10. Le Sucre sportif
Le Challenge à vélo !
Vendredi 19 janvier (J-2): Mon vélo et mes bagages
La grande Draft approche et je finis de faire mes valises. J'ai un sac de randonnée de 40 litres ergonomique dans lequel je place des vêtements chauds pour tenir les froides nuits qui m'attendent : chaussures en toile (plus facilement pliable), jean, veste polaire et les accessoires pour faire une draft quelle que soient les conditions (coupe vent fluo, jambières, maillots thermiques) mais je ne prend pas de second cuissard (première grosse erreur)
. L'ensemble, en comptant la couverture de survie en alu et la serviette pour la toilette prend le gros du sac. J'ai deux longues poches latérales. La première est mon "atelier" de réparation (deux pneus de 25", deux chambres à air, pompe à vélo, de quoi graisser le vélo et surtout les loupiotes avant et arrière pour rouler de nuit). En fait, je n'éclairerai pas grand chose, il m'aurait fallu des LED plutôt que mon éclairage premier prix trouvé dans un magasin de sport ... :boulet:
La deuxième poche, c'est pour la pharmacie/toilette (antibiotique et pansements en cas de chute, savon de marseille dans un gant, dentifrice, brosse à dent, crême solaire ... et c'est tout, j'ai très peu de place donc je prend le strict nécessaire).
La poche sur le dessus du sac me sert de garde-manger. Mais sa capacité se limite à une trentaine de barres de céréales. De quoi tenir environ 3 jours. Cela suffira-t-il pour la Draft ?
Enfin, j'ai deux poches sur ma ceinture où je mets le plus important : la Liste... écrite sur une fiche bristol (liste des coureurs et leurs équipes), le portable pour prendre les photos qui me serviront pour donner des nouvelles à mon entourage, et les clés de mon cadenas que j'attache à l'arrière du sac. La deuxième petite poche me permet de placer 4 barres de céréales.
Autre point important, l'eau. Je pars avec seulement deux gourdes d'une capacité totale de 1,250l. C'est trop peu. La récupération au fil des jours passe par une bonne hydratation et je dépasse facilement les 10 litres d'eau bus par jour. C'est le point critique, il me faudra remplir mes gourdes et me réhydrater fréquemment, ce qui m'obligera à m'arrêter trop souvent à mon goût.
L'ensemble du paquetage fait 8 kilos.
Je crains mon inexpérience dans cet exercice. Face à moi, j'ai des spécialistes de la Draft, des gars habitués à se faire fondre le cerveau, à qui une conversation croisée à 18 ne fait pas peur, mais au contraire aiguise leurs voraces appétits .
C'est parti pour le grand départ !
Je m'élance depuis ma Normandie natale, à 20 kms en aval de Rouen.
Vue la durée du voyage, j’ai rendu mon appart’ à Rennes, et je suis retourné chez ma mère quelques jours, le temps de finaliser ma préparation. Me voilà donc libéré de toute contrainte (enfin c’est ce qu’il me plaît à penser) et c’est avec cet état d’esprit aventurier/nomade que je m’élance pour défier les plus grands Challengers de l'histoire à travers le continent, avec mon seul vélo et mon sac à dos.
Je m'élance donc depuis le bord de Seine vers le nord-est et les pavés de Roubaix. En partant, je me rend compte que la tente est trop gênante, donc je la laisse chez ma mère. Il faudra trouver une autre solution pour dormir ce soir (mais j’avais déjà fait deux nuits à la belle étoile l’an passé, pour un autre jeu, à côté de Carcassonne et de Torreilles donc ça ne me dérange pas plus que ça).
Dès les premiers kilomètres je suis dans le vif du sujet. Je pars parmi les derniers et me fait souffler pas mal d'Astana.
Heureusement, je parviens à drafter Fuglsang puis Zakarin, en plus de Gaviria, et je réalise vite que certains ne sont ici que pour faire signer leurs chouchous, sans souci de performance...
La trouée du 10ème tour est impressionnante. Il fait beau et sec mais après 2x2 h de draft, ça reste un peu glissant. Je n'ose imaginer le carnage que c'est par temps de pluie. Je prend de la vitesse, m'applique à rouler sur les pavés les plus "propres" mais je ne vois pas où je mais la roue arrière et au bout de 500m, je crève de l'arrière !
Je m'arrête sur le bas côté, et mes pneus que j'aie légèrement sous-gonflés par précaution n'ont en fait rien du tout : la violence des secousses m'a fait croire à une crevaison, comme si la jante tapait contre les cailloux. Soulagé je repars un peu plus confiant, prend un bon rythme, et dépasse deux "nouveaux"qui flanaîent sur la piste cyclable à ma droite.
Plus je prend de la vitesse et plus je suis secoué, vais-je tenir ? La respiration est difficile à cause de la violence des secousses, pourtant je ne dois pas excéder les 5 posts par minutes... plus d'idées...les noms s'emmêlent dans ma tête, bon, allez, je prends Gidich, Mosca... tant pis, on verra bien ! ..comment font les pros pour passer ça à bloc?
Sur la fin, c'est trop dur, je tiens d'une main mon guidon pour soulager alternativement mes bras... raté ! Je n'ai pas réussi mon pari "rodéo" mais suis satisfait d'avoir tenu tête aux cadors du Challenge, et surtout, de ne n'être ni tombé ni d’avoir crevé. Je tourne sur ma droite et c'est une longue ligne droite bien bitumée qui me permet de retrouver enfin un bel abribus pour la nuit.
#hommage