Lumière sur ... James Mark Hayden !
James Hayes a 27 ans, il est
vivant près de Londres et est fiancé (comme quoi on peut avoir une vie sociale/de couple et satisfaire les exigences liées à l’entraînement et à la pratique chronophages de l’ultra-endurance
). Il est actuellement étudiant.
Son site internet est très bien fait pour ceux qui souhaitent réussir à faire de l’ultra endurance à vélo, avec des conseils et ses retours d’expériences, et surtout mieux comprendre la mentalité d’un tel champion, nécessaire pour surpasser ses limites
C’est un casse-cou qui pratique depuis ses jeunes années le vélo, puis le quad et la moto. Il se blessa très souvent dans les nombeux sports qu’il faisait. Il se met au cyclisme à 21 ans et devient très vite un bon amateur, prenant une licence dans le club élite de Catford CC Banks. Il blame la pression du résultat chez ceux qui se mettent à ce sport trop jeune, et qui ne peuvent supporter la pression en tentant de passer les échelons sans réussir et que c’est perdre le plaisir de faire du vélo et donc contre-productif de se mettre la pression ainsi. Il se positionne ainsi contre la culture du résultat et du dopage dans les rangs amateurs pour tenter de vivre de ce sport
En 2013, alors âgé de 22 ans, il se fracture le bras et le pelvis ainsi que sur le côté droit du visage
Pourtant, malgré toutes ses mésaventures, il n’abandonna jamais ! Spécialiste du contre-la-montre, il se plaît à s’habituer à la douleur, à trouver du confort dans l’inconfort, que ce soit de lentes brûlures musculaires ou de supporter un rythme cardiaque trop élevé, et donc d’être à bout de souffle
En 2015, il quitte la compétition cycliste sur route pour se lancer à sa première transcontinentale, retrouvant ses sensations de ses débuts : explorant des terres inconnues, sans limite de distance, recherchant ses limites physiologiques
Sa motivation est avant tout celle d’un explorateur, qui recherche la beauté du voyage, visiter des lieux inconnus avec comme seul outil sa bicyclette.
Jeune, il a eu des expériences de tour en solitaire comme une fois où il avait demandé de l’argent à ses parents pour rentrer en train du sud de la France après avoir défoncés ses genoux
Pour lui, faire de la randonnée ou de la compétition, c’est le même effort, celui du cycliste. Le souvenir de chaque voyage vaut tous les efforts consentis ! Malheureusement, il abandonera à Podgorica au Montenegro après 3093kms de route, mais ce n'est que partie remise !
En 2016, il retente sa chance. Il utilise les données de son GPS et de son SRM de 2015 pour mieux gérer son effort (parlez moi de cyclisme romantique
) pour les spécialistes, il se place à 350-60W pour 70kilos. Il s’est entraîné dur à ce rythme pour gérer et repousser la fatigue. Il a également étudié des publications sur le sujet, rien n’est laissé au hasard ! La première journée, toujours impressionnante en terme de chiffres, il réalise en 22h 627kms
Il a brûlé 13,382 calories soit le triple de la dépense journalière d’un homme adulte
D’après les infos de son blog, c’est plus que le tour de France ou un Ironman (9000 calories/j). Il arrive ainsi à faire Grammont-Clermont-Ferrand dans cette première étape ! Sauf qu’il tombe malade et a des douleurs à la poitrine dues à l’extrême fatigue et restera 36h dans ce premier point de contrôle
Le troisième jour, il repart en pleine forme, et réalise 360kms en 12h, s’arrêtant prématurément par précaution dans le Jura, pris deux menus au McDonalds et s’arrêta dormir 9h ! Le 4ème jour, il traverse la Suisse pour aller de Pontarlier à Chur, avec en prime sur ces 220kms de route près de 7000m de dénivellée positive #tappone. Le 5ème jour, il ridiculise à nouveau Milan SanRemo en faisant 380kms en 18h45 pour traverser les Dolomites. Il part à 5h20 pour arriver à 21h, l’heure du dîner.
S’en suivent de nouvelles étapes sur le même schéma pour traverser les Balkans : 320 puis 450 puis 244kms. Il fait des nuits de 4h seulement et passe environ 18h sur le vélo. Il a donc 1h le matin et 1h le soir pour se faire ses réserves énergétiques et se préparer. Il enchaîne avec une journée à 470kms malgré avoir supportées 3 crevaisons en Grèce puis conclu avec 340kms le dernier jour pour arriver à çanakkale en Turquie
C’était la plus dure journée de sa vie à vélo, souffrant d’une tendinite à l’arrière du genou gauche. Il estime avoir perdu que 4-5kilos en 10j donc il a très bien géré son effort et termine à une belle 4ème place !
