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Par Le sucre sportif
#2709559
Mercredi 5 juillet : Etape 43 : Tour de Bergame !
Spoiler : :
Villabella (Italie) – Villa d'Almè (Italie) 190kms, D+ 1280m, difficulté 2/5
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C'est plat jusqu'à rejoindre le parcourir du tour de Lombardie au km130, j'attaque en fin de journée le Colle Gallo (7,7km à 5,7% de moyenne)
Village-départ : Villabella
Spoiler : :
Villabella est un hameau de la commune de San Bonifacio, dans la province de Vérone en Vénétie. La ville de San Bonifacio à 20 000 habitants et se trouve à 15kms à l'est de Vérone.

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La campagne autour de Vérone, au pied des Alpes :love:

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La ville de Vérone, à la tombée de la nuit, s'étendant sur les bords de l'Adige

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Le Ponte Pietra, à Vérone

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Vérone est également célèbre pour être le théâtre des aventures des célèbres Roméo et Juliette, on peut y attendre que la belle se montre à son balcon :manolo:

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Les arènes de Vérone

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Le lac de Garde, au nord-ouest de Vérone :love:

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Le début des Alpes, au nord du lac de Garde :twisted:
La chanson du jour :

:cheval:

C'est le grand jour, je m'apprête à rouler sur les routes du Tour de Lombardie :hate: Je pars pour environ 120kms de plat, profitant de la vue notamment sur les Alpes et le Lac de Garde puis, après Brescia, je chercherai à prendre la direction du Colle Gallo. Je vais profiter de ces vues magnifiques toute la matinée et arrive le midi près de Brescia. Il fait très chaud et je décide de m'arrêter à un supermarché, ou je m'achète un gros paquet de chips, une bouteille de soda, bref que de la malbouffe ainsi qu'une bouteille d'eau pour remplir mes gourdes :green: . Je discute avec un mendiant qui comme moi, trouve de l'ombre contre un mur, le soleil étant écrasant. Je vais attendre ici quelques temps, étant à moins de trois heures de Bergame, je devrais arriver au Colle Gallo en fin d'après midi, le timing est impeccable, et je garde du jus pour les prochains cols que je redoute ...

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La Rotonda (Vieux dome de Brescia)

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Le château de Brescia, sur le mont Cidnéo

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Le lac d'Iséo, entre Brescia et Bergame, où j'avais prévu, quand j'avais fait mon parcours en avril-mai, de dormir avant de tenter le tour de Lombardie dans la journée :tonton:

Ayant déjà pas mal roulé, et comme la première boucle autour de Bergame retourne par le sud puis vers l'est, je vais croiser le parcours à Mornico al Serio, 20kms avant Bergame :study: . Plutôt que d'aller jusqu'à Bergame et de faire la boucle entière, je décide de rejoindre Mornico, après environ 120kms de plat, et d'aller directement vers le Colle Gallo, car j'ai pris du retard hier, ce qui me permettra de bien m'avancer en prévision de demain et de gagner environ une cinquantaine de kilomètres :kelmeur: .

Je dois quitter les grands axes en direction de Trescore Balno, mais ce village n'est pas indiqué. Au rond-point où j'aurai dû prendre à droite direction la montagne, je continue tout droit, fait deux kilomètres et demande à un passant la route. Je fais demi-tour et vois un scooter se faire percuter par une voiture en face de moi :ouch: . Le motard fait un vol plané mais se relève indemne. J'en suis refroidit. En fait, le scooter avait tourné sans clignotant à gauche pendant qu'une voiture le dépassait :boulet: . Un témoin qui a vu comme moi la scène puis le motard ce relever comme si de rien n'était, commence à lui hurler "TU AS LA SANTE DE LA MADONNA" :italia: (je vais comprendre l'importance de la Madonna, dans les prochains kms...). N'étant pas très efficace pour les premiers secours, je me contente de ralentir les véhicules arrivant, de faire la circulation pendant que l'on aide le motard à relever sa moto (car vu comme mes bras ont fondu, je n'aurai pas été très utile :siffle: ), ce qui me permet de me calmer et de me refocaliser sur les prochaines difficultés :cheval: .

Je prend la route du parcours de 2015 (car je vais de Bergame à l'est vers Côme à l'ouest) et qu'en 2016 c'était l'inverse; le parcours de 2017 n'ayant pas encore été dévoilé. Je fais quelques kilomètres et m'arrête prendre des fruits chez un primeur, qui en voyant ma dégaine, me donne deux pêches et me rempli mes gourdes en m'encourageant, sympa :super:

Je repars vers le nord, à la recherche de la route vers le colle Gallo, passe un pont d'autoroute et me retrouve dans les bouchons ... grosse galère, rien que pour s'insérer sur la route, les italiens ne lâchent pas un centimètre... après une demi-heure de lutter pour ne pas respirer les pots d'échappements, je m'arrête à une station service et demande un panino et un café. La serveuse, enthousiasmée par mon accent français, m'interroge sur mon voyage :hole: . Je lui explique très brièvement en lui demandant la route pour le Colle Gallo, afin de faire le tour de Lombardie. Je suis chanceux, elle est originaire du village au pied du col, et me donne les indications précises pour y aller, et éviter les bouchons qui sont fréquent en fin de journée à cet endroit. Je repars sous les encouragements chaleureux de la Ragazza, en me demandant, pour la seconde fois de mon voyage, pourquoi je repars ? :pt1cable:

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La ville de Trescore Balneario, au pied du Colle Gallo, première difficulté du Tour de Lombardie 2015 (et 2017 aussi je crois) :metalhead:

Je m'élance dans cette vallée encaissée, où la pente s'accentue lentement, les arbres et les rochers se rapprochant de telle sorte qu'on se sent lentement pris au piège. Deux issues : un lâche demi-tour, où le passage au sommet du col :manolo: . Je quitte la route 42 à Gaverina Terme pour prendre l'étroite route 39, et m'élance dans le col. Il est plutôt court, mais dès le pied, les pourcentages sont élevés. Je me mets sur mon plus petit plateau et monte à mon rythme. Je suis satisfait de le monter en fin de journée car il ne fait pas trop chaud, l'ombre étant absente dans ce col. Mais l'eau me manque rapidement. Un premier cycliste me passe, je tente de m'accrocher pendant une centaine de mètre. Mais avec un sac de 10kilos et 100kms d'efforts avant d'attaquer le col, ce n'est pas la peine d'essayer, j'explose et suis collé au bitume quelques minutes en tentant de reprendre mes esprits... Je vais donc me contenter de compter le nombre de cyclistes qui me passeront :colere:. De mémoire une dizaine :rieur: . Il y a beaucoup de monde qui tente cette ascension, les paysages vallonnés et boisés sont sympa et le col n'est pas très long ni très pentu, cela reste abordable. Par chance, aux deux-tiers de la montée, je vois une vieille dame arroser son jardin :banana: . J'en profite pour lui demander de remplir mes gourdes et je peux terminer le col sans crainte de manquer d'eau.

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La chapelle de Notre-Dame des Cyclistes, au sommet du Colle Gallo :agenou:

J'arrive au sommet épuisé et surtout en légère hypoglycémie. Je comprends alors ce que signifie le mot monument : les italiens ont fait les choses en grand et savent (contrairement à Roubaix :siffle: ) mettre en valeur leur patrimoine : une chapelle et un musée lié au tour de Lombardie se trouve au sommet. Je ne vais pas m'y attarder, la route est longue et en plus c'est fermé :spamafote: . Au sommet, ayant beaucoup transpiré, j'enlève mon cuissard et mets mon short à fleur. J'ai le derrière qui brûle :sylvain84: . Je me repose 30 minutes près de la fontaine, mange, bois, fais sécher mon cuissard tout en discutant avec d'autres cyclistes intrigués par mon voyage (à la base, c'était plus ma tenue qui les intriguaient :balloon: ). Je me sens tout de suite moins seul, et cela fait plaisir de discuter avec d'autres cyclistes !

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Le Serio que je vais longer pour "revenir" à Bergame

Je vais repartir dans la descente jusqu'à Albino, et suis machinalement les panneaux indiquant Côme, mais je me retrouve dans une 4 voies avec des tunnels. Je hais les tunnels :paf-mur: . Je vais finalement trouver dès la route suivante une petite route qui longe la rivière en contrebas me menant vers Bergame et même une piste cyclable ! Je traverse le centre ville, mange une pizza dans la banlieue ouest alors que le soleil se couche.

