- 22 juil. 2014, 23:22
#2031103
Quelques précisions préalables : c’est la troisième fois en quatre ans que je réalise un brevet de plus de 1 000 km. Ma première expérience date de 2010, je l’avais fait avec mon père, un peu la fleur au fusil. Pour Paris-Brest-Paris, je l’avais fait avec un collègue de club et c’est avec lui que je recommence cette année. Sur ce genre d’épreuve, il faut généralement faire une nuit sur le vélo pour rentrer dans les délais (75h pour un 1 000 km). Le départ se fait généralement tôt le matin ou en fin de journée. J’ai essayé le matin la première fois et j’ai eu du mal pendant la nuit. Sur Paris-Brest-Paris, je suis parti à 20h et ça s’est très bien passé. Comme c’est moi qui ai tracé le parcours, j’ai choisi un départ à 18h.
Pour le parcours, j’ai commencé par prendre les 270 premiers km d’un ancien brevet de 600 km. J’ai ensuite cherché une ville vers le 500e km puis une autre vers le 750e km qui seraient mes deux arrêts pour dormir. Finalement, on a préféré rallonger la 2e étape pour s’arrêter au 780e km. Les hôtels étaient réservés et des vêtements propres avaient été envoyés. Certains préfèrent les arrêt « roots » sous les abris de bus à la belle étoile, mais je trouve qu’une douche et un vrai lit font une sacrée différence.
J’avais soigneusement revu le parcours, détaillant les directions et programmant les arrêts. Je prévoyais généralement 60 km puis 20’ de pause (1h pour le repas de midi). Je m’étais rendu compte que ce genre de chose était primordial sur les longues distances (jusqu’à 400 km, on peut se permettre de rouler à l’instinct).
Au départ, nous sommes 7 participants : 4 du club (les deux autres, un vieux de vielle des longues distances et un de mon âge qui se teste), un Allemand, un Alsacien et un autre de Villefranche sur Saône un peu étrange. Il a fini hors délai un brevet de 600 km à cause de braquets inadaptés (il n’a qu’un double) et s’est demandé si notre brevet était dur (on passe dans le Morvan et le Massif Central, donc c’est pas facile). La participation est faible probablement parce que, contrairement à d’autres organisateurs, on ne propose pas d’assistance (dépôt de bagage, dortoirs, repas…) en route.
On part à 5 (les deux autres du club doivent faire un détour pour aller chercher un gilet de sécurité), mais on n’est que deux à prendre des relais. Le départ est un peu vallonné, mais au bout de 20 km, c’est plat et ça roule bien. Je demande à mon collègue de réguler à 28 km/h, ça ne sert à rien d’aller plus vite. Les autres suivent. L’Allemand part devant, mais il se retrouve derrière nous 20 km plus loin (il s’est arrêté ou perdu en route). Au bout de 50 km, ça part dans tous les sens, mais je laisse faire. On négocie pas trop mal la première traversée de ville (Vesoul). Je n’ai pas mis mon GPS pour les 270 premiers km qui sont assez simples en terme de navigation.
Le premier arrêt est programmé au bout de 90 km à Fresnes St Mamès. On a maintenu un bon 27 km/h de moyenne qui nous donne 20’ d’avance sur notre programme. Les autres s’arrêtent avec nous et les deux collègues de club arrivent 10’ plus tard. On trouve des toilettes et un distributeur de boissons, c’est le grand luxe.
On repart ensemble, mais on se sépare vite pendant la nuit. On a du dévié un peu du parcours officiel à cause d’un pont coupé. La deuxième étape fait 70 km et j’ai un peu de mal sur la fin. On garde cependant notre avance, mais après l’arrêt à Longeau on se trompe de route. 3 km de plus. L’Alsacien était avec nous et nous dit : « Le GPS indiquait une autre route ». Je maudis ces gens qui ont un GPS allumé et qui ne l’utilisent pas. Je ne m’en prends qu’à moi-même car j’aurai pu allumer le mien. Avant l’arrêt suivant, on connaît un point d’eau où on s’arrêtera pour faire le plein et passer toute la nuit tranquille.
