis sur la ligne (sans échauffement ni rien, incompatible avec une présence tôt sur la ligne).
Et ... il n'y a que 4 pélos déjà présents. Bon bah au final, on va dire que cette demi-heure perdue sur la route s'est faite au chaud au moins.
Il y a un sas prio, mais s'ils sont 20-30, c'est déjà pas mal. On est un peu plus de 300 sur notre parcours a priori selon le speaker. Ils font le tirage au sort des roues Mavic sur la ligne et comme ça tu sais en direct si t'es le chanceux concerné. Bon, vous l'aurez compris vu mon arrivée sur place, je ne suis pas le gars en question.
Allez, on est enfin parti. Le départ est neutralisé sur toute la partie descendante, soit 2km. Des mecs tentent quand même n'importe quoi pour remonter ... C'est vraiment useless, parce que juste après on sera dans le vif du sujet, et tu auras toute l'occasion de remonter à la pédale.
Et évidemment, ça part fort, je serre les dents derrière (pour ne pas changer). On avale les km de montées entrecoupés de quelques parties plates. Puis après une dizaine de km, une chute dans un virage en montée coupe nos efforts. Elle est sans conséquence, mais nous sommes piégés et mes beaux rêves de gloire s'envolent.
Quelques costauds avec maillots "Pavé d'Affinois" font le train pour rentrer, puis on entre rapidement dans le premier col de la journée. Inutile de dire qu'on ne reverra jamais le peloton des leaders et ce sont donc ~70 types qui ont pris la poudre d'escampette.
Le rythme est élevé mais je suis quand même pas trop mal calé dans les roues. Deux maillots Btwin reviennent finalement sur notre petit groupe, et l'un commence à envoyer sévère devant. C'est trop élevé pour moi, je lâche quelques mètres petit à petit, afin de ne pas exploser tout en continuant sur un rythme soutenu (pour moi).
En haut du col, on a quelques portions plates avant d'enchaîner sur une seconde partie relativement courte et moins pentue.
Entre les mecs revenus de l'arrière et ceux repris de l'avant, on a reformé un petit groupe d'une dizaine de gus. Ça roule pas mal, mais un mec de l'ECOV fout une mine considérant sans doute que ça ne va pas assez vite pour lui.
Personnellement, je ne veux pas casser la belle ambiance, donc je commence à rouler en tête tout en prenant soin de ne pas mettre dans le rouge mes compagnons. On est finalement deux-trois à se relayer, et on garde l'ECOV en point de mire.
On attaque la longue descente qui doit nous emmener jusqu'au prochain col. À un moment donné, des mecs prennent la mauvaise direction (avaient-ils seulement un dossard ?), mais ça fait que je me retrouve seul dans la pampa (soit les mecs du groupe sont devant, soit ils sont paumés derrière). Qu'à cela ne tienne, je vais tenter de faire la descente. Elle n'est pas très rapide, ni spécialement difficile, faut par contre pas mal envoyer. Et c'est très bien ainsi, dans la mesure où ils ne cherchent pas vraiment à rouler comme des boeufs devant, je finis par recoller. Personne derrière par contre.
On attaque donc le second col (à noter qu'on a repris le gars de l'ECOV au pied), un col irrégulier avec de beaux petits raidards et quelques replats, ça me plait bien.
Assez vite, le groupe explose, chacun montant à son rythme. On s'isole devant avec un vieux maillot bleu-vert "fluorescent", un gars avec la carrure de Dumoulin-Indurain, du poil aux pattes sur un Cannondale (dans ma tête je l'appelle Allobroges, ouai, vous aurez remarqué ce CR lui est dédié !), un gars avec un maillot qui ressemble à celui de Colombia Es Pasion, et un Jeanlain qui fera toute la première partie d'ascension en tête.
Je suis impressionné par Tom Dumouallobroges. Il faut la soulever sa grande carcasse dans les pourcentages à +10-15%. Avec son Cannondale et sa transmission qui craque, il doit envoyer pas mal de watts.