Pourtant, j'aimerai m'avancer un peu plus et je vais rouler une bonne heure de nuit, dont une bonne demi-heure à tourner en rond pour trouver l'hôtel que l'on m'a indiqué à Villa d'Almè, la ville après Bergame dans le parcours :sorry: . En fait, il s'agissait d'un restaurant chinois qui loue des chambres de fortune pour moins de 20€. C'est parfait mais je ne suis pas serein, le vélo devant rester dans la salle de jeu au rez-de-chaussé de l'établissement :paf-mur: . Je vais donc veiller jusqu'à 23h en bas pour attendre que tout le monde rentre chez soi, avant d'aller me coucher, par crainte que l'on reparte avec mon vélo ... J'ai réussi à faire le minimum aujourd'hui en faisant les 85 premiers kilomètres du parcours, ce qui signifie que demain, je devrai en parcourir 160 dont le terrible Colma di Sormano, à 1124m d'altitude, qui sera le toit de mon tour d'Europe :pompom:
Dernière édition par Le sucre sportif le 09 août 2018, 23:46, édité 5 fois.
Par Fuenté d'Éze
#2709876
Fuenté d'Éze a écrit :
01 nov. 2017, 23:00
Je tiens à te féliciter pour ton tour et ton récit. Pour l'évoquer que le tracé, je n'aurais sans doute pas fait celui là, privilégiant le pourtour méditerranéen ou l'Eurl'Europe du Nord. Mais beau et courageux tracé tout de même et quelle aventure :w00t: Ton arrivée du Tour fût à Béziers ? Ce qui est ironique pour un Tour d'Europe passant par la Hongrie, les Balkans et la Turquie eu égard à son maire ^^ Ils ont dû te prendre pour un migrant :green:
Merci Fuente! Le tracé était personnel, j'ai essayé de passer par des lieux qui me tenait à coeur (chez mon frère, Bucarest, la Turquie) et j'en ai profiter pour passer par des endroits que je ne connaissais pas, et que j'ai adoré comme la Grèce ou l'Italie du Nord :smile: D'ailleurs, si tu as vu le parcours, je vais passer par Eze :hate: et si tu fais du vélo dans le coin tu m'as peut-être même indiqué la route :green:
En fait je ne suis pas aller à Béziers à proprement parler mais mon père habite un petit village dans l'arrière pays où j'ai l'habitude de me ressourcer chaque été (pour les connaisseurs, c'est dans les coteaux de Faugères. De toute façon j'ai fait mon trajet incognito, il n'y avait qu'en arrivant en France que des cyclistes connaisseurs m'aidaient et me questionnaient sur mon périple, vous comprendrez bientôt pourquoi :stereoking: C'était important, pendant les pauses, que tout soit "normal" car j'ai eu tendance dans mon isolement à devenir asocial et voir des personnes autour de moi se comporter normalement, ça me rassurait. Sur la fin, j'étais plus en train de me "battre" pour revenir dans une forme de normalité donc je recherchais ça :reflexion:

Quand tu dis pourtour méditerrannéen, c'est à dire plus en Espagne et en Italie ? C'était le plan initial :green:[/quote]
En fait le "Eze" de mon pseudo est en fait lié au fait que c'est une des montés importantes/fetiches de la carrière de Contador (et de ma course preferé) et ajouté à Fuenté cela ressemble à Fuenté Dé, autre lieu clé de sa carrière (le jour où il a été divinisé :green: ). D'ailleurs je me demande à quoi ressemblait le sujet de cette étape sur le forum (si on peut le retrouver ce qui m'étonnerait :hello: ). Je suis Normand donc un compatriote :wink:
Pour pourtour je pensais effectivement à l'Italie (ce pays :love: ) et l'Espagne entre autre. Cela dit ma pratique encore trop limité du vélo route me "condamnerait" à des parcours peu difficile (Je n'ai pas encore dépassé les 3 km de montées :sorry: ).
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Par Le sucre sportif
#2710199
Fuenté d'Éze a écrit :
04 nov. 2017, 16:16
En fait le "Eze" de mon pseudo est en fait lié au fait que c'est une des montés importantes/fetiches de la carrière de Contador (et de ma course preferé) et ajouté à Fuenté cela ressemble à Fuenté Dé, autre lieu clé de sa carrière (le jour où il a été divinisé :green: ). D'ailleurs je me demande à quoi ressemblait le sujet de cette étape sur le forum (si on peut le retrouver ce qui m'étonnerait :hello: ). Je suis Normand donc un compatriote :wink:
Pour pourtour je pensais effectivement à l'Italie (ce pays :love: ) et l'Espagne entre autre. Cela dit ma pratique encore trop limité du vélo route me "condamnerait" à des parcours peu difficile (Je n'ai pas encore dépassé les 3 km de montées :sorry: ).
Il est pas facile de s'entraîner en Normandie pour faire des cols longs :green: mais étant rouleur, j'essayais de trouver un rythme, tant pis si j'oscillais entre 5 et 10 km/h. Je ne cherchais pas forcément la performance et il est bien d'être dans une "zone de confort" ce qui permet de rester concentrer et d'en garder sous le pied en cas d'imprévu. Après je ne suis pas le mieux placé pour parler de ça, mais il y a de très bons grimpeurs sur le forum.

Même si j'étais habitué à rouler, grimper est compliqué car à ces vitesses-là j'ai eu trois problèmes majeurs :
- Le ravitaillement car atteindre la prochaine ville est plus long, par exemple en Bulgarie je mettais 2h à passer d'un hameau à l'autre, et là il faut prier qu'il y ait quelque chose d'ouvert
- La chaleur car le vent ne fait plus son effet ventilo donc on surchauffe vite
- Les moustiques qui, en dessous d'une certaine vitesse, arrivent à se poser un peu partout, surtout quand on est en cuissard court/sans manchettes :elephant:
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Par Le sucre sportif
#2710232
Jeudi 6 Juin : Etape 44 : En pèlerinage!
Spoiler : :
Villa d'Almè (Italie) – Côme (Italie) 137kms D+ 3448m, difficulté 5/5 :saoul:
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Au km 35 : Colle Brianza (5kms à 5%)
Au km 70: Madonna del Ghisallo (8,5kms à 6%, 14% max)
Au km 95 : Colma di Sormano (9,6kms à 6,5%)
Village-départ : Villa d'Almè :
Spoiler : :
Villa d'Almè ou Ela d'Almè dans le dialecte local est une commune de la province de Bergame en Lombardie, de plus de 6000 habitants.

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Vue de Villa d'Almè qui se situe au cœur du parc naturel des cols bergamesques :love:

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La ville se trouve au bord de la rivière Brembo, je débuterai la journée par une courte descente puis une courte montée. Villa d'Almè se trouve donc à moins de 10kms de Bergame où sont jugés alternativement le départ ou l'arrivée du tour de Lombardie.

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La porte vénitienne de Bergame :ouch:

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La ville haute

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La ville basse

Bergame est située tout près de Côme, de Milan et se trouve également entre les lacs d'Iséo, de Côme, tout en ayant quelques cols à moins de 50kms, c'est l'endroit idéal où habiter quand on aime faire du vélo !
Chanson du jour :

:sylvain84:

Hier, j'ai pu débuter le parcours d'Il Lombardia, quatrième des cinq monuments que je souhaite faire, en effectuant la première difficulté près de Bergame, le Colle Gallo :hole: . Aujourd'hui, je vais vraiment m'attaquer au mythe, avec plusieurs cols à franchir. Je pars le plus tôt possible, car je souhaite passer la Madonna des Ghisallo avant midi (kilométriquement c'est jouable, mais dans les faits :tonton:) pour pouvoir me reposer avant le Colma di Sormano, 1124m d'altitude, qui sera le toit de mon tour d'Europe :w00t: . Il fait encore très beau aujourd'hui et l'on annonce comme toujours des températures supérieures à 30°C ...

Je repars en direction d'Almeno San Salvatore, pour prendre la direction de l'ouest et du lac de Côme. Comme pour chaque monument, je pars avec une grande motivation, la forme est bonne mais je vais à nouveau me perdre pour trouver la route 342 qui m'amènera jusqu'à Santa Maria Hoè, au pied du Colle Brianza. C'est une côte assez courte, comme le Colle Gallo, 4kms à 5,7% de moyenne. Comparée aux monstres qui m'attendent, c'est un bon échauffement :metalhead: .

J'arrive au pied vers 9h30, j'ai pu faire 30kms d’échauffements avant de m'élancer, c'est l'idéal pour moi qui mets beaucoup de temps à mettre en route. Je monte à mon rythme, me fais dépasser cette fois-ci par un groupe d'une vingtaine de cyclistes à l'entraînement. Je ne fais pas comme hier et les laisse s'échapper, la journée sera longue ! Arrivé au sommet, je m'arrête à la place du village d'Alta Brianza, au sommet du col, et vais au café, galère pour trouver un mur où poser mon vélo, ils sont tous pris puis je vais devoir attendre mon tour car je ne suis pas le premier cycliste arrivé. La pause sera donc un peu plus longue que prévue :genance: .

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L'église du collet Brianza, près de la place où j'effectue ma première pause.

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La ville abandonnée de Consonno, dans la descente du Colle Brianza, à Olginate

Je repars vers 10h30 pour redescendre en direction du lac de Côme que je souhaite longer. Je suis un peu touriste quand même. Sauf que le parcours officiel ne passe pas par là mais par Oggiono. Je suis trompé par mon "road book" j'ai dû mal noter les kilométrages je ne pensais pas arriver si vite à Oggiono. Peut-être dois-je faire une boucle ? :reflexion:

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Pescate, à la fin de la descente du Colle Brianza. Voilà le lac de Côme :love:

J'arrive au bord du lac, la vue est paradisiaque. Beaucoup de belles villa s'étendent le long des deux bords du lac en forme de croissant. Je comprend vite pourquoi le parcours ne passait pas par là. Je retrouve mon ennemi de cette dernière semaine: les tunnels :colere: . Celui-ci fait 2kms, 5minutes d'obscurité donc. Je vais trouver une route sur le bord de lac, fais 1km, mais c'est une impasse. Demi-tour, c'est parti pour le tunnel... Je vois les cyclistes s'élancer sans appréhension dans l'obscurité. Moi, j'ai des antécédents en Croatie, et surtout, je suis peureux, la fatigue chronique me rendant friable mentalement. Je me vêtis de fluo, et fais les deux kilomètres aussi vite que possible, sur la plaque. Pas envie de subir le bruit et la crasse trop longtemps. Ca va, ce matin, il y a peu de voitures!

