J'ai mis au point une méthode très complexe pour connaître la valeur sportive d'une course. Elle demande énormément de travail, mais elle est fiable et c'est une excellente base de travail pour les courses historiques. J'explique en gros.
Elle consiste à admettre une convention au départ, pour les 5 premières années (car le système ne marche bien que si on juge une course sur les résultats des 5 années précédentes) : choisir "arbitrairement" 20 courses de référence pour les cinq premières années, ensuite ça roule tout seul. Mais il faut bien commencer quelque part.
Pour 1946, je prends les courses de mon calendrier (assez peu discutable, et d'ailleurs je pourrais enlever les plus faibles), et j'applique un barème strictement égal pour toutes les courses, aux 20ers :
100, 75, 60, 50, 45, 40, 35, 30, 25, 20, 15, 13, 11, 9, 7, 5, 4, 3, 2, 1. Étapes : 10% du vainqueur, dont 10 pts.
J'obtiens donc une hiérarchie de coureurs :
Elle va me servir pour hiérarchiser les courses de l'année suivante. Je ne conserve pas les points bruts, tout d'abord. Je réduis le score du premier à la valeur 100 (donc Coppi 480 = 100). Et ainsi de suite, les suivants hiérarchisés par rapport à la valeur réduite du premier. Donc Bartali avec 403 pts obtient 403*100/480 = 83,96. On fait tout le classement 46 ainsi. Quand j'ai commencé cette méthode, je considérais les points bruts, mais Merckx cannibalisait tout et les trois-quarts des courses des années 66/75 devenaient des courses de la plus haute catégorie, parce qu'il suffisait que Merckx fasse un top-10 dans les courses pour propulser la course au sommet, même après 5 ans ! Ce c... (*) m'a foutu tout par terre.
(*) cannibale
Pour l'année 47 qui m'intéresse, voici la méthode. L'idéal est de faire tout le calendrier (et c'est là qu'il y a du travail !). Les points pris par les coureurs en 46 vont me donner la valeur d'une course donnée en 47. Je m'en tiens aux dix premières places. Le premier prend 100% de ses points, le second 75, le troisième 60, et ainsi de suite jusqu'au 10ème qui rapporte à la course 20% de ses points réduits de l'année précédente. Prenons un exemple concret avec Paris-Roubaix 47.
1. Georges Claes (100% de ses points 46, donc 27,08 pts)
2. Adolf Verschueren (75% de 3,13, donc 2,35 pts)
3. Louis Thiétard (60% de 18,75, donc 11,25 pts)
4. Raymond Impanis (50% de 0, donc 0 pts)
5. Albéric Schotte (45% de 65,63, donc 29,53 pts)
6. Olimpio Bizzi (40% de 2,08, donc 0,83 pts)
7. Edouard Fachleitner (35% de 12,5, donc 4,38 pts)
8. Maurice De Muer (30% de 38,13, donc 11,44 pts)
9. Lucien Teisseire (25% de 33,71, donc 8,43 pts)
10. Lucien Vlaemynck (20% de 26,25, donc 5,25 pts)
Avec cette méthode, plus un cador de l'année précédente est classé haut, plus il donne de points à la course.
On fait l'addition des points de la course : 100,54 pts. voilà ce que vaut le Tour des Flandres en 47. On peut comparer avec les courses au calendrier cette année-là. On obtient une hiérarchie annuelle précise, et des rapports de force entre les courses. Évidemment, une seule année pour juger une course, ce n'est pas assez, car il peut y avoir une année blanche ou faible (échappée bidon de 8 coureurs). D'où l'idée des 5 années (pour ma part, je considère qu'il faut au moins 3 courses sur les 5 années précédentes pour être pris en considération, ce qui revient à dire qu'une course qui existe depuis moins de trois ans ne peut pas être prise en considération : elle doit faire ses preuves). Si j'ai tous mes résultats sur 5 ans de toutes les courses du calendrier (je m'en tiens aux niveaux 1.1 et 2.1 et supérieurs pour les courses actuelles), je peux faire la moyenne pour chaque épreuve. Ainsi, si je fais ça (avec mes 20 courses de référence choisies "arbitrairement" ces années-là) pour 46, 47, 48, 49 et 50, j'obtiendrai pour 1951 une hiérarchie sportive stricte, et ainsi le problème de Runnz est réglé quant à connaître, pour aujourd'hui, les courses à considérer pour ses classements historiques, qu'il veuille s'en tenir à 20, 25 ou 30. Et si je continue, pour 52 l'année 46 tombera et 51 sera prise en considération.
Maintenant, nous n'avons que des chiffres et nous avons besoin de catégories pour appliquer un barème. C'est ici qu'apparaît la notion de course parfaite. La course parfaite serait une épreuve de 1947 qui verrait arriver dans cet ordre les 10 meilleurs coureurs de l'année précédente, ce qui n'arrive jamais. La course parfaite en 47 résulterait donc de l'addition :
100,00*1
83,96*0,75
65,63*0,6
52,08*0,5
47,92*0,45
43,96*0,4
38,13*0,35
37,46*0,3
36,46*0,25
33,71*0,2
Soit : 307,97 pts. C'est à partir de cette valeur que je positionne les courses de l'année pour déterminer les catégories. Pour mon exemple, le Tour des Flandres vaut 100,54 pts par rapport à la perfection qui est 307,97 pts. Je ne vous dis pas comment je fais pratiquement pour créer mes catégories (c'est mon petit secret breveté !), mais ensuite on peut faire pour les temps passés un classement UCI fiable, soit en prenant toutes les courses du calendrier ou seulement 50 ou 40 ou 30 ou 20, mais toujours les meilleures d'après la réalité et non reconstruit d'après les courses actuelles. Donc une fois que je sais ce que vaut le Tour des Flandres une année donnée (moyenne des 5 années précédentes), je sais ce qu'il vaut dans sa catégorie (courses d'un jour par rapport aux autres courses : Halle-Ingooigem, Plouay, Trois Vallées Varésines, etc.). C'est objectivement un travail fascinant à faire, et passionnant... mais loooooong !