Juste avant le 200e km, je commence à me sentir moins bien. Je fais une petite hypoglycémie. J’ai mangé avant de partir, vers 16h. Je pensais que ça serait suffisant, mais il s’avère que non. J’ai mangé trop léger lors des arrêts précédents. Je prends une barre de céréales qui me requinque et me permet de tenir jusqu’à l’arrêt suivant à Châtillon sur Seine. On est toujours en avance.
Pour l’arrêt suivant à Tonnerre, on est au bout des 270 km connus. Le relief se fait un peu plus difficile alors que le jour se lève. J’ai passé certainement une des nuits les plus faciles sur mon vélo, n’ayant jamais un petit coup de sommeil en route. Je suis confiant pour la suite. Il est trop tôt pour trouver des commerces ouverts pour déjeuner, on espère trouver quelque chose au prochain contrôle, 45 km plus loin.
C’est là que les choses se gâtent. Il y a normalement 45 km jusqu’à Avallon, mais sur la route on voit des panneaux « Avallon 48 km » ! Premier coup au moral. La route est chiante avec de longues montées qui n’en finissent pas. A chaque fois qu’on se croit arrivé au sommet, ça repart. Juste avant Avallon, on a une déviation qui rajoute bien 5 km. J’en ai marre, j’ai faim. Il est finalement plus de 9h quand on trouve un bar dans une « zone ». Ca fera l’affaire. Je me prends 3 pains au chocolat pour me refaire une santé.
On prévoit de manger à Clamecy, 50 km plus loin. La route pour y aller est tout aussi chiante. On n’avance pas. J’avais prévu de rouler à 22 km/h de moyenne, mais on est plutôt à 21. A un moment, on a un choix : soit on reste sur une grande route, soit on prend l’itinéraire officiel, plus court, mais avec un peu plus de navigation. On choisi la 2e alternative, mais ça s’avère une mauvaise décision. Les routes sont toutes petites, limite des routes forestière, et on se retrouve dans des passages à 12% !
Dans Clamecy, je repère une boulangerie à l’entrée de la ville, mais je me dis qu’on en trouvera une autre plus loin. 2 km plus loin, pas de boulangerie, demi-tour. J’ai pris mon petit déjeuner il y a trop peu de temps et je n’arrive quasiment rien à manger. On repart, toujours avec notre avance de 15-20’ qu’on gère en réduisant un peu les pauses. La chaleur commence à se faire ressentir. Après la Saône et la Seine, on va traverser la Loire à Cosne. J’en profite pour m’acheter un gel à l’arnica.
Normalement, le relief devient un peu plus calme jusqu’à notre premier arrêt pour dormir. Je maudis cette traversée du Morvan et surtout celui qui a tracé ce parcours de m***. Reste quand même une bosse assez terrible pour monter à Sancerre. Une fois au sommet, le GPS me dit de tourner à droite, mais je repère le panneau du prochain village en face. Cependant je vois que la route descend pour remonter. Un rapide coup d’œil sur la carte confirme que la route plus longue parait plus sûre. Même si le relief est plus calme, ce n’est pas encore ça et les sensations deviennent carrément mauvaises. On se traine et on prend du retard, aggravé par une crevaison. J’ai des douleurs dans les cuisses, comme des crampes. Finalement après un dernier arrêt pour acheter le petit déjeuner du lendemain, on arrive à St Amand Montrond à l’issue d’une dernière bosse et d’une route barrée prise quand même. Il est 19h40, on a 10’ de retard sur le planning, on a perdu quasiment 1/2h sur les 50 derniers kilomètres.
Arrivé à l’hôtel, je m’allonge par terre avant tout. J’en rêvais depuis des heures. Une douche, un bon repas et je me prépare pour le lendemain. Pommade PO12 sur les fesses, Arnica sur les jambes. Ce sont des remèdes qui ont fait leurs preuves. A 22h30 on est au lit. On a appris entre temps qu’un de nos collègues de club avait abandonné, déshydraté. Le mec bizarre de Villefranche a aussi jeté l’éponge.
Réveil à 3h30 pour un départ une heure plus tard (1/2h plus tôt que prévu). Avant de partir, je vérifie mon pneu arrière qui a crevé la veille. Il est un peu mou et je décide de remettre un coup de pompe (j’en ai enfin trouvé une efficace). Je ne sais pas comment je fais mon coup, mais j’arrive à dévisser la valve. 10’ de perdues pour réparer (mon collègue avait une petite pince, merci à lui).
