Allez ! Vu que le forum des pratiquants est devenu bien calme, je vais vous conter ma sortie Gravel du jour. Ayant un petit doute quant au sujet, je la mets aussi dans les nouveaux entrainements racontés :-)
C'est vrai qu'à propos des sorties Gravel, il y a souvent plus à raconter qu’à propos des sorties route.
Sur les dernières, on pédale, on monte, on descend, on pédale encore, avec de la chance on passe dans de beaux paysages, et si l'on veut, on peut se mettre bien minable, battre des KOMs, ou, dans le pire des cas, vivre une mésaventure avec un 4 roues.
Le dernier point est presque exclu en vélo Gravel (sauf si pour des raisons incompréhensibles on se sert de son Gravel pour emprunter de grosses routes bien bitumées).
Mais on peut vivre plein d'autres aventures: On peut se perdre, on peut joyeusement enchaîner les gamelles, croiser des bêtes, rencontrer l'amour de sa vie cachée dans un buisson - bon, c'est rare - en plus de faire tout ce que l'on peut faire avec un vélo route.
Aujourd'hui, j'en ai enchaîné pas mal... de gamelles. Mais pas seulement.
Départ sur un très beau chemin gravillonné, qui commence à 400m à peine de ma maison. Tellement il est sympa, ce chemin, que c'est un incontournable des VTTistes du secteur, j'en vois souvent passer (dans le sens opposé des cyclistes sur route, pour eux, c'est une impasse).
Sur ce chemin, l'endroit propice aux gamelles, je le connais, j'ai donné. C'est un virage à 90° en dessous d'un gros chêne. Entre le gravier plus meuble dans le virage, et la couverture quasi-contigu de glands, je m'en étais déjà fait une belle. Donc je fais attention maintenant. Ca fout un peu la honte quand même, de commencer à se vautrer à même pas 1km du camp de base !
Après, un zig-zag le long de quelques jolis lacs, un crochet de chemin herbeux entre champs, ça donne déjà l'occasion au coeur de bien monter (tandis que la moyenne, elle, descend).
A la sortie du prochain village, Mirepoix, j'entame la belle montée sur route vers Montvalen, pour tout de suite bifurquer à gauche sur un chemin au gros gravier qui monte en parallèle - enfin, plus court, plus raide, plus dur. Mais ils ont dû l'aplanir un peu, c'est plus roulant que dans mon souvenir. Je monte tout en souplesse en moulinant et PAF ! KOM. Bon. 1 sur 5 :-)
Je retrouve la route, quelques km plus loin à gauche un autre chemin entre champs, plus de terre que d'herbe. Ca descend de plus en plus raide (et rapide !) Les dernières 50 m font jusqu'à 40% entre les arbres. Je ne l'ai jamais fait sans mettre pied à terre. Allez, je tente ! Tout en bas (il y a un espèce de marche sur 2m qui doit faire dans les 60%), ce n'est pas le pied, mais l'épaule que je mets à terre.
Et hop, remontée de l'autre côté, dans la terre entre champs. J'avais déjà fait cette montée, mais là, un tracteur était passé sur le sol meuble. C'est atroce. Ca secoue tellement, la seule raison que ça ne m'a pas sorti le dentier de la bouche, est que je n'en ai pas. Quand ça commence à monter plus fort (dans les 22%), c'est trop gras, je n'avance plus. Du coup, je teste un peu le cyclocross. Bon, je ne porte pas le vélo, hein, je le pousse, mais je monte quand même en courant. Enfin. C'est un bien grand mot. C'est fun !
Après, c'est à nouveau des petites routes asphaltés, je me dirige tranquillement vers la forêt de Mézens. Je m'étais résolu lors de ma dernière visite de ne pas y retourner avant avril / mai prochain, car le sol terreux y est vraiment très gras à cette saison. Mais j'ai du mal à m'écouter...
