Episode VI ...............Dans lequel Tuco n'en finit pas d'avaler des couleuvres..................
Quel plus bel écrin rêver que Rome l'éternelle, pour sacrer un champion !
Telle était en effet la cité choisie pour être hôte de l'ultime tournoi.
Sur les coups de midi, un conseil restreint des Anciens se réunissait sous la conduite de Coalize, dans l'antique Panthéon, les novices n'ayant pas voix au chapitre.
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Coalize (martial) : "Mes chers compagnons, les atermoiements n'ont plus leur place et il faut nous presser. La Cuirasse est perdue à jamais, Noé est toujours hors d'état de combattre, quant à Kelmeur........., on ne peut décemment se permettre de l'exhiber ainsi, exhalant cette forte odeur de soufre. La foule lui jetterait des pierres !
Et pour peu qu'il s'y trouve quelques séditieux, nous risquons l'émeute. Il nous faut trouver prestement un moyen de désigner un champion qui fasse l'unanimité.
Le saint Règlement à beau être exhaustivement rédigé, il ne traite pas hélas de la situation qui nous préoccupe.....
Le temps pour les couturières du Seigneur Tuco de confectionner un paletot rose de substitution, et il nous faudra avoir tranché ! "
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Blouss (d'une voix doucereuse) : "Ne peut-on en dépit de son apparence, sacrer malgré tout mon preux Kelmy ? De fait, il est le dernier à avoir tenu la Cuirasse en sa possession. Il nous suffirait de placer la foule à bonne distance...."
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Coalize (ferme) : "Non ! Nous nous sommes déjà suffisamment ridiculisés, lorsque nous avons du couronner autrefois l'Arquebusero, ce chevalier ibérique contaminé par sa viande avariée
. Je refuse que le Challenge soit profané de nouveau par un épisode aussi dégradant.....
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Coco (insinuant) : "Peut-être pourrions nous alors, renouveler son titre au tenant de la cavalcade de l'an dernier
, sa victoire était digne et son nom jouit plutôt d'une bonne renommée....
"
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Tuco (modeste) : "Ta proposition m'honore, mon bon Coco, mais je dois la décliner. Je ne saurais accepter qu'une victoire fondée sur mes seules prouesses chevaleresques"
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Coco (pour lui-même, levant les yeux au ciel) : "
. La sénilité est un naufrage...
"
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Ray (audacieux) : "En ce cas, si le temps presse tant que cela, nous pourrions porter notre choix sur le vainqueur du tournoi de la veille ?"
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Coalize (agacé) : "Comme à l'accoutumée, vous vous réveillez un peu tard, mon bon Ray. Et plût à Dieu que nous ayons fait attendre l'arche, lors de l'embarquement pour la Terre Sainte, sans quoi vous seriez toujours à quai avec vos bagages......"
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Booze (lyrique) :
"Par sa robe délicate, l'armure est amour,
Dans la rudesse de l'assaut, l'amour est armure,
La Cuirasse écarlate reparaît en ce jour,
Nous souffler quelques mots, de son tendre murmure :
Pour pouvoir m'enfiler, il faut se montrer preux,
au combat comme au lit, la lance bien dressée,
C'est pourquoi j'ai choisi, Boo-ze le ténébreux,
Comme champion de mes nuits, dès le premier essai"
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Akaion (fanfaron) : "S'il faut se placer sur ce terrain-là pour pouvoir être couronné, ami Booze, il me semble que je vous surpasse largement. Qui d'autre que moi, lors de ce périple, aura autant fait pour exporter en cette contrée, l'amour courtois à l'Occitane
? Sans quoi, je n'aurais pas rompu tous mes combats dès le premier tour, à chacun des tournois !......."
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Coalize (irrité) : "On ne peut raisonnablement pas descendre aussi bas dans les fonds, pour en extraire un vainqueur...."
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Coalize (à Lolo qui se tenait près de lui) : "Leurs pinaillages de bonnes femmes caqueteuses, commencent à sérieusement m'échauffer le crâne. Chacun se met en avant et prêche pour sa propre paroisse. Je ne sais ce qui me retient de tout abandonner là et de retourner en Transylvanie, où je crois que la compagnie des vampires me serait plus distrayante que leurs bavardages stériles....
"
La voix de la sagesse mit momentanément fin au supplice de Coalize :
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Lolo (grave) : "Mes compagnons, j'ai une proposition à vous soumettre sur laquelle, je le crois, il nous serait facile de nous accorder. Examinons de plus près les résultats de chaque tournoi, afin de déterminer lesquels d'entre nous se sont montrés les plus vaillants sur la durée. Ce serait là un moyen sûr de trouver un champion incontestable"
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Tuco (enthousiaste) : "Comme toujours, la raison s'exprime par ta bouche, mon bon Lolo. Inutile d'en débattre plus avant, ta proposition paraît la plus sensée qui soit et nous l'agréons tous. Mon bon Coalize, qu'en est-il des ces résultats comparés ?"