Le départ est compliqué, comme tous les départs après une nuit. J’ai l’impression de plafonner à 18 km/h, je surchauffe rapidement m’étant trop habillé. Même à 5h du matin, il fait déjà chaud. Le cœur monte vite et haut. Ca va un peu mieux au lever du jour, mais c’est encore dur au niveau du relief. J’ai l’impression de trainer. A un moment, on se prend une belle route fraichement gravillonnée, du pur bonheur…
A Saint Pouçain sur Sioule, on se sépare : l’un va à la Poste envoyer nos vêtements sales, un autre ravitaille. C’était déjà un contrôle lors de mon 1 000 en 2010 comme Cosne. Habituellement je tourne au Coca sur les brevets, mais maintenant j’ai envie d’Ice Tea, ça me paraît plus rafraîchissant. La prochaine étape s’annonce moins difficile et on retrouve un moment un rythme à peu près correct. Pour l’arrêt repas à Bourbon-Lancy je me suis un peu planté, je croyais que c’était au pied d’une bosse, mais c’est en fait au sommet. On galère un peu pour trouver des commerces ouverts. Je vais chez un traiteur et trouve mon bonheur : une salade choux/carottes et une quiche aux légumes. J’avais envie de fruits et légumes depuis ce matin. Juste avant de s’arrêter j’ai aussi réglé un petit problème de constipation puisque je n’avais pas fait de grosse commission depuis le départ du brevet.
On récupère un bout de Morvan en partant. Le thermomètre indique 38 °C, d’un seul coup je sens mon cœur s’emballé : je suis à 150 bpm, ce qui est énorme après 600 km. J’ai l’impression que le cœur voulait encore monter, mais plafonnait. Je me calme un moment. On fait une nouvelle pause après 30 km. J’ai l’impression qu’on ne tiendra pas notre rythme prévu et qu’on devra ajouter des arrêts. Finalement on arrive à faire une étape correcte, mais on se traîne encore et on a encore des kilomètres supplémentaires. Après le mal aux cuisses de la veille, j’ai mal au bas du mollet gauche maintenant. J’ai l’impression que c’est dû au mouvement pour déchausser. On boit un coup avant les dernières difficultés. On prend à ce moment une décision : on choisit une route plus longue et probablement moins dure plutôt que l’itinéraire officiel qui passe sur des routes avec deux chevons sur la carte Michelin (on apprendra par la suite que c’était bien vu). Là encore, j’ai un peu merdé au niveau du parcours.
Arrivés à Tournus, il ne reste que 30 km sur un parcours que je connais bien. On roule tant bien que mal à 25 km/h sur du plat et j’ai l’impression qu’il faut vraiment se forcer pour y arriver. On arrive à l’hôtel avec près de 20’ de retard sur le planning. Avec les 20’ d’avance de ce matin, ça n’est pas brillant. On doit maintenant manger assez vite pour garder nos 5h de sommeil règlementaires.
Le lendemain matin, on part de nouveau avec 1/2h d’avance. Il faudra au moins ça. La nuit a été plus agitée que la veille et le réveil est difficile. J’ai encore mal au mollet. Je me masse un peu et une heure plus tard ça ca complètement disparu. Ca ne réapparaîtra pas de la journée. Le départ est encore difficile et je me fais mal pour rouler à 23 km/h. On est rattrapé par notre deuxième collègue de club. Il nous donne des nouvelles de l’abandon de celui avec qui il était, il était complètement cuit et ne pouvait plus rien manger ni boire. De son côté, il a du un peu accélérer pour rattraper son retard et a dormi à la belle étoile et dans une ferme. On le laisse rapidement car il n’a pas déjeuné. On modifie nos arrêts qui étaient trop optimistes (40 km au lieu de 60). Le corps va pas mal, j’ai juste un peu mal aux fesses, mais rien d’insurmontable. Un peu avant midi on décide de faire des courses à Pesmes plutôt que de galérer plus loin. On décide aussi de garder nos vêtements sales dans les sacoches 150 km de plus plutôt que de les envoyer par la Poste. A ce moment je me fais une raison, je ne serai pas rentré pour 17h comme espéré. Ca me « libère » quelque peu. Avant de s’arrêter à midi à Rioz, on a le droit à 3 km de route fraîchement gravillonnée. Dans le village, je trouve un traiteur ouvert et mon bonheur : une salade de choux et des rillettes. On mange à l’ombre d’escaliers tellement il y a de soleil.
