- 21 sept. 2018, 09:59
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Et l'article sur les transferts français. Alors je suis sur portable donc je ne trouve pas la balise spoil.
"La France. Ses impôts, ses charges sociales, son côté foutraque, son MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) aux règles si drastiques, son incorrigible nature ronchonne… Comme une acné persistante, les étiquettes collées au front du cyclisme français ont longtemps contrarié son charme. Et puis voilà que cet été la France semble se découvrir tous les atours de la séduction. En quelques semaines, elle a conclu avec quelques-unes des plus grandes valeurs mondiales. André Greipel (Allemand, 155 victoires pros, dont 11 étapes du Tour) a signé chez Fortuneo-Samsic, Niki Terpstra (Néerlandais, vainqueur de Paris-Roubaix et du Tour des Flandres, trois fois champion des Pays-Bas) chez Direct Énergie (deux équipes de D 2) et Stefan Küng (Suisse, un rouleur très prometteur) chez Groupama-FDJ, au nez et à la barbe d’équipes étrangères un peu jalouses.
Il ne faut pas être naïf. Pendant une longue période, la position de l’État français sur la question du dopage a été un frein efficace au recrutement extérieur. L’alignement des planètes cyclistes sur cette question a levé une barrière. Les équipes et les coureurs français ne sont plus tenus à l’écart. « La période du french bashing, du “Français de merde”, est révolue », constate Marc Madiot, le manager de Groupama-FDJ. Restait à faire tomber les réputations et les habitudes. « Pendant longtemps, on n’avait tout simplement pas accès à ces coureurs, dit encore Madiot. Les agents ne venaient pas me voir… »
« C’est la première fois qu’on est attractifs, renchérit Jean-René Bernaudeau, le manager de Direct Énergie. La France a trois coureurs dans les vingt premiers mondiaux (dans l’ordre, Alaphilippe, Bardet et Démare), on a des struc- tures fiables et nos sponsors sont solides. » Dans ces deux derniers domaines, la France est même largement numéro 1. Avec deux équipes en World Tour (AG2R La Mondiale et Groupama-FDJ) et cinq en Continentale Pro (Cofidis, Delko-Marseille, Direct Énergie, Fortuneo-Samsic et Vital-Concept) et des parraineurs solidement implantés et fiables, la France présente un profil économique très rassurant. L’Italie n’a plus d’équipe en World Tour, l’Espagne n’en possède qu’une (Movistar). Il y a peu de chances aussi qu’on mette la clé sous la porte à une période où les sponsors sont assez volatiles. Cette année, BMC met fin à l’aventure au terme de la saison et l’Irlandais Aqua Blue n’a carrément pas passé l’été.
Les équipes françaises disposent désormais d’une vraie force de frappe financière. AG2R La Mondiale a régulièrement augmenté son budget. En s’alliant avec Groupama, la FDJ a entamé une croissance programmée (elle disposera par exemple d’une équipe réserve dès la saison prochaine).
“ Chez nous, quand on est blessé ou malade, on continue à percevoir son salaire
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MARC MADIOT, MANAGER DE GROUPAMA-FDJ
Direct Énergie vise désormais le World Tour. Sans doute pas pour 2019, faute de place, mais les recrutements de Tersptra et du sprinteur italien Bonifazio ont aussi pour but de lui ouvrir les portes de nouvelles courses dans le nord de l’Europe et en Italie. Fortuneo-Samsic, enfin, dépasse son identité bretonne. « Toute l’équipe va progresser avec ce grand champion (Greipel), écrit Emmanuel Hubert, le patron de l’équipe. On va dans la bonne direction. » « Il faut s’adapter, abonde Jean-René Bernaudeau. Le mé- lange culturel est important, intéressant et impératif. » Même le modèle social français, longtemps pointé du doigt, devient un atout. « En termes de revenus globaux, l’étranger reste plus attractif, dit Marc Madiot. Le coureur touche plus d’argent en net. Mais on offre une bien meilleure sécurité de l’emploi. Chez nous, quand on est blessé ou malade, on continue à percevoir son salaire. Ce n’est pas toujours le cas ailleurs. »
Enfin, les équipes françaises ont progressé en termes d’organisation et de performance. « On est très largement dans le tempo, si je me réfère à ce que disent les coureurs étrangers qui viennent chez nous, explique encore Marc Madiot. On n’a plus rien à envier aux autres. » « Les gens se rendent compte que chez nous il n’y a pas de rotation dans le personnel, relance Jean-René Bernaudeau. C’est qu’on y est bien. Et puis on a le plus beau camion du circuit, ça fait parler… »"