Parlant de routes, ce qui est chouette avec le Gravel, c'est qu'on sortant des chemins de boue, le pire ramassis de nids de poule ressemble à une chaussé 4 étoiles, pour peu qu'il y ait un peu d'asphalte :-)
J'arrive donc dans les abords de la forêt de Mézens, et je retrouve un petit chemin agricole que j'avais déjà emprunté. Je ne me souviens plus très bien comment ça se présente. En fait, ça se présente bien ! Très belle descente, mais il faut être très vigilant pour appréhender les bosses, les racines et les trous sous les feuilles. A un moment, c'est tellement raviné (facile 50cm de profondeur de ravin), que je ne peux plus changer de côté du chemin. Je reste donc bon gré mal gré à l'intérieur du virage, et ça passe de justesse.
Remonté de l'autre côté, un peu gras, mais en moulinant en vitesse, ça passe !
Voilà, j'y arrive, à cette forêt de Mézens, qui me nargue depuis le début de l'automne, car à chaque fois que j'y vais, soit c'est trop gras, soit je tourne en rond et tombe toujours sur les mêmes chemins, soit je crève. Elle se mérite, cette forêt jolie, truffée de singletracks de dingue.
La dernière fois que j'y suis allé, j'avais à mon grand étonnement découvert qu'il y avait une sorte de chemin de ronde sur 3,5 km, avec une sacrée descente de 100m de D- , et une remonté du même acabit, mais moins raide. Objectif: Faire la ronde le plus rapidement possible. Ca commence bien, mais ça se gâte vite: de grosses flaques d'eau ! Il y a des endroits ou le sol est complètement détrempé. Ca patine grave ! Je n'ai très rapidement plus de profil sur mes pneus, ce sont des cerceaux de boue ! La descente est rock n'roll ! A nouveau, il faut faire très attention pour appréhender ce qui peut bien se cacher sous le feuilles. Sur la dernière partie, vraiment bien défoncée, je suis sur les freins. Arrivé en bas, ma roue arrière ne tourne presque plus - un gros paquet de feuilles et de boue entre pneu et pédalier fait frein. Tant pis. Je descends de 2 vitesses, ça tourne encore. Mais plus pendant très longtemps. A l'approche d'un véritable petit étang sur le chemin, je descends, je pousse le vélo dans l'eau (histoire de nettoyer un peu), tandis que je marche dans la boue à côté. Après, impossible de remettre mes cales dans les pédales. Ca devient galère. Vraiment. Je fais plusieurs tentatives de remonter en montée, je me casse la figure, c'est pas possible. Je nettoie un peu le gros caillot de boue avec une branche. Là, ça va mieux. Je boucle bon gré mal gré la boucle. Pour la faire \"rapide\", merci de revenir au printemps !
Revenu au point de départ, je découvre tout près de là un petit single que je ne connais pas encore. Je m'y engage. C'est plutôt en descente. Un régal ! Trop joli ! Du slalom entre les arbres, des petites cuvettes , des relances, des racines, des feuilles, des dérapages... Faut que je m'entraîne pour ça, je suis encore beaucoup trop sur la réserve. Enfin. Je me gamelle quand même. Donc j'ai peut-être pas si tort d'être sur la réserve. Le sol glissant est traitre.
Arrivé en bas, je m'arrête, je mange un peu, je profite du soleil. Ca l'air d'un cul de sac, mais peut-être qu'en longeant ce bord de champs... ? Et bien, si. Le single continue ! Splendide ! Je vais jusqu'au bout, je fais demi tour.
Grosse galère. A nouveau un gros caillot de boue qui me freine, les cales pleines de merde. Je mets les chaussures sur les pédales, sans enclencher, je dérape, c'est moyen. Dommage. Par temps sec, cette montée de single doit être superbe !