La suite est aussi dure, mais cette fois je n’ai pas de coup de chaud. Il faut dire que je ne prends aucun risque. On s’arrête faire le plein d’eau puis dans un village, je vois un bar qui propose des glaces. Je demande un arrêt qui fait du bien. En repartant, on retrouve notre collègue de club qui arrive, on discute un peu mais on le laisse à nouveau. On est trop proche de l’arrivée et lui aussi a besoin de souffler et envie de glaces. Je connais plus ou moins les 50 km qui restent, les ayant déjà faits. Je roule à la mémoire des villages et non plus les yeux sur le compteur. J’ai un repère à 18 km de l’arrivée, je crois que ça va être bon, mais à 5 km de la fin, je dois m’arrêter un peu. Finalement j’arrive chez moi vers 17h45.
Bon, le bilan maintenant. J’ai envie de dire que c’est ma pire expérience de longue distance, mais j’ai l’impression de dire ça à chaque fois. C’est le sentiment à chaud. Toujours le même. Je dois passer pour un aigri. A froid, je me dis quand même qu’il y a es choses positives. J’ai quand même bien géré les conditions pas faciles (dénivelé et chaleur). Je ne veux pas me vanter, mais là je pense que l’expérience a joué. Sinon, je pense que c’est un des brevets que je fini le mieux physiquement. Le mal aux fesses n’est apparu qu’assez tard. Je n’ai pas eu trop de soucis à part aux mains (c’est nouveau, ça). Je suis content de mon vélo aussi, j’ai changé par rapport à il y a 4 ans et je ne pensais pas qu’il serait aussi bien. Pour les points négatifs, il y a le parcours. Là, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Le découpage était bancal avec la partie difficile au milieu. Certaines routes étaient trop petites. Mais bon, dans l’optique d’un Paris-Brest-Paris c’est un « bon » brevet. Notre collègue a dit qu’il avait « son charme ». Venant d’un mec qui fait de la longue distance depuis 40 ans, c’est un compliment.
Pour la suite et l’année prochaine, on verra.
Pour le parcours, j’ai commencé par prendre les 270 premiers km d’un ancien brevet de 600 km. J’ai ensuite cherché une ville vers le 500e km puis une autre vers le 750e km qui seraient mes deux arrêts pour dormir. Finalement, on a préféré rallonger la 2e étape pour s’arrêter au 780e km. Les hôtels étaient réservés et des vêtements propres avaient été envoyés. Certains préfèrent les arrêt « roots » sous les abris de bus à la belle étoile, mais je trouve qu’une douche et un vrai lit font une sacrée différence.
J’avais soigneusement revu le parcours, détaillant les directions et programmant les arrêts. Je prévoyais généralement 60 km puis 20’ de pause (1h pour le repas de midi). Je m’étais rendu compte que ce genre de chose était primordial sur les longues distances (jusqu’à 400 km, on peut se permettre de rouler à l’instinct).
Au départ, nous sommes 7 participants : 4 du club (les deux autres, un vieux de vielle des longues distances et un de mon âge qui se teste), un Allemand, un Alsacien et un autre de Villefranche sur Saône un peu étrange. Il a fini hors délai un brevet de 600 km à cause de braquets inadaptés (il n’a qu’un double) et s’est demandé si notre brevet était dur (on passe dans le Morvan et le Massif Central, donc c’est pas facile). La participation est faible probablement parce que, contrairement à d’autres organisateurs, on ne propose pas d’assistance (dépôt de bagage, dortoirs, repas…) en route.