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Le lac d'Annone, sur le parcours officiel

Je continue de suivre le lac de Côme et décide d'en faire la moitié du tour de la rive sud, alors que j'aurai dû à Pare, partir vers Valbrona et Asso pour faire le tour du lac d'Annone, ce qui m'aurait certainement évité de passer par tunnel :study: .

La route est étroite au bord du lac, et ce n'est pas très sécurisant avec les camping cars qui n'ont pas la place de se croiser. Parfois ça bouchonne. En fait, je vais aussi vite à vélo que les voitures, et pour minimiser les manœuvres, j'anticipe les croisements de véhicule, histoire de ne pas m'arrêter et de rester en mouvement, car il commence à faire chaud. Je croise pas mal de cyclistes à l'entraînement ce matin, et qui pour la peine, s'entraînent très sérieusement le long du lac :w00t: J'arrive au bout du lac, à Bellagio, vers midi et décide de descendre dans le centre-ville pour aller manger la pasta. Ici, tout est luxueux mais je mange à prix raisonnable.

Je repars à 13h pour attaquer la Madonna del Ghisallo :cheval: Il fait très chaud, et le début du col est terrible, avec des passages supérieursà10% ! Je monte en danseuse (alors que d'habitude j'aime bien grimper comme Ullrich :green: ), j'ai du mal à digérer mon repas. Je vois un hôtel pour cycliste après un kilomètre, "Il Perlo Panorama". Je m'y arrête.

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Vue depuis la terrasse de l'hôtel "Il Perlo Panorama" sur le centre du lac de Côme :love:

Je profite d'un belvédère sur le centre du lac, et en profite pour me réhydrater. Le serveur s'y connait en vélo, lui aussi est cycliste! Il me rassure: la pente au pied est maximale, après ça va mieux. Puis il me raconte un peu de la légende du tour de Lombardie. Ma motivation s'amplifie :metalhead: . D'autres cyclistes rentrent de leur entraînement matinal. Demain, il courront une cyclosportive en hommage à Davide Casartelli, mort dans la descente de ce col il y a 20ans. Déjà assez impressionné par la description du monument donné par le serveur, avec lequel je vais discuter pendant 2 bonnes heures, il conclu son récit par "au sommet de la Madonna del Ghisallo, tout cycliste ne peut retenir ses larmes à la simple vue de la chapelle, qui a reçu des dons de grands champions tels que Merckx." :pompom: Je trouve cela un peu exagéré, mais comme cela me motive à repartir, je me laisse entraîner dans cette atmosphère qui me permettra, je l'espère d'affronter la pente que je redoute, et qui m'a mis K.O. lors de ma première tentative.

Je repars surmotivé donc, vers 15h30. Il fait un peu moins chaud, et surtout, je me suis bien hydraté avant de repartir (finalement le serveur à bien fait son travail, j'ai enchaîné les limonades). Je me remets à un bon rythme, la pente est plus abordable. Mais cela fait longtemps que je n'ai pas mangé, et j'ai une fringale sur les deux derniers kms. Je n'ai plus rien dans mes poches, que du pain dans mon sac, et je n'ai pas envie de m'arrêter en pleine pente pour aller chercher de quoi manger, surtout que l'ombre est rare. Si je m'arrête, dur de repartir ! J'arrive au sommet, au bout du bout, vois la chapelle, la beauté de la vue sur le lac, des stèles en hommage au plus grands champions italiens :agenou: .

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Messieurs Coppi, Bartali et Binda à l'entrée de la chappelle :agenou:

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La chapelle de Notre-Dame de Ghisallo

Je marche quelques mètres sur l'herbe, y fais tomber ma bicyclette prend mon pain, et m'assied en face de cette sculpture en hommage aux cyclistes, la fatigue me mets au bord des larmes :cry: . Autour de moi, beaucoup de touristes, où de cyclistes venu reconnaître le col pour la course de demain, à peine fatigué. Moi, je suis au bout de ma vie. Les nerfs lâchent

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Je prend le temps en mangeant de lire ce qui est écrit sous la gravure, représentant un cycliste vainqueur (comme j'ai pu me le sentir au sommet de l'Olympe, à Roubaix, à Grammont, à Huy ...) et un cycliste à terre (comme j'ai pu me le sentir, par exemple, lors de mes crevaisons en Hongrie, en Roumanie, en Croatie, le face-à-face avec une voiture lors de la descente d'un col en Albanie...). Je me reconnais fortement dans ce qui est écrit, c'est pour moi une forme de reconnaissance de ce que j'ai pu endurer pendant ces longues heures de selle, que ce soit la joie de la découverte et de repousser mes limites, mais aussi la peur de ne plus pouvoir repartir, et du manque d'eau, de nourriture, le froid, les fois où j'étais complètement perdu ... j'ai l'impression que mon voyage prend un sens (enfin, ça me plaît de le penser :pt1cable: ).

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"Et Dieu créa la bicyclette pour que l'Homme en fasse un instrument de fatigue et d'exaltation dans le dur chemin de la vie. Sur ce col qui est devenu monument, aux épopées sportives de nous autres qui ayons toujours été âpres dans la vertue et doux dans les sacrifices". Amen !

Après avoir fini ma lecture, je lâche un "putain, 7000 bornes pour en arriver là"! Je me décale de quelques mètres et fais une petite sieste sur l'herbe :saoul:
Je ne comprends pas de voir les touristes passer devant la gravure, pour aller prendre des photos du lac. Vous en verrez d'autres des lacs et des montagnes, cette sculpture est unique, elle ! :spamafote:

Je repars un peu mieux, il est 16h30. La Madonna del Ghisallo n'est pas la plus grosse difficulté de la journée mais bien la Colma di Sormano, qui culmine à 1124m d'altitude . Ce sera le sommet de mon voyage, moi le modeste rouleur qui ai soigneusement évité tout relief pendant mon voyage, voilà ma session de rattrapage :cheval: .

La montée est bien plus longue mais la pente plus constante, ça me convient mieux. Et il commence à être tard donc il commence à faire plus frais :banana: . A mi-pente, je m'arrête à Sormano, discute avec un retraité du village. Il me dit qu'il en a vu passer des cyclistes ici, plus que de voitures :gafauvel: Je me suis arrêté là pour éviter de refaire une fringale comme tout à l'heure et repars vite jusqu'au sommet.

En sortie de village, je vois un panneau "Muro di Sormano", une route qui descend sur ma gauche :scratch: . Une autre monte sur la droite et j'y vois une personne mettre son vélo dans sa voiture. Je l'interroge sur la route à suivre. Pour le Colma di Sormano et le Tour de lombardie, c'est par où ? Il ne connait pas le Colma di Sormano mais me dit que le Muro di Sormano est un monument, qu'il vient de le faire et que c'est extrême, un peu comme le mur de Huy, en plus long :rip: . Je vais donc continuer tout droit : j'ai pas envie de descendre pour aller me farcir du 20%, et me cramer alors que Côme est encore loin (j'ai compris mon erreur en voyant l'édition 2017, qui a bien emprunté le mur :paf-mur: )... Je poursuis donc tout droit et arrive enfin au sommet :champagne: .

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Le sommet du Colma di Sormano :banana:

La vue est belle, je suis monté haut! Je prend une photo et vais manger (je mange beaucoup aujourd'hui) dans le bar/restaurant présent au sommet. Là, à ma grande surprise, je vois du vélo à la télé :hole: . Il reste quelques kms. J'interroge deux belges qui étaient au comptoir. Où est Démare :france: Il a perdu, c'est le Giro Rosa que l'on regarde. Ah, avec toutes mes pauses, j'ai loupé une nouvelle victoire que Kittel. Tant mieux finalement, j'ai moins de regrets!

Avant de redescendre vers Côme, on me rassure en me disant qu'il n'y a pas de tunnels en bas, contrairement à hier pour revenir à Bergame. Je repars bien reposer, je suis donc alerte sur la longue descente menant vers Zelbio et la partie est du lac de Côme. J'ai mis le gros braquet, et suis sur mon 53*11 car c'est très roulant :metalhead:

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La forêt que je traverse lors de cette longue descente très roulante m'amenant à l'est du lac de Côme

A partir de Nesso, je suis sur une route au bord du lac, il y a quelques faux-plats mais je vais pouvoir me "reposer" et profiter d'une belle vue sur l’extrémité est du lac avant les 2 dernières ascensions.

