Allez, le Mont Ventoux...
Tout d'abord un peu d'histoire, [mode JPO activé], le Ventoux c'est un col magique que j'ai découvert à 10 ans en vacances avec mes parents (j'avais pas vu l'étape du TDF 1994). J'ai souvenir d'avoir vu cette montagne blanche d'en bas, demandant si c'était de la neige.
Je me souviens aussi d'une route interminable, des gars en vélo qui semblaient ne pas avancer. Et le sommet, un froid glaciale alors qu'en bas j'étais en T-shirt, short et tongs !
Autant dire que ce col m'avait marqué !
Je me suis juré de le faire un jour où j'avais 12 ans et que je commençais à faire un peu de vélo (VTT principalement.) L'été de mes 14 ans, nous partons quelques jours dans les Baronnies et après d'âpres négociations, j'avais le droit d'apporter mon VTT (Commençal) et surtout, le droit de grimper le Mont Chauve. Mission réussie au bout de 3 h de combat et malgré la pluie se mettant à tomber à un km du sommet ! Je n'ai même pas fait la descente en vélo, trop froid au sommet !
Je refais ce monstre avec mon frère en 2014, alors âgé de 27 ans, je possédais un vieux Look carbone duquel j'avais fait enlevé le triple plateau, m'en servant jamais. Matez la bête :
Du coup, braquet de 42*27, une catastrophe, plus de jambes dans les 5 derniers kms, 2h00 environ, douleurs aux genoux pendant 2 jours ensuite. De plus, un gros brouillard sur le sommet et 4°.
Autant dire que pour l'instant, on peut pas dire que le Ventoux s'est laissé apprivoiser !
L'année suivante, nouveau vélo, Colnago ACR 34*28, je vous laisse remonter le sujuet, j'avais fait un joli CR. Bref, 28 ans 1h42.
Donc, après mon séjour alpin, je me dis, "Tiens ça me dit bien d'aller faire le Ventoux !" et quand je dis faire le Ventoux, c'est faire une perf
Me voilà arrivé à Bédoin, je prépare le vélo, affute le pédalier (36*28) et m'élance.
Une pause sirop dans un bistrot afin de vider mes intestins. Oui car le Ventoux continue toujours à m'impressionner et m'intimider. Je commence l'ascension et double un gars (hollandais) qui s'accroche à ma roue. Je vois une ligne au sol, c'est le point de départ du chrono, je lance mon temps, je vise moins d'1h35.
Je continue la grimpée, toujours suivi, double 2-3 gars, la pente est entre 3 et 5 % au début. Sur une courte rampe à 7%, je me mets en danseuse et vois que le suiveur aura du mal a tenir jusqu'en haut
Pas trop de vent, cool, c'est la première fois que j'aurais pas vent de face ! Arrive St Estève et les pourcentages, je garde de la souplesse, prend le fameux virage et ça y'est, le mur est là. Comme prévu, le hollandais lâche direct.
Ce passage, de St Estève au Chalet Reynard est vraiment dur, je grimpe à mon rythme, en essayant de faire (environ) 1/3 du temps en danseuse et le reste assis. Le cardio monte, 175 BPM, 180 BPM, c'est bon signe, je suis en forme et je pense être capable de tenir cette intensité jusqu'en haut. Je ne regarde pas trop mon cardio pour la suite, je veux me gérer au "feeling". Je double pas mal de monde, dont 5 ou 6 VAE (ça c'est extrêmement plaisant) je vois au loin de cyclistes qui semblent bien grimper. Je me rapproche, l'un deux lâche l'autre que je dépasse. Je reviens sur le second 2 bons kms plus loin, il a passé la seconde et s'accroche à moi. Impossible de le lâcher, je décide de faire comme si il n'existait pas.
Voici le Chalet Reynard et les pourcentages plus doux. Et là, vent de face
comme quoi la vérité du moment change vite au Ventoux. 1 km après le Chalet, le mec me passe un relais et on va tourner souvent. Un bon gars, on s'encourage à chaque passage, c'est motivant.
3 kms du sommet au niveau des premiers photographes, il perd ma roue et me dit "je peux plus" quand je me retourne. Tant pis, je continue, je mets une grosse relance à un virage en replat. Le dernier km arrive et c'est dur, je souffre. Tant pis, au col des tempêtes, je me mets en danseuse, 2 dents de plus et me dit que je dois doubler le gars à 100 mètres. Chose faîte juste avant le dernier virage (un VAE encore...) si vous avez jamais fait le Ventoux, les 100 derniers mètres sont une rampe terrible et je la passe à fond de balle. Je passe le panneau "sommet du Mont Ventoux" top 1h29 (Strava me donne 1h30, mais bon on va pas chipoter... 2672 /51732 )
Le gars au VAE, me dit "j'ai cru que t'avais un moteur..." "j'en ai un, bi-réacteur, jambe gauche et jambe droite !" Oui pas très modeste sur le coup...
Je revois mon collègue de route qui me félicite de ma grimpée, sympa, son record perso est à 1h25, mais il date un peu, là il a mis 1h36.
Pause photos et je redescend cette fois jusqu'à Sault. Je me dis je remonte au Chalet Reynard et redescend sur Bédoin.
La montée est très belle, bien moins dure et je l'a fait en réserve, profitant des beaux points de vues. Me voici au Chalet, je suis à sec. Je remplis mes bidons et me dit "Putain tu vas pas descendre maintenant, tu vas le regretter toute l'année !"
Vous avez compris, je retourne au sommet ! Bon, je gère la suite de cette ascension, mais même en gestion, je double du monde et surtout personne ne me double ! Le dernier kilomètre est long, très long mais ouf, me voilà au sommet pour la seconde fois ! Mais là, je suis HS, la première ascension en mode chrono m'a tué. Bien sur le jour où je m'attaque au défi des cinglés, je ferais pas le malin sur la première montée !
Pour conclure, une journée magique, de bonnes jambes et pleins de souvenirs !
https://www.strava.com/activities/1151579213/
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Photos :