On part à 5 (les deux autres du club doivent faire un détour pour aller chercher un gilet de sécurité), mais on n’est que deux à prendre des relais. Le départ est un peu vallonné, mais au bout de 20 km, c’est plat et ça roule bien. Je demande à mon collègue de réguler à 28 km/h, ça ne sert à rien d’aller plus vite. Les autres suivent. L’Allemand part devant, mais il se retrouve derrière nous 20 km plus loin (il s’est arrêté ou perdu en route). Au bout de 50 km, ça part dans tous les sens, mais je laisse faire. On négocie pas trop mal la première traversée de ville (Vesoul). Je n’ai pas mis mon GPS pour les 270 premiers km qui sont assez simples en terme de navigation.
Le premier arrêt est programmé au bout de 90 km à Fresnes St Mamès. On a maintenu un bon 27 km/h de moyenne qui nous donne 20’ d’avance sur notre programme. Les autres s’arrêtent avec nous et les deux collègues de club arrivent 10’ plus tard. On trouve des toilettes et un distributeur de boissons, c’est le grand luxe.
On repart ensemble, mais on se sépare vite pendant la nuit. On a du dévié un peu du parcours officiel à cause d’un pont coupé. La deuxième étape fait 70 km et j’ai un peu de mal sur la fin. On garde cependant notre avance, mais après l’arrêt à Longeau on se trompe de route. 3 km de plus. L’Alsacien était avec nous et nous dit : « Le GPS indiquait une autre route ». Je maudis ces gens qui ont un GPS allumé et qui ne l’utilisent pas. Je ne m’en prends qu’à moi-même car j’aurai pu allumer le mien. Avant l’arrêt suivant, on connaît un point d’eau où on s’arrêtera pour faire le plein et passer toute la nuit tranquille.
Juste avant le 200e km, je commence à me sentir moins bien. Je fais une petite hypoglycémie. J’ai mangé avant de partir, vers 16h. Je pensais que ça serait suffisant, mais il s’avère que non. J’ai mangé trop léger lors des arrêts précédents. Je prends une barre de céréales qui me requinque et me permet de tenir jusqu’à l’arrêt suivant à Châtillon sur Seine. On est toujours en avance.
Pour l’arrêt suivant à Tonnerre, on est au bout des 270 km connus. Le relief se fait un peu plus difficile alors que le jour se lève. J’ai passé certainement une des nuits les plus faciles sur mon vélo, n’ayant jamais un petit coup de sommeil en route. Je suis confiant pour la suite. Il est trop tôt pour trouver des commerces ouverts pour déjeuner, on espère trouver quelque chose au prochain contrôle, 45 km plus loin.
C’est là que les choses se gâtent. Il y a normalement 45 km jusqu’à Avallon, mais sur la route on voit des panneaux « Avallon 48 km » ! Premier coup au moral. La route est chiante avec de longues montées qui n’en finissent pas. A chaque fois qu’on se croit arrivé au sommet, ça repart. Juste avant Avallon, on a une déviation qui rajoute bien 5 km. J’en ai marre, j’ai faim. Il est finalement plus de 9h quand on trouve un bar dans une « zone ». Ca fera l’affaire. Je me prends 3 pains au chocolat pour me refaire une santé.
On prévoit de manger à Clamecy, 50 km plus loin. La route pour y aller est tout aussi chiante. On n’avance pas. J’avais prévu de rouler à 22 km/h de moyenne, mais on est plutôt à 21. A un moment, on a un choix : soit on reste sur une grande route, soit on prend l’itinéraire officiel, plus court, mais avec un peu plus de navigation. On choisi la 2e alternative, mais ça s’avère une mauvaise décision. Les routes sont toutes petites, limite des routes forestière, et on se retrouve dans des passages à 12% !
Dans Clamecy, je repère une boulangerie à l’entrée de la ville, mais je me dis qu’on en trouvera une autre plus loin. 2 km plus loin, pas de boulangerie, demi-tour. J’ai pris mon petit déjeuner il y a trop peu de temps et je n’arrive quasiment rien à manger. On repart, toujours avec notre avance de 15-20’ qu’on gère en réduisant un peu les pauses. La chaleur commence à se faire ressentir. Après la Saône et la Seine, on va traverser la Loire à Cosne. J’en profite pour m’acheter un gel à l’arnica.