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La ville de Torno, où l'on fait un dernier virage avant d'arriver à Côme

J'arrive à Côme en début de soirée, les derniers kilomètres de plat avec vent de face ont douché mon enthousiasme. Il y a beaucoup de trafic et je perd beaucoup d'énergie à rester concentré sur la circulation tout en cherchant ma route car je me suis très vite perdu :evil: Heureusement pour moi, je vois un cycliste à un feu, qui rentre de son entraînement et habite au pied du Civiglio. Après lui avoir très brièvement raconter mon objectif, il m'encourage à le suivre :metalhead: . Merci à lui, je ne suis jamais à l'aise en ville en fin de soirée: mes deux chutes ont eu lieu dans ces circonstances, la fatigue entraînant des erreurs de trajectoire et d'appréciation...

Me voilà au pied du Civiglio (encore une fois, en voyant l'édition 2017, je me suis rendu compte que j'avais grimpé le Civiglio du mauvais côté :paf-mur: ). Moi qui me sentais à l'aise dans la descente précédente, j'ai les jambes coupées. Je grimpe quasiment à l'arrêt, je suis à bout. Je vois au loin un marcheur rentrant chez lui à pied tout là-haut. Il doit faire ce trajet régulièrement, un courageux assurément :jap: . Car la pente me paraît interminable. Je mets du temps à arriver à sa hauteur, puis voyant une fontaine, on s'arrête. Il n'est pas fatigué, moi si, pourtant on va quasiment aussi vite. Ca l'amuse. Moi aussi finalement :rieur:. Je repars et continue de monter au train jusqu'au panneau Civiglio. Mais la route continue, je passe encore un lacet mais la route n'est plus bitumée. Je redescend puis vois une ruelle avec une pente très raide qui redescend dans la ville. Ca me paraît bizarre de passer par là, je ne sais pas si on m'a amené du bon côté de la côte, mais au moins, je l'ai monté :jap: . Je n'aurais de toute façon pas pu, vu mon état de fatigue, imiter Nibali dans la descente :nibali: . Je ne sais pas comment il a fait, après 200 bornes, pour descendre à bloc et semer tous ses poursuivants. C'est dans ces moments-là que j'ai compris à quel point ce que font ces champions est incroyable :w00t: car les premiers mètres de la descente, des deux versants, se font dans une ruelle sinueuse et étroite.

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Brunate, sur les hauteurs du Civiglio, à l'ouest de Côme

Je retombe dans le centre-ville, mets mes chaussures de ville, et décide de marcher en cherchant un hôtel. C'est 150 euros minimum, les autres sont complets. Merci, au revoir, je dormirai à la belle étoile :jap: . Mais avant; il y a une fête foraine au bord du lac. Je vais y manger 2 sandwichs, et en prendre un troisième demain. Ravie, la tenante du stand ne m'a pas fait rigueur d'avoir squatter ses toilettes en préfabriqué pendant une heure pour me changer et faire ma toilette avant d'aller me coucher :hole: .

Il est 23h maintenant. Je m'éloigne du lac, où je crains le bruit, les mecs bourrés, et surtout les moustiques :sylvain84: . Je vais vers San Fermo della Battaglia, dernière difficulté que je n'ai pas souhaité faire vu mon état de fatigue avancé. Je terminerai le parcours demain matin au réveil (dommage il me reste plus que 10kms :paf-mur: ). Je vois un parc, mais la police veille donc je vais chercher plus loin. Je trouve finalement un super endroit pour dormir : l'entrée d'une chapelle. Décidément, bien que non-croyant, j'ai été en pèlerinage aujourd'hui et je conclu mon quatrième monument en m'étendant dans la pénombre sur des dalles de marbre qui me rafraîchissent et m'aide à trouver le sommeil rapidement.

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Etant dans un renfoncement, ni moi, ni mon vélo ne sommes visibles des passants. La planque parfaite !

Pour plus de photos du parcours (comme le Muro di Sormano que j'ai lâchement contourné), tout se trouve dans la présentation très complète d'Albator :super:
viewtopic.php?f=3&t=66360&p=2696711&hil ... a#p2696711
Dernière édition par Le sucre sportif le 10 août 2018, 00:04, édité 4 fois.

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Par AlbatorConterdo
#2710240
:applaud: :applaud:
Arf, dommage pour le parcours...tu aurais tenté il Muro di Sormano sinon ? :genance:
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Par Le sucre sportif
#2710250
AlbatorConterdo a écrit :
05 nov. 2017, 20:32
:applaud: :applaud:
Arf, dommage pour le parcours...tu aurais tenté il Muro di Sormano sinon ? :genance:
Merci ! Mais je suis un peu déçu de ne pas avoir fait San Fermo della Battaglia : j'ai cru que c'était fini après le Colma di Sormano et j'ai bien senti les kms de plat avant Côme et le Civiglio que j'avais sous-estimé ... Ca me fera de la motivation en plus pour MSR !

Quand j'ai vu le gars qui rentrait du Muro qui m'a bien répété que c'était le Muro qui était mythique en étant bien entamé, je me suis un peu voilé la face en refusant ce qu'il m'avait dit : vu comme j'avais galéré à Huy, en étant arrivé frais, je ne pense pas que j'aurai pu faire le Muro sans poser pied à terre, avec mon sac. Ca doit être monstrueux à faire car il y a la moitié du col à faire et la Madonna del Ghisallo avant de commencer le mur :w00t: J'étais scotché en voyant l'édition 2017 :love:
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Par Le sucre sportif
#2710486
Vendredi 6 Juin : Etape 45 : D'un monument à l'autre !
Spoiler : :
Côme (Italie) – Rozzano (Italie) : 73kms D+ 467m, difficulté 0/5
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La première côte au départ est Saint Fermo della Battaglia, que j'ai escaladé du mauvais côté par rapport à la course ...
Village-départ : Côme
Spoiler : :
Côme est une ville italienne de 80 000 habitants en Lombardie. La ville se trouve dans la région de la plaine du Pô, à 50km au nord de Milan.
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Vue de la ville depuis le lac de Côme, la colline à gauche étant le Civiglio

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La cathédrale Santa Maria Assunta ou Dome de Côme. La cathédrale a des statues de Pline l'Ancien, auteur de l'encyclopédie "Histoire Naturelle" et de Pline le jeune, historien ayant vécu la tragédie du Vésuve. Ils sont tout deux originaires de Côme.

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Pline le Jeune, qui n'a pas pris une ride

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Le mausolée d'Alessandro Volta, inventeur de la pile électrique, également né et mort à Côme.
La chanson du jour :

:niark:

Au réveil, deux options : ou bien je passe Milan dans la matinée et commence à m'avancer vers San Remo pour conclure mon dernier monument le lendemain (370kms en 2 jours :rip: ). Ou bien je roule tranquillement dans la matinée, trouve un hôtel en début d'après-midi près du départ de MSR et fait une sieste l'après-midi avant de tenter Milan-San Remo le lendemain :metalhead:

Je me suis réveillé comme par habitude vers 6h, mais je ne me sens pas très bien : les jambes sont douloureuses, comme le lendemain de l'Olympe :evil: . Ca sent la petite journée ... Je mange le panino froid acheté hier soir, finis mes gourdes et me rendors :sleep: . Je réfléchirais plus tard pour le programme des prochains jours.

Deuxième réveil vers 9h. Je suis à l'entrée de ce cimetière et il commence à y avoir du passage dans la rue. Je vois un robinet où je remplis mes gourdes et repars en direction de San Fermo Della Battaglia, dernière difficulté du tour de Lombardie 2015. Je pensais déjà à San Remo avant même d'avoir fini le tour de Lombardie. Chaque chose en son temps :gafauvel:

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San Fermo della Battaglia, dernière difficulté du tour de Lombardie :love:

Je me dirige en direction de cette ville, par un faux plat. Quand est-ce que je vais affronter la pente? :scratch: San Fermo approche et je vois une boulangerie : pause café :hole: . C'est décidé, aujourd'hui, je me pose à Milan, et vais faire une journée de récupération avant de m'attaquer au seul monument que je pense être capable de réussir, vues mes qualités (les cols lombards me l'ont rappelé, je préfère le plat et je n'ai pas eu le bon vélo pour affronter Roubaix). Je traîne pendant cette pause pour faire ma toilette. J'arrive à San Fermo et je demande à un riverain où se trouve la côte de San Fermo. La personne se marre, je viens de la monter. Après tous mes efforts de la veille, et en m'étant arrêté à mi-pente, je pas senti grand'chose. Il faut quand même rappeler que je n'ai pas pu faire ce "faux-plat" après avoir été complètement cramé par le Civiglio, hier soir et je l'ai monté par le côté le plus facile. Le tour de Lombardie reste un échec pour moi, et cela va me servir de motivation pour préparer Saint Rémo :cheval: .

Je repars vers Milan, et fais du "derrière cycliste" à défaut de pouvoir suivre les nombreuses mobylettes qui prennent la direction de Milan. C'est tout plat. Je tourne les jambes. Je remercie chaque cycliste qui m'aura abrité une centaine de mètre avant de me faire lâcher :green: . Cela me permet de récupérer de la veille, et de préparer le lendemain. Pendant le chemin, j'arrive au niveau d'un pont où toutes les routes sont interdites au cycliste. J'attends un peu et passe le pont avec un cycliste du coin qui me confirme qu'il n'y a pas d'autres solutions, ni de dangers à passer par-là. Encore une des nombreuses absurdités que j'aurai vu sur ma route :spamafote:

J'arrive à l'entrée de Milan. La route 35, que je dois prendre pour aller jusqu'à Gênes demain, s'engouffre devant moi sous un tunnel. Le cycliste qui arrive en ville n'a qu'à se débrouiller pour l'itinéraire bis :colere: . Je m'arrête dans un café sicilien qui vient d'ouvrir, en bordure de Milan. J'en profite pour manger tous leurs croissants de la veille qui allaient être jetés. Une calorie est une calorie, je ne fais pas le difficile ! Le propriétaire va bien m'indiquer la route à suivre pour aller vers le centre-ville :super: .