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Coalize (embarrassé) "Si j'en crois les comptes de Gambrinus, a qui j'ai confié la besogne, les deux plus vaillants ne sont autres que.....hem..........Marollais et.............Gambrinus lui-même
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Tuco (surpris) : "Cela ne se peut ! Il me semble m'être montré particulièrement gaillard en maintes occasions, et la logique voudrait que j'occupe les devants ! Il y a forcément erreur !"
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Coalize (sèchement) : "J'ai refait les comptes de Gambrinus et je peux en certifier l'exactitude...."
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Tuco (dépassé) : "C'est donc le barême qui doit être erroné, dans ce cas ?"
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Coalize (à bout) : "Il me paraît pourtant équitable, tant j'ai passé de nuits à l'établir.
....Et il serait offensant de ma part, de rappeler que du temps où vous gériez l'affaire, la moindre kermesse du bourg flamand le plus pouilleux, rapportait autant de prestige qu'une victoire en tournoi de Grande Cavalcade......
"
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Tuco (hors de lui) : "Mais ce ne sont que deux novices, que Diable ! Il serait sacrilège de les voir remporter une épreuve aussi renommée dès leur première année !"
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Coalize (fataliste) : "Il est exact que nous autres anciens, avons failli, à trop tergiverser ou à disperser nos forces en plaisirs éreintants....."
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Tuco (découvrant soudain le plus effroyable à ses yeux) : Et puis, outrage suprême, ce sont tous deux de gros cuissots !!!! Jamais de mon vivant, pareille hérésie ne s'est produite lors d'une Grande Cavalcade !
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Coalize (persifleur) : "Je comprends que votre conception mérovingienne de la chevalerie en soit toute chamboulée. Mais si l'on scrute les résultats de plus près, Seigneur Tuco, vous n'avez remporté qu'un tournoi contre l'horloge, et le plus petit qui soit encore.....Quand on connaît en quelle estime vous tenez cette sorte d'épreuve, il m'étonne fort que vous osiez prétendre à la victoire par ce biais"
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Lolo (coupant court au débat) : " Les chiffres ont parlé Messeigneurs, il faut nous incliner et surtout nous hâter. A trop bavasser, le temps s'est écoulé et le tournoi aurait déjà du débuter"
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Coalize : "C'est exact, Diable ! Albator, de par tes origines, saurais-tu nous dénicher quelque stratagème qui nous permettrait de trancher activement entre nos deux prétendants et d'ainsi écourter l'épreuve ?"
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Albator (prudent) : "Eh bien, je songe à .........hem........une sorte de....hem......kermesse.... Nous pourrions laisser nos deux compétiteurs s'affronter seuls, tandis que nous observerions la scène d'assez loin. Au point où nous en sommes rendus.....
"
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Blaireau (enjoué) : "L'idée m'est fort plaisante, cela nous laisserait ainsi le temps de parcourir les échoppes autour du Forum. J'ai grand-hâte de tâter cette selle miraculeuse dont Kelmeur a eu la primeur. On en dit le plus grand bien !"
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Tuco (éructant et se levant d'un coup) : "Une kermesse pour conclure ! Mais quelle avanie ne me fera-t-on pas subir ? C'est en trop, je ne peux en endurer davantage, cela se fera sans moi ! A tout prendre, je crois que le ban m'est préférable ! "
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Coalize (une fois Tuco sorti) : "Booze, Akaïon, approchez ! J'ai ouï dire que le quartier voisin du Trastevere, regorgeait de ces estaminets accueillant forces donzelles à la cuisse experte, dont vous êtes si friands. Rattrapez le Seigneur Tuco et prenez-le avec vous pour y faire une excursion. Son veuvage échauffe ses sens et je ne doute pas que la compagnie de quelques jeunettes devrait apaiser sa rancœur et lui faire oublier sa déconvenue"
Ainsi fût il décidé.
Et tandis que Blouss, accompagnant Blaireau, dénichait une armure gravée d'un orque, qu'il comptait offrir à son cher Kelmeur pour sa convalescence, Tuco, lui, goûtait aux charmes insoupçonnés de la cité papale, éloigné d'un spectacle qu'il aurait jugé dégradant.
Le dernier duel tourna court : Marollais, bien que toujours souffreteux, s'imposait facilement, presque sans combattre.
On célébra dignement le nouveau champion, mais on ne s'attarda point : les chevaliers étaient pressés de retrouver leurs terres pour y préparer la Cavalcade française.
Le "
Fourbe" Kelmeur sera-t-il rétabli à temps pour y étrenner sa nouvelle cuirasse ?
Rien n'est moins sûr......
FIN
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