Il continue de rouler chez les amateurs puisqu’il remporte une course en début de saison 2017, il se prépare donc bien en amont, en 2ème catégorie amateur anglaise, pour se préparer à la transcontinentale (les courses font 100kms environ)
Cette année 2017 est celle de la consécration puisqu’il gagne sa première transcontinental race en terminant le parcours de 4071kms en 8j23h14’, dédiant sa victoire à Mike Hall, Eric Fishbein et Frank Simons tout les trois décédés dans des accidents de la route alors qu’ils étaient en course sur diverses courses d’endurance en 2017. Il est possible de l’écouter faire le point le soir via des enregistrements audio en anglais
http://jamesmarkhayden.uk/transcontinen ... -the-road/
Il a même eu son heure de gloire sur le guardian via un blog
https://www.theguardian.com/environment ... n-pictures
Sa position sur l’asthme : il a été diagnostiqué d’une asthme allergique au pollen après ses deux premiers jours de la transcontinental race en 2016, provoquant son arrêt de 36h et ses douleurs au niveau de la poitrine (pulmonaires donc)
Il a eu depuis d’autres attaques allergiques, non critiques mais très dérangeantes (je pense qu’il doit s’arrêter à temps quand il se sent en danger
).
Il utilise régulièrement 3 médicaments (dont le Salbutamol) et en a testé 10, sans avoir trouvé le meilleur remède pour son asthme. En bilan de 2017, il a passé 600h sur le vélo soit 25j complet sur le vélo. Il n’est pas dupe et sait que son asthme est la contre-partie de sa pratique extrême du cyclisme. Il utilise quotidiennement Fostair et Montelukast qui ne demande pas d’AUT et du Salbutamol ainsi que du Predsinone (corticosteroid) en cas d’attaque. Il n’a utilisé que les trois premiers médicaments cités pendant sa transcontinentale de 2017
Lors de cette transcontinentale 5, il se souviendra de la terrible transfagarasan en Roumanie qui est une vraie tuerie
La route n’est pas top et il faisait 51°C ce jour-là (vu sur son Garmin). Il avait lancé ce jour-là un appel à la prudence avec Bjorn Lenhard mais réussi en s’arrêtant très fréquement et en buvant énormément d’eau
Il doit sa victoire au fait d’avoir réussi, malgré son asthme contractée en 2017, à finir cette transcontinentale à bloc et donc pu aller encore plus loin dans sa gestion de l’effort, dans sa préparation. Il appris également à mieux prendre soin de son corps : dormant à l’hôtel pour prendre des douches, avoir un repas complet
Il pense qu’il est important de ne pas se fixer de plan mais de rester toujours en deçà de ses limites, qu’il connaît parfaitement avec l’expérience se laissant une marge de sécurité. Il pense aussi que son corps tolère la souffrance et que ce n’est pas un problème pour lui donc il passe au-delà, ses limites sont plus lointaines que la douleur chronique.
Sa préparation en 2017 est composée de camps d’entraînements en Italie où il se mit au seuil à 2000m d’altitude sur 40’, il a une préparation digne d’un professionnel, mettant en pratique des protocoles d’entraînement avec son entraîneur Ric Stern. D’ailleurs, cela permet aussi de faire avancer les recherches sur le sujet car les méthodes ne sont pas (encore) adaptées à l’ultra endurance
En 2017 il a donc reproduit le même schéma pour sa course, 600kms en 22h le premier jour, puis 330kms en 12h le second et ensuite enchaîner les journées à 40-500kms en 16-18h environ
#machine
Sa préparation cette année, toujours avec son entraîneur Ric Stern et sa structure RST Sport se composa d’un stage à Majorque de 7j (520kms, D+ =14000m) puis il parti dans l’Essex 2 semaines réaliser 1200kms tout plat. Le 3ème bloc d’entraînement se déroula à Livigno près du Stelvio pendant 1mois, (2100kms, 48kms de D+). Une préparation digne des pros j’imagine !
Sources :
https://www.transcontinental.cc/dot-wat ... ardsbergen
http://jamesmarkhayden.uk/