Me voilà dans le centre ville pavé, au niveau d'un arrêt de tram. J'étudie le plan avant de repartir en cette fin de matinée, direction le sud de Milan! Je décide de rester derrière le tram et de traverser tout le centre ville de Milan ainsi : pas de voitures, et priorité à chaque carrefour :pompom: . Je vais aussi vite que le tram. je m'arrête quand il s'arrête, j'ai le temps. Et puis je prend du plaisir à retrouver mes chers pavés ! Le pavé urbain, contrairement aux pavés des champs, est tout lisse, rendu inoffensif par les passages incessants des véhicules. Ils vibrent juste assez pour me masser les jambes, parfait pour la récup' ! :banana:

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Le centre-ville et les rails du tramway de Milan. Attention à ne pas s'y planter les roues !

Sorti de la ville, je retrouve la route 35. La route longe un canal, il y a de l'autre côté de ce canal une piste cyclable. Je ne souhaite pas m'y aventurer pour me reperdre, d'autant que les voitures sont sur l'autoroute. Ici, je suis tranquille et cherche un hôtel sur la voie principale, tout en découvrant les premiers kilomètres de la Classicissima. Je trouve un hôtel à 13h à Rozzano, à 5kms du départ, plus au sud.

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La via Chiesa Rossa et son canal, lieu du départ de Milan San-Remo :metalhead:

On me laisse mettre mon vélo dans ma chambre. Parfait. Cet après-midi, c'est laverie et revue du vélo. En plus d'une sieste et d'une revue du parcours de demain. Je bois et mange pour reprendre des forces. En fin de journée, je prends le métro pour aller au centre-ville de Milan et faire un peu les boutiques. Je marche beaucoup, car le métro est à 45 minutes de l'hôtel. Mais ça fait du bien aux jambes, et je respire, pense à autre chose car je sentais la pression monter petit-à-petit à l'hôtel...

Je rentre en début de soirée, après avoir acheté des cales et des chaussettes car j'en avais perdue une en me changeant hier soir. J'ai aussi acheté de quoi faire mon petit-déjeuner et des provisions pour tenir le plus longtemps possible demain matin. J'enlève mes cales usées mais n'arrive pas à mettre les nouvelles : il y a de la terre et des cailloux et le pas de vis est usé. Là, je panique. Je décide de démonter la semelle et de nettoyer tout ça. En espérant que j'arriverai à tout remettre en place sans que cela me bousille les pieds quand j'appuierais sur les pédales, car j'ai bien attaqués les semelles ...

23h30 mes cales sont enfin mises :paf-mur: . Mon sac est fait, j'ai acheté le nécessaire pour demain et j'ai pu manger copieusement ce soir car il me faudra des forces pour l'objectif ultime de mon voyage! Réveil prévu demain à 4h45 pour le grand jour.... :pompom:
Dernière édition par Le sucre sportif le 10 août 2018, 00:11, édité 2 fois.
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Par loloherrera
#2710494
Difficulté 0/5 :elephant:

Quel suspense...allez, je pari pour la réussite de MSR fait en une seule fois. Sinon, t'aura pas mon vote au prochain tour :elephant: :elephant:
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Par Le sucre sportif
#2710533
loloherrera a écrit :
06 nov. 2017, 17:54
Difficulté 0/5 :elephant:

Quel suspense...allez, je pari pour la réussite de MSR fait en une seule fois. Sinon, t'aura pas mon vote au prochain tour :elephant: :elephant:
J'avais aussi dit que je ferais Paris-Roubaix en un jour, que j'atteindrais Liège après le mur de Huy, que je ferais le tour de Lombardie en 2 jours ... On verra bien :popcorn:

Par contre quand tu dis MSR en une seule fois, ça veut dire sans s'arrêter ? Parce que je n'ai pas une voiture suiveuse pour me passer les bidons et les barres de céréales ça risque d'être compliqué :tonton:

Pour info, j'ai opté pour une stratégie offensive à 5 arrêts (Casteggio km48, Capriata d'Orba km106, Voltri km154, Finale Ligure km207, Capo Berta/Imperia km252) :hate:
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Par Le sucre sportif
#2710542
J'en profite aussi pour mettre mes critères de difficultés :
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Comme je n'ai pas fait 100bornes, ni 1000m de D+, c'est un zéro pointé :twisted:

Je viens aussi de revoir en comptant 1km de pavé comme 100m de D+ ce qui donne :
6 étapes difficultés 5 et j'en ai réalisé 4 :
- Marchiennes-Roubaix (95kms, D+0,38km avec 23,5kms de pavés)
- Sozopol-Kirklareli (146kms, D+ 2,54kms)
- Le mont Olympe (60kms, D+ 2,94kms)
- Villa d'Almè-Côme (137kms, D+3,45kms)

Il m'en reste deux, et la traversée de la France sera très montagneuse... nous sommes donc dans le money-time :cheval:

Et avant de tenter Milan-San Remo, mon record de distance était il y a plus d'un mois, le long du Danube, avec vent dans le dos : 229kms, D+0,87kms donc c'était plat, alors que MSR est connu pour ses poggios et le vent ne sera pas favorable demain, il y a un monde entre 230 et 300 bornes :niark:
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Par Jean-Tito
#2710584
Le sucre sportif a écrit :
06 nov. 2017, 19:17
loloherrera a écrit :
06 nov. 2017, 19:11
hummm 5 arrêts ? C'est ok, je m'attendais à pire :nuts:
C'est du prévisionnel, si tout avait été parfait :jap:
On se doute que ton histoire d’amour avec les abris bus n’est pas terminée... il doit y en avoir plusieurs sur le parcours! :elephant:
Toujours autant de plaisir à te lire en tout cas! :applaud:
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Par Le sucre sportif
#2710860
Samedi 8 juillet: Etape 46 : Le jour le plus long !
Spoiler : :
Rozzano – Milan - ???

Mais où vais-je trouver refuge ce soir ? :popcorn:
Village-départ : Rozzano (Milan)
Spoiler : :
Rozzana est une ville située juste au sud de Milan, elle est la première ville du parcours de Milan San Remo sur la via Chiesa Rossa.

Milan donc, est la capitale de la Lombardie, avec 1 400 000 habitants environ. C'est la quatrième agglomération européenne après Moscou, Paris et Londres. Elle est située sur la plaine du Pô. Elle est réputée pour être le cœur industriel et financier de l'Italie, tout en étant un haut-lieu de la mode (d'ailleurs, je n'ai jamais vu des filles aussi bien habillées qu'à Milan :love: ).

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Le dome de Milan :love:

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La Piazza Mercanti, qui était le centre de la cité médiévale, tout près de la place du Dome.

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Milan est donc la co-capitale de la mode, l'équivalent milanesque des champs-élysées étant la gallerie Victor-Emmanuel II

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Pour les amateurs de Prada, Gucci ... :italia:

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La Scala, l'opéra de Milan
La chanson de la matinée :

Je me prépare en musique, avec un esprit de compétition, comme si tout ce que j'ai appris sur le vélo et ma préparation physique ces 10 dernières années avaient été un entraînement pour ce jour. La musique que je mets est comme Milan San-Remo : longue à s'emballer (d'ailleurs on se demande si la course va vraiment commencer :reflexion: ) et je ne l'ai jamais trouvée aussi belle qu'en ce jour :love: .

4h40 : Je me réveille pour le jour le plus important de mon périple. L'objectif du jour est de partir de Milan dès l'aube (à 5h40) et d'arriver à San Remo avant la tombée de la nuit (avant 21h40) :w00t: . J'ai seulement 16h pour réaliser 300kms de la course d'un jour la plus longue du calendrier actuel, la Clasicissima. Sachant qu'en roulant à environ 20 kms/h avec mon sac et mon vélo usé, je n'ai qu'une heure de pause sur toute la journée. Ces pauses seront donc le temps nécessaires pour commander une boisson, un café, une viennoiserie, remplir mes gourdes et repartir :metalhead: . Je n'aurais pas le temps de me reposer, je vais être contraint de rester concentrer, de tout gérer même pendant les pauses. Aussi, nous sommes samedi, et il devrait y avoir du monde cet après-midi sur la côte ligurienne, rajoutant une difficulté supplémentaire à ce pari farfelu. Je vais devoir être très rigoureux et n'aurai pas le droit à l'erreur. Je n'ai fini le tour de Lombardie qu'hier matin, le monument qui me correspondait le moins, et j'ai tenté de récupérer un maximum hier mais mon vélo, lui, montre des signe de fatigue. A trop mouliner, les pignons sont usés et le dérailleur commence à jouer des siennes. Je vais donc tenter de préserver mon vélo en faisant toute le parcours en pignon fixe, sur le 39*24 :pompom: .

