Par Crabtree - 23 oct. 2017, 22:29
- 23 oct. 2017, 22:29
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Ici en Flandres, beaucoup d'encre a coulé au sujet de ce Tour des Flandres de 1977. Depuis maintenant 40 ans, la polémique continue bien qu'elle se soit apaisée maintenant qu'une "réconciliation" officielle a été organisée entre Freddy Maertens et Roger De Vlaeminck (je mets des guillemets car en réalité, les deux hommes ne se sont jamais vraiment haïs mais il y a encore eu une violente querelles par journaliste interposé (Michel Wuyts) lors d'une émission télévisée "De Flandriens" en 2010 (les deux étant interviewés séparément et non sur un plateau). Il faut tout de même rappelé que le changement de vélo de Freddy Maertens était effectivement interdit et pour de bonnes raisons. Il change au pied du Koppenberg: Ce faisant, poussé par son ami Marc Reybrouck, un poissonnier de sa région et ancien coureur, il monte la côte en roue libre et largue plusieurs coureurs. C'est Walter Godefroot (alors en froid avec Maertens depuis son départ de Flandria, une autre histoire qui mérite aussi d'être évoquée ici) qui finit par éjecter le poissonnier peu avant le sommet comprenant le plan de Maertens. De Vlaeminck avait alors attaqué, maîtrisant parfaitement cette côte. Maertens en en ayant, du coup, sous la pédale, finit par le rejoindre alors en poursuite derrière Merckx. Mais dans une descente après le Taaienberg, De Vlaeminck crève et perd plus d'une minute et demi. Il se fait dès lors dépasser par un groupe de poursuite avec Godefroot notamment. Néanmoins, il finit par rejoindre, puis sortir seul de ce groupe pour partir seul à la poursuite de Maertens qui avait rejoint Merckx et les rejoint à son tour mais dans un effort qui fut probablement trop brusque. Néanmoins, dans un premier temps, il prend sa part de relais. Ensuite, arrive Lomme Driessens de Flandria auprès de Maertens pour lui annoncer qu'il serait déclassé. Pourtant, il reste en course alors qu'en principe, il aurait du en être exclu. Maertens demande alors à Driessens s'il doit continuer ou pas. Driessens répond "oui, oui, continue Freddy. C'est bon pour le sponsor et arrange toi avec De Vlaeminck." De Vlaeminck ne comprend rien vu que le changement de vélo s'est passé derrière lui et croit à une ruse de Driessens (dont il était coutumier, lui aussi. Il pourrait lui aussi être cité ici, plus d'une fois). C'est alors que Maertens se met à emmener De Vlaeminck comme un forcené. Il reste effectivement 60 kilomètres mais De Vlaeminck a prétendu n'avoir vraiment compris qu'à 15 kilomètres que Maertens serait déclassé. Ce que l'histoire n'a pas retenu, c'est qu'en réalité, vers 5 kilomètres du but, le commissaire UCI, Jos Fabri, est revenu auprès de Freddy Maertens et, contre toute logique, l'a finalement remis en course et l'a laissé sprinter, alors que le coup du Koppenberg était bien une tricherie caractérisée. Il faut donc retenir que Maertens a bien été classé deuxième après la course. Il ne sera déclassé que plus tard pour dopage (pémoline). Bien sûr, Maertens n'avait plus la force de disputer le sprint et De Vlaeminck passe la ligne en se faisant huer et se fait copieusement insulter sur le podium par le fameux Marc Reybrouck, devant les cameras de la télévision, le fameux poissonier qui avait poussé Maertens sur le Koppenberg. Fred De Bruyne aux commentaires pour la BRT prédit qu'on discutera encore longtemps de ce Tour des Flandres. Dix ans plus tard, Maertens révèle, je pense dans son autobiographie ("Ce que j'ai vécu") que De Vlaeminck lui avait promis 300 000 francs belges de l'époque (c'est deux fois le salaire mensuel de Maertens de l'époque qui était déjà énorme par rapport à ses contemporains) et que la moitié devait lui revenir personnellement et l'autre moitié devait être partagé entre ses deux fidèles équipiers: Michel Pollentier et Marc Demeyer. De Vlaeminck aurait payé la part qui revenait à Pollentier et Demeyer et lui devrait toujours 150 000 francs. En 2010, pour l'émission "De Flandriens", il rappelle les détails de cette entrevue à Nieuport chez l'ex épouse de Pollentier où il aurait réglé cette première part. Michel Wuyts rapporte la version de Maertens à De Vlaeminck. Ce dernier, furieux, dément une fois de plus et insulte Maertens. Il reconnait cependant être allé à Nieuport chez Pollentier mais prétend n'avoir rien pris avec lui. Il avouera pourtant une autre combine. En retour de l'aide apportée sur ce Tour des Flandres, il acceptait de ne pas rouler derrière lui en cas d'attaque de sa part sur Paris-Roubaix. Néanmoins, constatera Wuyts, il est facile de contourner pareil contrat puisque De Vlaeminck avoue qu'il a demandé à Godefroot de contrer Maertens en cas d'attaque de celui-ci. Wuyts rapporte les faits à Godefroot qui ne s'en souvenait pas mais admet que la chose était possible. Quoi qu'il en soit, les programmeurs de l'émission ont bien retrouvé des images d'archive d'une attaque de Maertens contrée par Godefroot sur ce Paris-Roubaix. Ensuite, De Vlaeminck attaque et personne ne peut répondre. Le journaliste néerlandais, Herman Chevrolet, semble avoir été, lui-même, dans le secret de cette autre version. Il ajoute même que De Vlaeminck devait se mettre également au service de Maertens sur Liège-Bastogne-Liège mais après avoir contré une attaque de Dietrich Thurau, il ne bronche pas lorsque Bernard Hinault, s'envole avec André Dierickx et donc, au final, Maertens s'est quand-même fait léser (entre-temps, il avait tout de même remporté la Flèche wallonne mais là aussi déclassé pour dopage). Au final, on ne saura jamais le fin mot de l'histoire mais c'était un bien triste Tour des Flandres et loin d'être la victoire la plus reluisante de Roger De Vlaeminck.