Sur la deuxième partie d'ascension, je me cale en tête. Au sommet on fait les comptes, on a basculé à 6-7.
Nous voilà sur la partie où il ne vaut mieux pas être seul. Ce sont des grandes routes exposées au vent en faux plat montant ou descendant. Et ça dure une bonne dizaine de km.
Je vois le vieux avec son maillot fluorescent (bordel mais les couleurs sont dégueu que fait la police du style !) déjà sauter ses relais. Super papy, on doit être à la moitié du parcours, qu'est-ce que tu fous ?
Et c'est à ce moment précis que j'ai un saut de chaîne, elle se bloque entre le petit plateau et la boite de pédalier. Elle me raye à moitié la boîte, et je perds quelques dizaines de secondes sur le bas côté à tenter de débloquer ça. P*tain de b*rdel de m*rde !!
Je repars, mais je suis seul. Personne devant, personne derrière. La route serpente, j'aperçois mon groupe pas si loin. Je décide de me mettre en mode chrono. Et j'envoie, j'envoie.
À la séparation grand / petit parcours, je m'aperçois que le groupe n'était pas celui que je pensais vu qu'ils vont tous en face.
Je continue d'envoyer, je vois deux groupes plus loin. Allez go go ! Je finis par rentrer sur un groupe, mince ce sont des randonneurs ... Je me fais une raison, je ne rentrerai pas, on arrive sur des faux plats montants avec vent de face. Je décide de temporiser et m'alimenter dans les roues des randonneurs en priant pour le retour d'un groupe.
Malheureusement personne. Ils ont tous abandonnés derrière ou j'étais si mal placé au moment de la chute ?!
À ce moment précis, je me sens tel un Richie Porte qui perd le podium du Tour sur un pépin mécanique (bon moi c'est sur les 3 Cols et c'est pour une anonyme place, mais quand même
).
Bon, impossible d'attendre plus, on se traîne le boule là. Je repars seul, assez vite on passe au "sommet" et on va enquiller du faux plat descendants. J'envoie sévère, tout en constatant qu'aussi loin que je puisse voir, je n'aperçois que des mecs solos, donc des randonneurs. J'entre comme une balle dans le dernier vrai col de la journée. Peu de temps après mon passage, j'entends le signaleur siffler. Bizarre, il n'y avait que des randonneurs derrière moi, et ils étaient loin ?
Au milieu du col, je me retourne, et j'aperçois qu'il y a un gros groupe (peut-être 20-25 mecs) qui semble revenir sur moi.
Bon, se faire reprendre dans le col n'a aucun intérêt, donc je continue tout en levant légèrement le pied afin de ne pas être repris à la rupture.
Plus on se rapproche du sommet, plus je me retourne. Ouai je confirme, ils reviennent sur moi, ça a l'air de bien grimper. Cool !
Je me fais reprendre pile sur le sommet, précisément ce que je voulais, et je me cale dans les roues. On a ici quelques faux plats exposés avant d'entamer la descente la plus technique du parcours (mais pas très compliquée à négocier). Il y a quelques années, je me rappelle qu'ils indiquaient "descente dangereuse". Les mecs, faudrait venir voir l'état de nos descentes en Ardèche, c'est autre chose que ce billard !
Tiens, en plein milieu de la descente, j'aperçois Tom Dumouallobroges qui remonte en regardant le fossé, il a du perdre un bidon.
Je suis dernier du groupe, mais je descends bien, pas sur les freins ou quoique ce soit. Le problème, c'est que je ne peux pas en dire autant des quelques gus devant moi et on se retrouve largués à cause d'eux.
Une "chance", j'avais déjà remarqué qu'un mec qui descend mal était également celui qui cherchait absolument à mettre des mines ou accélérer le rythme quand ça grimpait. Ça ne loupe pas, sur le plat il fait le forcing pour recoller. Je suis le premier à envoyer devant, mais j'ai des crampes qui montent dans les cuisses.
Bon, je n'en fais plus une. Je me cale dans les roues, j'attends qu'on rentre et je m'alimente/bois tout ce que je peux.