Le défi semble insurmontable car ma condition n'est plus optimale après ces longues semaines de randonnée à travers le vieux-continent, me voilà déjà à mon 46ème jour de route, le 17ème jour d'affilé depuis ma dernière journée sans vélo, à Thessalonique. Je suis très motivé, après avoir raté mon Paris-Roubaix pour faute de mettre trop perdu et d'avoir eu une casse mécanique; d'avoir raté le tour de Flandres et Liège-Bastogne-Liège pour faute d'une mauvaise motivation et de mettre également trop perdu et enfin, j'ai raté le tour de Lombardie en prenant les versants les plus faciles des 3 dernières difficultés, conscient de mes limites :paf-mur: .

Mais Milan-San Rémo est le monument qui me convient le mieux :metalhead: J'ai développé une grande endurance pendant mon périple, et je me suis entraîné à faire des journées marathons (environ une fois par semaine, pour rejoindre Haguenau, le long du Danube, Thessalonique, passer le Monténégro, rejoindre la Slovénie). Je me suis mis dans un rythme d'une tappone par semaine, et la dernière date de la semaine dernière. Préparation idéale ? Milan San-Remo ne devrait pas me poser de problèmes au niveau des cols, qui sont roulants mais je ne sais pas comment mon corps réagira si j'arrive à atteindre la barre des 230kms que je n'ai jamais réussi à passer, à des années-lumière de la barre des 300kms :twisted: .

Pourtant, j'ai eu des récits sur VCN, de mémoire par Bodo, et d'un cycliste qui avait fait Toulouse-Arcachon (400kms) dans la journée. Cette performance reste donc humainement possible :reflexion: .

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L'hôtel dans lequel je me prépare, les chambres de gauche donnant sur la route de Milan-San Remo, d'où mon stress hier après-midi en m'y installant.

4h50 : Le rappel de mon réveil sonne. :manolo: Arrête de réfléchir, il faut aller rouler maintenant ! Aujourd'hui, chaque mouvement, pensée, respiration doit être dédié au mon but ultime et j'ai déjà perdu 10 minutes sur mon programme ...

Je savoure l'importance de ce moment, mange mon petit-déjeuner "préparé" la veille (du pain et des tomates), je me nourri longuement de calories et de motivation, car j'aurai moins de temps pour manger sur la route. Dehors, il fait toujours aussi sombre mais le soleil pointe le bout de son nez ...

5h40 : Petit-déjeûner terminé ! Vélo vérifié ! Tenue cycliste enfilée ! :niark: Tout est prêt mais je ne suis pas correctement réveillé. Peut-être que l'air frais du dehors m'y aidera. Je sors et demande au réceptionniste de m'ouvrir la grille avec un large sourire. "Pourquoi souriez-vous ?" "Je vais à San Remo ! :hate: "

Je me mets en selle et repars en direction de Milan, pour le point de départ de la course, Via Chiesa Rossa. Milan-San Remo a pour particularité d'avoir toujours eu le même parcours (exception faite de l'ajout de la Manie). Je vais rouler sur les mêmes routes que les légendes qui ont gagné cette classique tels que Gino Bartali, Fausto Coppi, Eddy Merckx, Arnaud Démare ... Rien que d'y pensé, et sans avoir encore effectué aucun de ces mythiques 291kms, je suis fier rien que d'arriver devant le panneau de sortie de Milan, ma ligne de départ :pompom: .

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5h50 : Je prends une photo pour immortaliser ce moment. Je m'apprête à faire le plus long contre-la-montre en solitaire, bien au-delà de tout ce que j'avais pu faire jusqu'à présent :w00t: .

5h55 : C'est parti, heure officielle du départ . Je ne suis pas bien réveillé, il n'y a personne et c'est une longue ligne droite toute plate qui me mène en direction de Pavie. L'endroit est agréable, il y a un canal que je suis et une piste cyclable que je vais prendre, car je l'ai reconnue la veille, elle me mènera bien jusqu'à Certosa di Pavie :super: .

6h50 : Passage à Certosa di Pavia (km20). Je vais assez vite, mais j'ai un quart d'heure de retard :paf-mur: . J'essaie de trouver du rythme mais je ne suis pas réveillé, je n'arrive pas à m'échauffer. Déjà que je devais m'échauffer pendant 1h avant une course, mais là je n'ai pas envie de me cramer alors que la route est longue ... je fais face à un dilemme et décide de continuer sur ce train de sénateur afin de préserver mes jambes.

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Le pont-couvert sur le Tessin, à Pavie (km29)

7h : je commence à fatiguer après une heure de route, voir même à m'endormir :tdf: En fait, la nuit à été courte et je suis en train de la finir. Sensation étrange : mes jambes tournent, mais je ne les sens pas. Mon cerveau est en veille, je baille souvent... Soudain, je fais un léger écart vers la droite pour laisser passer une voiture, comme je l'ai fait des milliers de fois. Je réagis brusquement par sursaut pour revenir sur la route, sortant de mes songes :contador1: . Je suis tombé correctement, mais la tête à un peu tapé. Je me relève groggy, vois passer une étoile filante. Je fais signe aux automobilistes qui me suive de ralentir le temps que je me remette en selle. Ils s'arrêtent et veulent que je me repose. Merci, mais je n'ai pas le temps. Je repars en les (me) rassurant "va bene". Le choc m'a réveillé, la troisième alarme fut la bonne! Mais cela me fait prendre conscience qu'il faudra faire plus de pause pour éviter ce genre de frayeur. Plus de pauses ... c'est aussi le risque de ne pas atteindre San Remo avant ce soir :evil: Je me fais violence pour me réveiller mentalement car finalement, le plus important est d'être réveillé, pas besoin que je me tape des sprints pour faire chauffer la machine. :manolo: Je gueule un "ALLEZ PLUS QUE 250KMS" et c'est reparti :cheval:

8h20: Première pause à Casteggio (km48) comme prévu :metalhead: , mais avec maintenant 20 minutes de retard sur le programme. Je teste le protocole "arrêt éclair" : un café, une viennoiserie et un jus d'orange s'il vous plait. Je rempli mes gourdes aux toilettes (je préfère avoir de l'eau tiède plutôt que l'eau glaciale que l'on me donne d'habitude au comptoir, pas envie de me flinguer les boyaux). Je mange une ration des dattes que j'avais acheté la veille : ça prend peu de place dans le sac, et c'est très nutritif. J'optimise tout! Sauf que la pause a pris 15 minutes, j'ai donc toujours du retard sur mes prévisions ...

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Vue panoramique de Casteggio (km48). Je m'arrête juste avant l'église.

Le second relais se passe mieux : la route est toujours aussi plate, je suis maintenant en court. Je trouve ma position, mon rythme, il ne fait pas trop chaud. Le moral s'améliore. Je ne pense qu'à la prochaine pause. C'est à 50kms, distance normale pour n'importe quel cycliste un peu entraîné, pas de quoi m'inquiéter :pompom: . Je dois cependant faire attention dans cette portion car je change de route et vais progressivement vers l'ouest, moi qui allait plein sud, afin de passer une rivière et de mettre le cap sur le passo del Turchino. La route que j'avais prise entre Milan et Pavie devenant une autoroute menant à Gênes.

10h50 : Deuxième pause à Novi Ligure (km94). C'est le village précédent mes prévisions, je devais initialement m'arrêter à Capriata d'Orba (km106) mais mes gourdes sont vides :spamafote: . J'ai toujours 20 minutes de retard sur les prévisions. Je m'arrête dans le centre-ville, où c'est le marché, donc les cafés sont bondés. Pour aller au plus vite, je prend une part de pizza froide dans la boulangerie et un soda en bouteille. Pendant que le café se prépare, re-remplissage de gourde. Pour l'instant je gère bien, mais la température augmente, et je redoute le passage du Passo del Turchino, où il sera dur de se ravitailler quand le soleil sera au zénith...

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Les paysages viticoles autour de Novi Ligure (km94) on aperçoit les premiers vallons, à 50kms du Turchino

Troisième relais donc, le dernier de la matinée. Je dois atteindre maintenant atteindre la mer près de Gênes, où sera sifflée la mi-temps :cheval: . Si je réussi cela, mon Milan San Remo en sera facilité, confiant de respecter mes prévisions. Je vois autour de moi les montagnes s'approcher, je ne coupe pas à un long faux-plat.

Je vais sagement faire une nouvelle pause à Ovada (kms118) à midi pile, juste avant d'entamer la première bosse de ce Milan San Remo. Mes gourdes étaient déjà vidées en 34kms :evil: . Je vais galérer si la chaleur m'oblige à faire des arrêts toutes les 90 minutes, la montre est en train de gagner le duel, elle qui n'avait rien demandé :duel:

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La vallée du Turchino entre Ovada et le Passo del Tuchino, avec le train qui me fera ralentir quelques secondes, un peu comme à Roubaix !