Normalement, le relief devient un peu plus calme jusqu’à notre premier arrêt pour dormir. Je maudis cette traversée du Morvan et surtout celui qui a tracé ce parcours de m***. Reste quand même une bosse assez terrible pour monter à Sancerre. Une fois au sommet, le GPS me dit de tourner à droite, mais je repère le panneau du prochain village en face. Cependant je vois que la route descend pour remonter. Un rapide coup d’œil sur la carte confirme que la route plus longue parait plus sûre. Même si le relief est plus calme, ce n’est pas encore ça et les sensations deviennent carrément mauvaises. On se traine et on prend du retard, aggravé par une crevaison. J’ai des douleurs dans les cuisses, comme des crampes. Finalement après un dernier arrêt pour acheter le petit déjeuner du lendemain, on arrive à St Amand Montrond à l’issue d’une dernière bosse et d’une route barrée prise quand même. Il est 19h40, on a 10’ de retard sur le planning, on a perdu quasiment 1/2h sur les 50 derniers kilomètres.
Arrivé à l’hôtel, je m’allonge par terre avant tout. J’en rêvais depuis des heures. Une douche, un bon repas et je me prépare pour le lendemain. Pommade PO12 sur les fesses, Arnica sur les jambes. Ce sont des remèdes qui ont fait leurs preuves. A 22h30 on est au lit. On a appris entre temps qu’un de nos collègues de club avait abandonné, déshydraté. Le mec bizarre de Villefranche a aussi jeté l’éponge.
Réveil à 3h30 pour un départ une heure plus tard (1/2h plus tôt que prévu). Avant de partir, je vérifie mon pneu arrière qui a crevé la veille. Il est un peu mou et je décide de remettre un coup de pompe (j’en ai enfin trouvé une efficace). Je ne sais pas comment je fais mon coup, mais j’arrive à dévisser la valve. 10’ de perdues pour réparer (mon collègue avait une petite pince, merci à lui).
Le départ est compliqué, comme tous les départs après une nuit. J’ai l’impression de plafonner à 18 km/h, je surchauffe rapidement m’étant trop habillé. Même à 5h du matin, il fait déjà chaud. Le cœur monte vite et haut. Ca va un peu mieux au lever du jour, mais c’est encore dur au niveau du relief. J’ai l’impression de trainer. A un moment, on se prend une belle route fraichement gravillonnée, du pur bonheur…
A Saint Pouçain sur Sioule, on se sépare : l’un va à la Poste envoyer nos vêtements sales, un autre ravitaille. C’était déjà un contrôle lors de mon 1 000 en 2010 comme Cosne. Habituellement je tourne au Coca sur les brevets, mais maintenant j’ai envie d’Ice Tea, ça me paraît plus rafraîchissant. La prochaine étape s’annonce moins difficile et on retrouve un moment un rythme à peu près correct. Pour l’arrêt repas à Bourbon-Lancy je me suis un peu planté, je croyais que c’était au pied d’une bosse, mais c’est en fait au sommet. On galère un peu pour trouver des commerces ouverts. Je vais chez un traiteur et trouve mon bonheur : une salade choux/carottes et une quiche aux légumes. J’avais envie de fruits et légumes depuis ce matin. Juste avant de s’arrêter j’ai aussi réglé un petit problème de constipation puisque je n’avais pas fait de grosse commission depuis le départ du brevet.
On récupère un bout de Morvan en partant. Le thermomètre indique 38 °C, d’un seul coup je sens mon cœur s’emballé : je suis à 150 bpm, ce qui est énorme après 600 km. J’ai l’impression que le cœur voulait encore monter, mais plafonnait. Je me calme un moment. On fait une nouvelle pause après 30 km. J’ai l’impression qu’on ne tiendra pas notre rythme prévu et qu’on devra ajouter des arrêts. Finalement on arrive à faire une étape correcte, mais on se traîne encore et on a encore des kilomètres supplémentaires. Après le mal aux cuisses de la veille, j’ai mal au bas du mollet gauche maintenant. J’ai l’impression que c’est dû au mouvement pour déchausser. On boit un coup avant les dernières difficultés. On prend à ce moment une décision : on choisit une route plus longue et probablement moins dure plutôt que l’itinéraire officiel qui passe sur des routes avec deux chevons sur la carte Michelin (on apprendra par la suite que c’était bien vu). Là encore, j’ai un peu merdé au niveau du parcours.