On tourne à droite puis on entre sur la route qui nous mène dans la dernière difficulté du jour. 2/3km de montée qui se terminent par un superbe raidard avec passages à autour de 15%.
Dans la montée, je passe le petit plateau et ... rebelote, saut de chaîne. Le truc qui ne m'arrive ABSOLUMENT jamais, le dérailleur s'est déréglé dans la voiture ou quoi ? J'enrage à mort, je me vois déjà perdre DE NOUVEAU mon groupe.
Je m'arrête direct, je remets la chaîne (pas trop coincée cette fois). En remontant sur le vélo, je constate que le groupe n'est pas si loin, j'envoie à mort pour rentrer. Ouf ! Ils n'ont pas décidé de faire la montée à fond, je pense qu'ils sont quelques uns à en avoir plein les bottes. Je suis rentré avant le raidard, ça me permet de récupérer un peu.
Je ferai sagement le raidard dans les roues (peur de la crampe). Et sur toute la fin de parcours, je me méfie des passages sur petit plateau.
Il reste encore quelques petites cotes, on a quelques mecs qui tentent d'accélérer ou de mettre des mines, mais ça revient toujours. Ah ! Qu'est-ce que j'aimerais avoir les jambes et les moteurs pour tenter de partir seul maintenant. À peu près à 5 bornes de l'arrivée, je resserre mes serrages atop, me sens tel un Peter Sagan préparant le sprint.
J'ai bien senti le truc, puisque je vois rapidement la panneau "arrivée 4km" (pas d'autres panneaux du genre avant). 2km plus tard, on arrive en bas de la descente, ainsi on va donc remonter 2km pour finir.
On sent une certaine tension dans le groupe, ça occupe plus d'espace sur la route, ça cherche à se replacer.
Je suis en fond de groupe, pas sûr de mes jambes. Elle est longue cette montée.
À 800m de la ligne, un kakou me lance "
allez, c'est le moment là", je le regarde "
avec le vent de face qu'il y a, je ne crois pas non". Mais je me décale car je sens qu'il avait l'envie de se lancer depuis un moment (il a plusieurs fois tenté dans les derniers km).
Il accélère, je suis immédiatement dans la roue, mais ce n'est pas assez franc et il emmène tout le monde sur le porte-bagages. Je me décale (pas envie de me retrouver en tête à ~600m) un peu trop vite et je perds ma place dans sa roue. Je me retrouve de nouveau en fond de groupe, là vu la bonne vitesse je me dis que j'ai loupé le truc.
Dernier petit rond-point et on est à 500m.
Les mètres défilent, on sort du rond-point bien lancé, le mec devant moi commence à accélérer mais ... il se rassoit. Il n'a pas été assez confiant ! Moi ça me permet d'être lancé, j'aperçois les barrières de chaque côté de la dernière ligne droite et je sens que c'est le bon moment.
J'anticipe donc très légèrement le sprint, et je pars pleine balle sur le côté complètement opposé de la route. Je jette un bref coup d'oeil par dessus l'épaule pendant la manoeuvre et je me rends que je suis bien sorti, personne pour prendre la roue !
Là, je donne tout, les jambes brûlent mais je passe finalement la ligne avec une très légère avance sur le premier poursuivant.
Bref, malgré une cyclo un peu pourrie par des problèmes méca, je suis quand même content de finir ainsi. Je regarde le compteur, 31km/h de moyenne, j'avoue que je visais plus les 33km/h, mais c'était sûrement présomptueux.
En rentrant, je m'aperçois que je suis dans les 75 premiers. Ça aurait peut-être pu être légèrement mieux sans la chute et l'incident méca, mais pas grandement mieux.
I AM THE LAW. (Chris Froome)
I'm here to kick ass and chew bubble gum, and I'm all out of gum. (Duke Nukem)
(je déconne , hein).
). Petit parcours sur causses et gorges du Tarn (107 km après modification du parcours), grand parcours sur l'Aubrac (155km).
.
. Ma journée est faîte, je retourne au pieu.
)
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