J'arrive dans la vallée menant au Passo Del Turchino, et là, alors que j'étais résolument seul, je vois de nombreux cyclistes, se promenant dans ce paysage valloné et verdoyant :banana: . C'est parfait, certains vont à la même vitesse que moi et je peux m'accrocher, ou avoir des points de mire. Idéal pour rompre la monotonie des kilomètres qui défilent et imprimer un bon rythme. Je n'ai pas de soucis à passer le col sur mon 39x24 car c'est une montée plate, autour de 5% avec un beau bitume. Les pros ne doivent même pas les sentir dans le peloton encore compact.J'ai même le plaisir d'être à l'ombre des arbres qui se dressent des deux côtés de la chaussée, je ne souffre pas de la chaleur et vais pouvoir passer les heures les plus chaudes à l'ombre :hole: . Subir la canicule entre 12h et 16h était ma plus grosse crainte, car j'ai l'habitude de faire une heure de pause le midi pour éviter tout problème, cela me motive pour la suite !

13h50 : Passage du Passo del Turchino (kms 142) j'ai environ 30 minutes de retard. Je vais basculer sur la rivera et entrevoir le bord de mer après une courte descente. La montée était très abordable pour un rouleur comme moi, et ce devrait être la difficulté la plus dure de la journée.

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14h10 : Quatrième arrêt maintenant, à Voltri (kms 154) après une courte descente. Ce qui devait être le troisième arrêt à mi-parcours. Je trouve une boulangerie et vais améliorer mon protocole "pause éclair". Maintenant, je demande une bonne part de Foccacia, n'ayant plus de dattes à disposition. J'en place une autre part dans mon sac. C'est idéal pour moi : du pain, du sucre, parfois des légumes en supplément. C'est adopté :metalhead:

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Pause devant la plage, c'est la mi-temps !

Je suis mitigé à la mi-temps : je ne suis pas entamé physiquement mais il va falloir que j'accélère pour rattraper mon retard qui s'est accumulé progressivement. Mais il est surtout dû à ma chute et ma pause supplémentaire pour remplir mes gourdes. En attendant, je profite de ma première pause sur la côte ligurienne, je vois qu'il y a du monde, je vais devoir faire face au traffic important sur la côte entre Gênes et la frontière française.

A suivre ...
Dernière édition par Le sucre sportif le 10 août 2018, 00:22, édité 3 fois.
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Par Noé
#2710938
Pour l'instant ton meilleur épisode, sans aucun doute! Je suis en sueur, je stress, j'ai les moins moites, la suite, La Suite, LA SUIIIIIIITE !
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Par Le sucre sportif
#2711272
Samedi 8 juillet: Le jour le plus long (suite et fin)
Spoiler : :
Pas de spoiler aujourd'hui :non:

Village "départ" : Gênes
Spoiler : :
Nous nous sommes arrêtés à la moitié de Milan San-Remo, et nous voici donc à Gênes, capitale de la Ligurie, face à la mer ligurienne. Gènes est une cité historique d'Italie qui fut autrefois la capitale du royaume de Gênes occupa des cités tout autour de la Méditerranée, avec des colonies en Crimée, sur la côte Egéenne, en Corse, en Sardaigne :gafauvel:

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Cette histoire maritime est devenue d'autant plus glorieuse que le navigateur Christophe Colomb découvrit l'Amérique au XVème siècle, poursuivant l'essor entamé par la ville pendant le Moyen-Âge :study: .

En 1797, c'est Napoléon qui proclama une république soeur à Gênes qui l'annexe en 1805. En 1815, C'est le royaume de Sardaigne qui annexe la Ligurie. Enfin, en 1861, Giuseppe Garibaldi lança à partir de Gênes l'expédition des Mille qui permit d'unifier l'Italie telle que nous la connaissons aujourd'hui, plaçant le roi de Sardaigne sur le trône de l'Italie :italia:

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La statue rendant hommage à Garibaldi, place de Ferraris

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La Porta Soprana. Bienvenus à Gênes !

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Le belvédère de Castelletto, avec une vue sur le port en arrière-plan

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La lanterne de Gênes

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Mais j'ai surtout retenu la fougasse, idéale en cas de fringale :banana:
La chanson de la fin de journée :


14h10 : C'est la mi-temps à Voltri, à l'ouest de Gênes. Je viens de passer le Turchino et j'ai en face de moi une vue sur la méditerrannée, mangeant une part de foccacia (fougasse). Je suis satisfait de cette matinée qui s'est globalement passée sans encombre, malgré une chute, mais j'ai perdu du temps à trouver mon rythme ce matin, et me voilà avec 30 minutes de retard. J'ai effectué la moitié du parcours (150kms) et je ne suis pas encore entamé, il faut dire que je n'ai pas forcé de la matinée, j'ai été tout en gestion, accumulant du retard sur mes objectifs. Il va falloir accélérer désormais :manolo:

Je vais maintenant profiter de la mer le long de la côte ligurienne, c'est toujours plat. Mais nous sommes samedi, et il y a du monde sur la route (les pros, ils n'ont pas ce soucis-là). Tout se passe bien, je suis alerte, j'ai une sorte de pic de forme, l'adrénaline me rendant confiant dans ma conduite, je deviens de plus en plus euphorique. Je roule bien plus vite que je ne le pensais (la puissance de la focaccia, sans doute :metalhead: ), et fais tomber des dents, mais sans aller jusqu'à passer la plaque, car le dérailleur est fatigué.

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Le littoral à Savona. On peut voir qu'il y a du monde sur la route, des voitures tout le temps, aucun répit !

15h30 : Cinquième arrêt, à Savona (km 184). Me voilà quasiment dans les temps de départ, j'ai pu pendant le relais précédent rattraper du temps perdu, plus que 15minutes de retard :metalhead:

Pendant ce sixième relais, le dernier vraiment plat avant d'entamer les capi, je garde ce rythme élevé pour moi (22-23km/h). Mais le trafic s'intensifie, il faut être vigilant. Mais c'est l'adrénaline qui me fait avancer à ce rythme, je suis sorti de ma zone de confort et ne suis plus à l'abri d'une défaillance :cheval:

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La plage de Pietra Ligure, juste avant les Capi, on commence à voir du relief à l'approche des Alpes...

17h10 : Sixième arrêt, à Pietra Ligure (km 214). Je m'arrête au bout de 30 bornes seulement, car la chaleur pèse et je dois remplir mes gourdes plus souvent. Heureusement que je roule au-delà des 20kms/h, je peux me le permettre, je vais faire des arrêts supplémentaires sur mes prévisions. Ça passe ou ça casse !

C'était mon dernier arrêt avant les capi. Les capi sont des côtes assez pentues, mais courtes (moins d'un kilomètre). Je me surprends à les passer en force, la chaîne au milieu, je ne peux de toute façon pas remettre des dents :w00t: . Je suis en train de faire MSR en pignon fixe ! Le passage du capo Mele, le premier des trois capi à passer, me surmotive : je vois un panneau "Camping Mele" et me voilà euphorique à l'approche du grand final :niark: . Je suis à bloc dans les descentes, et cherche à reprendre du temps, en prévision du final où je risquerai de piocher. Les 300kms ne sont plus un objectif farfelu, bien au contraire, aucun problème au niveau des jambes, et je crois que je suis tout aussi frais dans la tête :pt1cable:. J'ai l'impression de repousser mes limites, d'avoir un second souffle avec les hormones qui petit à petit, m'anesthésient. Le fait de ne plus ressentir de douleur me rend euphorique, et l'idée que je me rapproche de San Remo me fait aller encore plus vite !

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Le phare du Capo Mele (km240) :love:

Au sommet du capo Cervo, une voiture me fait une queue de poisson :colere: . Je la redépasse dans la descente, en lui faisant l'extérieur dans un virage. J'avais de la visibilité mais je suis surpris d'être aussi entreprenant, mon euphorie annihilant mes habituelles limites. Car en fin d'après-midi, en bord de mer, il y a du monde. D'ailleurs, en bas de la descente, une voiture qui avait le cédez-le-passage me coupe la route. Je la redépasse sur la voie d'en face. Bis repetita :paf-mur: . Petite altercation quand la voiture me redépasse. "Je ne vous avez pas vu" me dit-on. Je me contente d'un simple "Figurati" (faites attention), n'ayant pas envie de rentrer dans une longue explication, gardant mon énergie et mon influx nerveux pour la suite. D'ailleurs je n'ai plus trop de souffle donc je n'ai pas dû être très compréhensible ...

10 minutes plus tard, c'est les embouteillages. Il y a eu un accident. Aucune voiture arrive en face, je remonte la file. Je vois un scooter à terre, du sang, une femme qui hurle en sanglots. Je me dégoûte de passer sans m'arrêter. Mais que pouvais-je faire ? Mon corps commence à réagir bizarrement, j'ai l'impression de ne plus rien ressentir : ni douleur, ni peur, ni tristesse. Le néant :neutral: .

19h : Septième arrêt, juste après le dernier capo (Capo Berta, km 253). Je suis en avance de 20 minutes sur les prévisions :w00t: Je n'arrive plus à marcher, et j'ai des sensations étranges. Mes jambes ne peuvent plus rien faire d'autre que de mouliner. En m'arrêtant du vélo, cependant, le cerveau se réveille, comme s'il s'était effacé pour me concentrer sur mon effort. J'ai une grosse migraine et mes jambes me brûle. Je commande avec difficulté une part de pizza froide,prends un soda, puis, comme toutes les tables sont prises par des clients, je mange sur le trottoir, à côté de mon vélo.