Arrivé au champs, je me dis que sur la deuxième partie, je vais faire un truc bien, tenter un KOM, quoi. Je me mets sur une partie à peu près plate, je clipse ma premier cale, le deuxième ne veut pas, je fais un tour de pédale, ça dérape, je tombe - du mauvais côté !!
Dans les ronces !!! Aïe ! La tête en bas, en plus. Merdemerdemerde. Qui de vous a déjà essayé de se relever, couché dans les ronces, la tête en bas du talus ? Eh bien, je peux vous dire, c'est du sport ! Bon, dûment déroncé, je fais la partie raide en poussant, et le reste tranquillou, toute velléité de KOM disparue. Pour l'instant.
Par ailleurs, j'innove - une gamelle en montée, c'est inédit ! Une fois de plus, le sol glissant est en cause - en aucun cas mes talents de pilote :-)
En descente, je retrouve une portion que je connais déjà, le segment en montée s’appelle « las Caillas ». De la caillasse, quoi. Des gros galets meubles. Mais avec 3 bar dans les tubeless, ça passe assez bien.
J’ai un autre objectif, c’est la montée de « notre dame de grâce », à l’est de Mézens. Lors d’un précédent jardinage, je avais découvert cette petite route bien raide, bien casse-pattes, et réalisé au retour qu’il y avait un segment dessus. Normalement, c’est comme ça que je procède: Je repère les segments de retour de jardinage, et si le segment me plaît, j’y retourne pour tenter le KOM - par contre « à l’aveugle », sans afficher le temps à chasser. Je préfère me fier à mes sensations.
Pour y arriver à cette montée, je peux emprunter le chemin des vignes, un singletrack assez plat et plutôt tout droit, mais avec pas mal de vagues et de trous, qui longe la lisière de la forêt de Mézens dans la vallée. A mon souvenir, il y a un segment là-dessus également, que j’ai envie de tenter. Donc feu.
C’est génial. C’est mi gras, mis sec, avec des flaques d’eau dans les trous les plus profonds. C’est du pilotage. Pour éviter les plus gros trous, je remonte sur le talus à droit du chemin, ça dérape, j’amortis les petits trous, je cherche vraiment la limite. Les jambes répondent à merveille, c’est du trial ! Malheureusement, ce putain de Garmin m’a collé ma trace une vingtaine de m au nord du chemin, donc je ne suis pas classé… Enorme plaisir tout de même.
Pour le chemin qui monte à la chapelle de notre dame de grâce, je ne sais pas vraiment comment y accéder. J’ai une vague idée. J’emprunte la route qui y mène mollo. La première bifurcation qui l’indique, je connais, c’est pas la bonne. La deuxième ne me dit trop rien, mais j’ai quand même un doute. Le temps d’hésiter, un énorme cerf déboule de ma gauche et traverse la route sous mon nez au triple galop. Vraiment impressionnant ! Z’ont une VO2 max de dingue, ces bêtes :-)
Bon, allez, je prends cette route là, pas envie de chercher, puis il commence à se faire tard, je ne veux pas rentrer avec la nuit.
Et mon choix s’avère judicieux ! Une merveille, cette petite route. Presque complètement couverte de feuilles, il n’y a qu’une bande de 50 cm d’asphalte au milieu. C’est d’une beauté, on en ferait un poster pour chambres d’adolescentes (avec le cerf, en plus). Par contre, c’est raide. Enfin, je n’ai pas vraiment l’impression, mais je suis collé. La pratique du Gravel peut nuire à la perception des inclinaisons. Après des chemins en terre et cailloux à 20%, des routes ont tendance à sembler facile, mais ça peut être trompeur ! J’en chie bien, mais je maintiens mon effort jusqu’à la petite chapelle. Herr Strava m’a sorti 409 W pour la montée complète jusqu’à la chapelle, ça suffit pour le KOM. De là, je rentre tranquille sur des routes que je connais, bien content. Et j’ai même encore un peu de soleil pour laver mon biclou bien crade.
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