Arrivés à Tournus, il ne reste que 30 km sur un parcours que je connais bien. On roule tant bien que mal à 25 km/h sur du plat et j’ai l’impression qu’il faut vraiment se forcer pour y arriver. On arrive à l’hôtel avec près de 20’ de retard sur le planning. Avec les 20’ d’avance de ce matin, ça n’est pas brillant. On doit maintenant manger assez vite pour garder nos 5h de sommeil règlementaires.
Le lendemain matin, on part de nouveau avec 1/2h d’avance. Il faudra au moins ça. La nuit a été plus agitée que la veille et le réveil est difficile. J’ai encore mal au mollet. Je me masse un peu et une heure plus tard ça ca complètement disparu. Ca ne réapparaîtra pas de la journée. Le départ est encore difficile et je me fais mal pour rouler à 23 km/h. On est rattrapé par notre deuxième collègue de club. Il nous donne des nouvelles de l’abandon de celui avec qui il était, il était complètement cuit et ne pouvait plus rien manger ni boire. De son côté, il a du un peu accélérer pour rattraper son retard et a dormi à la belle étoile et dans une ferme. On le laisse rapidement car il n’a pas déjeuné. On modifie nos arrêts qui étaient trop optimistes (40 km au lieu de 60). Le corps va pas mal, j’ai juste un peu mal aux fesses, mais rien d’insurmontable. Un peu avant midi on décide de faire des courses à Pesmes plutôt que de galérer plus loin. On décide aussi de garder nos vêtements sales dans les sacoches 150 km de plus plutôt que de les envoyer par la Poste. A ce moment je me fais une raison, je ne serai pas rentré pour 17h comme espéré. Ca me « libère » quelque peu. Avant de s’arrêter à midi à Rioz, on a le droit à 3 km de route fraîchement gravillonnée. Dans le village, je trouve un traiteur ouvert et mon bonheur : une salade de choux et des rillettes. On mange à l’ombre d’escaliers tellement il y a de soleil.
La suite est aussi dure, mais cette fois je n’ai pas de coup de chaud. Il faut dire que je ne prends aucun risque. On s’arrête faire le plein d’eau puis dans un village, je vois un bar qui propose des glaces. Je demande un arrêt qui fait du bien. En repartant, on retrouve notre collègue de club qui arrive, on discute un peu mais on le laisse à nouveau. On est trop proche de l’arrivée et lui aussi a besoin de souffler et envie de glaces. Je connais plus ou moins les 50 km qui restent, les ayant déjà faits. Je roule à la mémoire des villages et non plus les yeux sur le compteur. J’ai un repère à 18 km de l’arrivée, je crois que ça va être bon, mais à 5 km de la fin, je dois m’arrêter un peu. Finalement j’arrive chez moi vers 17h45.
Bon, le bilan maintenant. J’ai envie de dire que c’est ma pire expérience de longue distance, mais j’ai l’impression de dire ça à chaque fois. C’est le sentiment à chaud. Toujours le même. Je dois passer pour un aigri. A froid, je me dis quand même qu’il y a es choses positives. J’ai quand même bien géré les conditions pas faciles (dénivelé et chaleur). Je ne veux pas me vanter, mais là je pense que l’expérience a joué. Sinon, je pense que c’est un des brevets que je fini le mieux physiquement. Le mal aux fesses n’est apparu qu’assez tard. Je n’ai pas eu trop de soucis à part aux mains (c’est nouveau, ça). Je suis content de mon vélo aussi, j’ai changé par rapport à il y a 4 ans et je ne pensais pas qu’il serait aussi bien. Pour les points négatifs, il y a le parcours. Là, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Le découpage était bancal avec la partie difficile au milieu. Certaines routes étaient trop petites. Mais bon, dans l’optique d’un Paris-Brest-Paris c’est un « bon » brevet. Notre collègue a dit qu’il avait « son charme ». Venant d’un mec qui fait de la longue distance depuis 40 ans, c’est un compliment.
Pour la suite et l’année prochaine, on verra.
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« J’ai chopé en position Coppel. »
« J’ai chopé en position Coppel. »