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Impéria, sur le Capo Berta (km253). Prochaine difficulté, la Cipressa :love:

Je repars l'adrénaline m'anesthésie à nouveau. Je ne sens plus mes jambes. J'ai l'impression de voir une go-pro sur youtube. Je vois des jambes tourner, le paysage défiler, des voitures qui me dépassent. Parfois ma tête refait des siennes, je ne maîtrise plus rien : un coup j'ai trop chaud, puis trop froid. Je mets ma veste thermique à un feu rouge alors qu'il fait 30°C dehors, pendant que les automobilistes à ma gauche sont torse-nus. 2kms plus loin, je l'enlève, je transpirais sans m'en être vraiment rendu compte :pt1cable: . Parfois j'ai faim, parfois j'ai envie de vomir. De temps en temps, je sens à nouveau mes jambes douloureuses. Pourtant je roule bien. J'ai aussi des picotements au niveau du cœur et du bras gauche, les mêmes que j'avais ressenti lors de ma dernière journée en Croatie. Peut-être le stress de l'accident qui fait effet à retardement? J'angoisse en me rendant compte de mon état ? Mais il m'est plus facile aussi d'arrêter de penser. Les minutes et les kilomètres passent plus vite ainsi.

Je continue ma route donc, j'ai encore 2h30 pour faire les 40kms restants :hole: . Dans ma tête c'est gagné, j'ai vraiment rouler très vite pendant cet après-midi, il faut maintenant gérer la fatigue. 40Kms, c'est une distance normale pour un cycliste un peu entraîné, qui part rouler deux heures après le boulot.

Mais je me rappelle du marathon que j'avais fait 6 ans plus tôt et je suis en train de répéter le même schéma : 12kms de chauffe, 20kms à allure trop rapide, 10kms en marchant :paf-mur: Et les sensations sont bien plus extrêmes aujourd'hui, je paye mon arrêt trop long au Capo cervo, qui m'a déréglé, peu avant le final. Là, il n'est pas question de se déconcentrer et puis je ne peux plus marcher de toute façon. Je suis dans mon monde, incapable d'apprécier la beauté de la rivera. Je m'amuse à faire un petit salut au panneau Manie. Non, je ne passerai pas par là :hello:

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San Lorenzo al Mare (km263) :love:

Je ne pouvais pas faire un monument sans me tromper de route. J'avais noté qu'après San Lorenzo al mare de prendre la Cipressa. Tout excité à l'idée d'arriver sur le final de cette course mythique, je tourne à droite, mais me rend compte au bout d'un kilomètre que ça ne va pas à la Cipressa. Demi-tour. Au village suivant, je vois le panneau "Cipressa 5,8kms". C'est parti :metalhead:

La montée est régulière, je monte en force, je ne ressens plus aucune fatigue, juste une satisfaction d'être arrivé là, je profite :smile: . Partout sur la route, des inscriptions pour supporter les pros qui ont roulé ici-même. Bronzini chez les dames, Degenkolb et Nizzolo chez les hommes ont la côte! Un peu comme pour l'Olympe, je pars de la côte et je vois au fil des lacets s'éloigner la baie de San Lorenzo. Arrivé quasiment au sommet, je tourne vers la droite, et je profite d'une magnifique vue panoramique sur la baie de San Lorenzo puis, au bout du virage d'une vue sur San Remo, en contrebas :love: .

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Photo souvenir :love: On devine le soleil couchant à l'arrière-plan mais j'ai le temps :banana:

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Le village de Cipressa sur les hauteurs de la baie de San Remo :love:

20h10 : Voilà, j'arrive à Cipressa (km 270), et ayant mémorisé le final, je n'ai aucun problème à en reconnaître le centre-ville, et la descente qui me mènera vers le Poggio. Je fais les 10 bornes de plat qui suivent avec un large sourire, je suis devenu complètement fou! Ma tête m'a certes lâché par moment, mais mes jambes et mon vélo ont tenu la distance. Je m'apprête donc à monter le Poggio :metalhead: .

La montée est tout aussi plate, mais là, les jambes me font comprendre que je suis à la limite. Fini la moulinette, là, je dois mettre la braquasse.

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Puis je vois une inscription "We love cycling, Veloclub" par terre, entre deux Degenkolb :green: . Je ne sais pas si ça vient du forum, mais c'était un clin d'oeil sympa de voir ça sur la route.

J'avais décidé de faire le Poggio "à bloc", mais là, c'est sauve-qui-peut, étant à bout de souffle. Puis je vois écrit par terre "300m" et la courbe où Sagan avait attaqué :w00t: . Je me mets en danseuse, à bloc, me refaisant le film du final version 2017 :metalhead: . Puis je vois marqué "1000m". Merci au gus qui a effacé le "1" 300m plus bas... ou alors je ne l'avais pas vu :paf-mur: . Bref, je fais le dernier km dans le rouge, revoit le vrai endroit où Sagan avait attaqué. Mais là, je ne peux plus faire l'idiot :evil: .

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Je ne suis pas très selfie mais je devais tirer la même grimace que le trek, essayant coûte-que-côute de se lever :stereoking:

21h: Me voilà au sommet du Poggio (km 286) :banana: . Belle moyenne de 15km/h sur ce final, il est tant que j'aille me coucher. Je m'arrête pour reprendre mes esprits, seule une chute peut me faire rater mon objectif maintenant, car j'ai encore 3/4 d'heure pour faire la descente :hole: . Je me mets en long, et en fluo car il commence à faire sombre, ainsi que l'éclairage à l'arrière.

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Nouvelle photo souvenir, avec le soleil toujours de plus en plus bas

J'entame la descente, le vent frais me fait retrouver des sensations, puis je vois le panneau San Remo. Les nerfs lâchent, j'ai fait Milan-San Remo dans la journée :champagne: Gros cri de joie, je lève les bras, le type derrière en voiture a dû se demander ce que je faisais ... Puis j'entends quelque chose tomber. J'avais oublier de refermer mon sac :boulet: . Je m'arrête reprendre mon matos de réparation étalé sur la route. Bien joué. Je reprends mes esprits, et descends au ralenti, la descente est plutôt dangereuse avec la fatigue ...

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Sentiment de surprise et de joie à l'entame de la Via Roma :champagne:

Arrivé, dans San Remo, je vois que la ville est en effervescence : c'est samedi soir, et tout le monde est de sortie. Les voitures sont partout et je perds mes repères. Je demande aux passants "dov'è la via Roma ?" :italia: . Mais mon style rustre/souffle à moitié coupé, ajouté à la dégaine de Tom Hanks dans seul au monde font plus fuir les charmantes demoiselles que j'interpellais :mouchoir: . Alors que j'erre dans la rue principale, un jeune homme me voit, et m'indique le chemin. Lui m'a compris, il me salut d'un bref bravo. Voilà, il faut tourner à gauche puis à droite en direction du port :jap: .

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21h20 : J'arrive à la via Roma. Peut-être à 21h30 je ne sais plus. Bref, j'ai fait les 291kms reliant Milan à San Remo en 15h25, à environ 19km/h de moyenne, en comptant les pauses et avec un vent venant globalement de la mer (et donc de côté) sur le final. Il était plutôt favorable avant le passo Turchino, mais très faible. C'était la journée idéale pour le faire, et je peux vous dire que je ne le referai plus :non:

J'ai le coeur en fête ce soir, je me dirige vers la rue piétonne, trouve un parc à vélo, l'attache, et me dirige vers un bon restaurant. Je vais me remplir la panse comme jamais :banana: . Le festin durera jusqu'à 23h, je peux aller aux toilettes me changer, me débarbouiller avant de me mettre à table. Et j'ai l'impression, ce soir, d'être un touriste à peu près normal qui profite d'une douce soirée estivale :glasses: .

Après manger, je repars, il fait nuit, et tout est privatisé, grillagé ici :pascontent: . Je cherche un abri où dormir comme à Côme. Je ne trouve rien. Je commence à grimper dans une ruelle pour m'éloigner du bord de mer trop touristique puis, à bout de force, j'escalade un muret, et décide de dormir, comme personne ne m'a vu, sous les fenêtres de la cuisine d'une auberge :sleep: . Mon vélo est couché là sur les cailloux.
Spoiler : :
Rozzano (Italie) – Milan - San Remo (Italie) 310kms, D+ 2023m
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J'ai fait donc d'après openrunner 20kms supplémentaires, car j'ai dû en faire 10 de plus le matin pour rejoindre le départ, 5 en me trompant de route pour aller à Cipressa et 5 autres après manger pour chercher un refuge :study: .

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Le plan d'attaque, avec les indications, que je regardais furtivement à chaque pause, avec marquage de l'heure et du lieu de chaque pause. Tout était chronométré !
Dernière édition par Le sucre sportif le 10 août 2018, 00:39, édité 3 fois.
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Par Le sucre sportif
#2711289
Xav_38 a écrit :
08 nov. 2017, 18:27
Wahou :metalhead: :metalhead: :metalhead:

Bravo, sacré aventure, c'est vraiment impressionnant. Tu as de quoi être fier de toi.
Merci ! J'avoue que cette journée restera gravée dans ma mémoire :love: Je m'en souviens encore comme si c'était hier

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